J’aimerais qu’on se parle, toi et moi. Et toi aussi, l’autre partie du NOUS. D’habitude, c’est pas mal juste ta blonde qui me lit, je suis sûre, mais là, peut-être que l’effort en vaudrait la chandelle. Donc, on va se parler à trois. En fait, c’est juste moi qui va vous parler. Je vais vous dire une vérité.
Sauvez votre NOUS.
Peut-être que vous vous regardez avec un air plein de questions. Rapport, elle, avec son NOUS. Y va ben, notre NOUS. Regarde, on a un logement. On a des projets, des photos, nos brosses à dents font dodo en cuiller dans le même verre. Man, ça va tellement ben, on a même fait un mini-NOUS. Tsé, preuve ultime que ça va bien, là!
Eh que je miserais pas mon 10$ sur ça, moi.
Le mini-NOUS, c’est ton test ultime.
De ce que je vois, moi, dans ma job, c’est beaucoup de couples qui se font dire que la venue du bébé, c’est un test de couple. On leur donne 3-4 conseils par-ci, par-là, on les regarde et on leur dit qu’eux autres, ils ont l’air faits forts, qu’ils s’aiment, et que ça va être juste une mauvaise passe. P’tite. Genre, ton couple va aller mieux avant que ton kid fasse ses nuits.
Mais quel mensonge. On vous ment, couple. On vous ment solide.
Avoir un enfant, c’est un obus nucléaire, une bombe chimique, un missile à tête chercheuse… Ça s’évertue indirectement à trouver les fondations de ton NOUS pis à les shaker tellement fort que les murs craquent, les moulures sacrent le camp, les cadres tombent des murs… et la plus grosse job, c’est de trouver la faille et avoir une fibre de rénovateur. Pour avoir le guts de faire plus que de patcher les trous.
C’est insidieux, un mini-NOUS. C’est plus qu’un bébé, c’est un projet, c’est un test de patience, de survie.
Peut-être que vous vous êtes dit, devant témoins, que vous vous aimeriez pour le meilleur et pour le pire. Peut-être que c’est pas votre genre, mais à quelque part, la plupart du temps, c’est sous-entendu dans votre « on mixe nos gènes ensemble ». Mais je vais vous dire, par expérience… le pire, quand on est dedans, on ne le sait pas pantoute.
On le sait juste après, quand ça va mieux… ou quand on arrive au boutte de toutes les épreuves qu’on a été capable de passer. Et que là on ne sait même plus si on a envie que ça aille mieux. On veut juste que ça arrête, comme un manège infernal, une nausée infinie. Arrête de tourner, couple, je veux débarquer.
Je le sais, je me suis rendue là.
J’ai beau avoir eu l’information à plusieurs reprises. J’ai beau l’enseigner, j’ai beau trouver des façons créatives pour les couples que j’accompagne de soigner, câliner, cajoler notre NOUS… Un moment donné, c’est moi pis lui qui nous sommes ramassés dans le blender, à la puissance maximum.
T’as beau te penser insubmersible. Le Titanic patché de tous les couples du monde. L’histoire d’amour à la Disney. Mais non. Derrière la bette mignonne de ton bébé, il y a peut-être, souvent, presque tout le temps, un tsunami.
Ça fait que j’ai envie de vous dire, couple, les petits secrets que vous ne connaissez pas de l’autre. Pas tous, là, on ne se connait pas. Mais peut-être que ça va vous inspirer, je sais pas, à vous dire d’autres choses. À avoir une discussion que vous n’auriez pas eu. Si je peux vous aider à continuer à voguer sur les mêmes eaux.
Je te parle à toi, gars. Ou partenaire.
Elle est forte, ta femme, hen. Elle a porté un bébé avec son corps, l’a accouché avec son corps. Peut-être même qu’elle le nourrit avec son corps. Assez fou, comme concept. Son corps, c’est une machine.
Sauf qu’elle, elle ne se reconnaît plus dedans. Son suit de femme est rendu trop grand pour son goût à elle. Elle a des formes qu’elle n’aime pas, elle passe devant le miroir en grimaçant. Elle passe son temps à s’auto-critiquer, dans sa tête, des fois à voix haute. Elle se dit des choses que tu n’accepterais pas qu’un inconnu dise d’elle. Faut que tu taises cette voix-là. Dis-lui qu’elle est belle. Souvent. Dis-lui qu’elle est bonne comme maman, que tu es fier de l’avoir choisi, elle, pour élever tes enfants. Elle ne se le dit pas souvent, qu’elle fait de la bonne job. Elle se voit comme une sous-mousse de sécheuse. Dis-lui que c’est ta reine.
Je le sais, elle est compliquée en maudit. Elle passe d’une émotion à l’autre. Mais, man, rappelle-toi de ton adolescence. De ton malaise d’avoir un corps tout croche, avec une voix de crapaud et des poils weirds. De pas trop savoir à quoi tu sers, dans la vie. Same thing, moins la puberté masculine.
Et toi, mom…
Depuis que vous avez commencé un projet-bébé, lui, des fois, il a de la misère à te suivre. Les hormones, ton vécu de grossesse, ta perception de toi… Il patine, bé, à essayer de te comprendre dans tout ça. Il fait de son mieux, mais c’est tellement nouveau pour lui, il n’a probablement pas passé de soirées à discuter de ça avec ses chums et un p’tit café. Ça ne vient pas le chambouler comme toi. Il priorise des affaires que tu trouves superflues, il oublie des trucs importants. Des fois, t’aurais envie de le réveiller avec un high-five dans la face avec une poêle de fonte.
Explique-lui ce que tu ressens. Fais des demandes claires, n’attends pas qu’il devine. Ils ne devinent jamais. C’est une attente un peu irréaliste, que quelqu’un te lise la tête. Remercie-le de ce qu’il fait, dis-lui comment ça te fait du bien qu’il soit là, et qu’il t’aide.
Pis couple…
Rappelez-vous des premiers jours. De votre lune de miel de nouveau-NOUS, de vos rêves, de ce qui vous allume, vous, comme couple. Les raisons qui font que vous êtes ensemble. Faites-en votre devoir de soigner ces raisons comme une plante un peu fragile que vous devez maintenir en vie. Parce qu’en gros, c’est ça. N’allez pas risquer de fracturer des montants solides dans votre couple. On ne s’en relève pas tout le temps.
J’espère que je me trompe. Que je vous ai fait peur pour rien, que, bébé-fafa, vous fondez famille les deux doigts dans le nez, en chantant des tounes de Mary Poppins. Que ça n’arrive qu’aux autres… mais je n’y croyais pas, non plus. Avant le mur. Pis l’autre mur, pis l’autre… Ça fait que, mon amour, on va se dater, bientôt. On va aller parler de nos projets, de notre NOUS. On va aller se trouver un manège un peu moins hardcore.
Bonne journée 🙂
Marie-Ève
Marjolaine Bleau-Roy dit
On m’avait avertie que j’y verserais des larmes ………… J’ai craquer au paragraphe de l’homme !!!!!!! Curiosité, sensibilité, monter de larmes , parsemé de rire à la fin, c’est où j’ai voyager en lisant cette article ;)))))!!!!!! Un gros gros gros bravo !!!!!!
Melissa dit
wow marie wow