J’avais plein d’idées de sujets pour mon premier vrai article, et en une semaine, j’ai vécu quelque chose de si beau et magique que j’ai décidé de vous entretenir de ça, à la place.
La doula en moi…
Depuis quelques semaines, la doula en moi s’est retrouvée au chevet de deux personnes dont je suis très proches pour leur premier accouchement. En une semaine, deux shifts de plus de 20 heures. Ça vous en dit long sur mes capacités cérébrales du moment… je fonctionne à deux neurones adolescentes blasées… En gros, mes réponses sont plutôt monosyllabiques, dites sur un ton pratiquement bovin et j’arbore le cerne bleuté comme la nouvelle tendance automne 2014.
Le premier accouchement …
Bien que le premier accouchement ait été une beauté d’amour, de magie, de force incroyable de la part des deux parents… ce n’est pas de lui dont je veux parler. Il s’est passé là des choses qui n’ont pas de mots pour se décrire avec authenticité, et je tiens à préserver ces moments comme une confiture bien cannée, celle dont les saveurs ne s’imitent plus, dont tu gardes les lichettes pour les jours où ça ne va pas trop. Une marmelade de bonheur, pour paraphraser mon âme soeur littéraire.
Le second accouchement …
Le second accouchement, c’était celui de mon amie d’enfance. Ma vieille chum du primaire-secondaire, avec qui j’ai fait le party jusqu’en Colombie. On a fait la rumba en chiva. D’emblée, je tiens à préciser que l’accouchement se termine en césarienne après beaucoup de travail. Là aussi, toute une rumba. Donc, la beauté de la chose, c’est pas la finale rose nananed’accouchement naturel avec maman qui orgasme. C’était une belle finale pareil. C’est juste pas ça le beau.
Bref, on était là, elle, son chum, moi. Elle gère la douleur comme une maman zen textbook, vocalisations sur mesure… un accouchement que je croyais clef-en-mains. Le temps passe, le temps passe. Son col refuse de collaborer malgré toute la bonne volonté de mon amie. Elle et son chum dansent, se parlent dans sa langue maternelle à lui, des roucoulements espagnols pleins d’espoir et d’attente. Malgré ça, la chola, elle reste au chaud.
De mon coin où je les observe, je reçois quelques textos. La mère et le père de mon amie prennent des nouvelles d’elle. Ils la connaissent, ils savent qu’elle est concentrée… alors je les tiens informés du déroulement. J’ai beaucoup de plaisir à leur répondre, à lire leur soulagement, leur amour. Je me sens comme cupidon à distribuer des mots d’amour à mon amie qui a les yeux plein d’eau et la voix qui flanche. L’ère moderne distribue son amour via des petits bidules électroniques et moi j’en étais le messager…
Le plus beau moment …
Le plus beau moment a été lorsque j’ai dit à son père qu’elle s’enlignait pour une césarienne. Je l’ai invité à trouver un mot d’encouragement pour elle, lorsqu’elle se ferait amener en salle d’op. Je ne m’attendais pas du tout à la réponse qu’il m’a écrite… et malheureusement, par souci de garder ce bijou de petit message dans son écrin, par crainte qu’il perde de sa magie unique, je ne vais pas vous le partager. Mais c’était un mot doux, tendre et naïf, un mot qui sent la gomme balloune et le popcorn. Le mot qu’il lui répète depuis qu’elle est minuscule (parce qu’encore petite de taille, ma chum), quand la garde partagée l’éloignait de lui et que leurs coeurs devenaient gros comme des baleines. Un mot qui sonne comme un xylophone, un sifflet à coulisse, comme un carnaval d’amour pour elle, sa fille unique. Un mot qu’elle a mimé en silence quand je lui ai lu. Tellement il lui a été répété au fil des années. Un mot qui me tire des larmes comme je vous écris. Un mot beau comme un amour de papa.
L’amour a transité par moi, oui, par des volées de textos. Les textos décriés par la modernité pour leur déshumanisation de la relation humaine. Et pourtant, j’ai trouvé qu’ils ont réinventé l’amour. Le lien parental a pris une nouvelle dimension dans un moment où les parents n’étaient pas au chevet de leur enfant. Et moi, j’ai gardé dans mon coeur toute la splendeur de ce petit mot de rien, et je me suis promis d’en inventer un pour chacun de mes poussins, pour ces moments où rien ne vaut un boncomfort word.
Bonne journée,
Marie-Ève
Laisser un commentaire