Tout commence lorsque je me surprends à entendre le prof et sentir qu’elle m’agresse totalement. Je la hais, je lui en veux à mort… elle m’ÉNERVE …la FERME!
Elle nous suggère une posture que, tout à coup, je ne contrôle plus. Malgré ses nombreux encouragements à suivre notre rythme et à respecter nos limites, je ne peux pas tenir cette sacrée PLANCHE. J’ai le goût de lâcher, mais j’imagine que tout le monde me regarde. J’attend qu’elle nous dise de relâcher et je sors hors de moi, car elle ne le dis pas! «Devenez de plus en plus léger à travers les sensations, observez l’effort sans effort… », qu’elle nous dit ! EILLE! Vas tu la fermer et nous dire de lâcher à la fin!
Et tout à coup, je ressemble à une planche en mille miettes, plus rien ne tient et… je m’effondre sur le tapis que l’on m’a preté pour la séance.
Oh my god! Lève-TOI, lève-toi , tu es une athlète, tu fais plein de sports de performance et tu es en full shape….VAS TU TE LEVER ENFIN!
Aucune force pour me relever et je reste à pleine face sur le sol, dans la sueur du participant qui m’a précédé sur ce tapis de location… beurkkkk.
Je me sens comme une marionnette sans ficelles, je suis faible et j’ai l’air faible. En plus, ce tapis, IL EMPESTE.
Je regarde les autres autour de moi qui semblent dans leur bulle et tellement à l’aise avec cette foutue planche. C’est quoi leur trip de rester là.
Ben oui, vous pensez que je suis une moins que rien et que je ne suis pas en shape. On sait bien : ils doivent faire cela à longueur de journée. MOI, je travaille, j’ai des enfants, j’ai tout un horaire; eux, ils ne doivent rien foutre de leur vie et méditer à longueur de journée. En plus, j’aimerais bien les voir courir à côté de moi, je suis certaine qu’ils auraient de la misère à suivre… pffff!
Elle (la professeur) encourage la posture de l’enfant comme étant LA posture de récupération ayant comme effet de calmer le système nerveux. Allons-y, peut-être me reste-t-il encore un peu de force pour m’y rendre.
OK, j’y suis, mais je dois terminer cette classe. J’attends juste le signal pour la pose du SAVASANA (cadavre). Quelle heure est-il? J’ai envie de sortir incognito, mais je suis loin de la porte, tout le monde va me voir, et de plus, il est fortement suggéré d’attendre la fin de la séance.
Terminer cette classe? Qu’est-ce que ça veut dire? Me mettre à bout et m’obliger à suivre le rythme pour faire ces postures tordues qu’elle nous suggère alors que je n’ai plus aucune force? Et puis, à quoi servent-elles ces foutues postures? Et qu’est-ce qu’ils ont tous à faire du bruit en chœur lorsqu’ils font ces foutues postures ?
INSPIREZ – EXPIREZ qu’elle dit. Encore. En ce moment, je me sens comme un taureau qui halète et j’en veux à tout le monde dans la salle.
Enfin! Arrive le SAVASANA (posture du cadavre) : l’instant tant attendu. Plus besoin de me forcer pour entrer dedans puisque c’est ainsi que je me sens. Oh my god! Aussitôt entré dedans, je me surprends à ronfler. NON! Réveille-toi! Tu ne vois pas que tu déranges? Les yeux grands ouverts en regardant le plafond, je n’ai jamais eu aussi hâte de terminer une activité.
En sortant de la salle, je me sens complètement IRRITÉE, AGRESSIVE, IMPATIENTE, SAUVAGE. J’en veux à tout le monde. Ce n’est pas l’effet que mes entrainements me font en temps normal.
Que s’est-il passé?
Parce que je suis ouverte d’esprit et que j’ai voulu en savoir plus sur ce qui était arrivé, j’ai posé des questions.
Voilà que la professeur m’explique que le YOGA n’est pas qu’un entraînement physique : c’est beaucoup plus que cela.
Chaque posture joue un rôle sur les aspects physique, physiologique et mental. Il me semblait avoir déjà entendu cela, mais je n’y croyais pas vraiment.
Comme dans tous mes entrainements, j’ai voulu PERFORMER, être la MEILLEURE. Et le tapis m’a vite frappée en plein visage (c’est le cas de le dire).
Après avoir discuté avec elle, j’ai compris qu’en résumé :
- Je suis effectivement arrivé avec l’idée que j’allais m’entraîner. Et comme tout le monde m’en parlait et disait que c’était tout une discipline, qu’il fallait de la pratique, je me suis dit «pffff! je vais leur montrer». Mon intention n’était pas saine et mes attentes ont été vaines, résultat d’une spin infernale du mental qui s’est manifestée en cours de séance et qui a créé une multitudes de résistances à travers mon corps, m’empêchant ainsi de ressentir les effets bénéfiques des postures.
- Je ne voyais pas l’importance de respirer. En fait, je croyais que respirer en yoga, c’était une histoire d’ésotérisme, de secte. Comme on a une partie du cerveau qui s’occupe de nous faire respirer sans que l’on soit obligé d’y penser, pourquoi me donnerais-je cette tâche de plus. On a déjà assez à faire comme ça. Sans entrer dans les détails elle m’a expliqué les effets de la respiration (inspire et expire) dans les postures – explication qu’elle donnait pourtant pendant le cours, mais j’étais trop occupé à vouloir effectuer la posture «parfaite». Une mauvaise respiration freine ou bloque les différents réseaux de transports de circulation, principale responsable d’offrir l’énergie vitale à tous les systèmes du corps, ce qui a comme effet un déséquilibre des système nerveux, circulatoire, cardio, musculaire et mental.
- Pour ma part, j’ai toujours été une performante et j’aime pousser mon système à ses limites. Lors de ma séance, j’ai voulu rester la femme performante que je suis : près tout ce n’est que du yoga! Et mon EGO m’a forcée à franchir les limites, ce qui a eu comme effet d’irriter mon système nerveux et de faire un effet boule de neige sur tous les autres systèmes puisqu’ils fonctionnent en synergie. Plutôt que d’écouter et de respecter les différents signaux de mon corps, j’ai préféré tout donneer pour bien paraître.
- LA CONNEXION : Votre TAPIS, votre ESPACE, votre PRATIQUE, peu importe ce qui se passe autour de vous, restez connectez à ce qui se passe en VOUS, sur le rythme de votre respiration, de l’énergie qui circule en vous ou du moins, celle que vous voulez intégrer à travers chaque souffle. Restez connecté au moment présent, ici et maintenant, le reste peut attendre. Et surtout, évitez de vous préoccuper de ce qui se passe sur les autres tapis. Les pratiques, la morphologie et l’historique de chaque personne sont uniques. Observez, acceptez et appréciez votre histoire et laissez-la couler à travers votre pratique. Inspirez le bon, ce que vous voulez garder avec vous, et expirez le mauvais, balayez toutes les résistances qui fluctuent à travers le corps mental et physique.
- PATIENCE ET PRATIQUE. La pratique du yoga est tellement vaste et offre tellement de possibilités qu’il faut des années et des années de pratique. Une des rares discipline où l’on a jamais terminé d’apprendre et de découvrir sur les postures et sur nous-même.
Ce sont là des points de bases à respecter pour profiter des bienfaits d’une pratique. J’avoue que lors de ma première visite, je ne les ai pas suivis du tout.
Je me suis donc donnée une autre chance. J’y suis retourné en appliquant ces principes, et j’ai assez rapidement senti les bienfaits réels du YOGA. Avec de bons professeurs qui nous indiquent les bienfaits des postures à chaque pratique, on comprend mieux que certaines postures ne soient pas nécessairement bénéfiques selon notre état du moment. Mais avant tout, lorsque l’on met la performance de côté et que l’on ose être à l’écoute de ce qui est présent en nous, à l’écoute de notre corps et de notre esprit (la définition du yoga), avec de la patience et de la persévérance, même les postures qui nous paraissaient inaccessibles peuvent devenir agréables et confortables. C’est à travers ce cheminement que l’on devient de plus en plus léger dans nos pratiques, tant au niveau mental que physique, mais aussi prêt à voyager de plus en plus léger à travers le mouvement inévitable de la vie.
J’ai tellement adoré les différentes expériences qui ont suivi, qu’aujourd’hui, je suis moi-même professeure de YOGA. Le YOGA a su m’apporter énormément d’outils utiles dans tous les aspects de ma vie (personnel, familial, professionnel, sportif). Pas que je ne sois plus performante dans d’autres domaines (j’aime encore les sensations fortes), mais j’apprends à intégrer un certain lâcher-prise dans les moments de la vie où la mer est plus agitée.
J’apprends à bouger plus librement, plus légèrement, l’énergie est plus saine, et par le fait même, tous les autres aspects de la vie entrent en synergie avec fluidité. Aujourd’hui, à travers mon enseignement, je ne cesse moi-même d’apprendre encore et encore, et c’est pourquoi je me donne comme MISSION de transmettre cette passion à qui veut vivre pleinement chaque aspect de sa vie en pleine CONSCIENCE et accueillir chaque moment, qu’il soit bon ou mauvais, avec force, courage, calme et fluidité.
NAMASTÉ !
(Ce qui, en passant, n’est pas une adhésion à une secte, mais plutôt une forme de salutation du genre au revoir ou bonjour couramment utilisée sur le continent indien. Dans une forme plus spirituelle, l’expression peut être traduite par : Je salue le divin qui est en vous).
Linda Harrisson
Éternelle exploratrice à travers le mouvement de la vie
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Pour plus d’informations sur le YOGA rendez-vous sur ÔmYoga
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