Début 2010, après quelques mois passés en Australie, j’allais enfin connaître le centre. Le centre rouge. Passer du bleu au rouge (puis au vert, mais ce sera dans un prochain billet). L’immensité des terres intérieures australiennes me tendait la main après plusieurs mois de flirt intensif. Je nous imaginais déjà sur cette droite et longue route qui n’en finit plus de finir, l’horizon baigné dans une sorte de brouillard rougeâtre et sablonneux, sous une chaleur accaparante. C’est comme ça dans les films quand ils se décident à délaisser la côte et partent à l’aventure dans le bush. L’idée n’était pas si loin de la réalité, mais la diversité m’a frappé de plein fouet.
Nous avons donc loué un véhicule récréatif et sommes partis de Melbourne en visant l’ouest, vers Adélaïde, d’où nous allions poursuivre vers le nord jusqu’à… jusqu’à ce que la mer nous sépare, à Darwin. 2 semaines. 2000 kilomètres. Et à peu près 1000 merveilles à voir. Mais de ce chiffre, la grande majorité, inconnue au départ, allait se laisser découvrir au fil des jours. 2 semaines, c’est si peu, mais c’est le temps qui nous était alloué. Limites budgétaire et temporelle obligent.
Notre maison du moment
Maëva avait alors 19 mois. Nora, elle, était bien installée au centre de commande, d’où elle m’avait programmé deux belles semaines de nausées sur des routes souvent trop cahoteuses. Pas grave. Les nausées de premier trimestre, ça s’endure toujours un peu mieux à l’autre bout du monde.
Le ventre de l’Australie
Il y a quelque chose de puissant dans le ventre de l’Australie. Et je ne parle pas de la grosse roche rouge. Tout l’intérieur semble empreint d’une énergie énigmatique. Il révèle ses secrets, un à un, à celui voulant bien les découvrir. Et plus : l’immensité en fait un lieu encore largement inconnu, intouché.
Il y avait quelque chose de puissant dans mon ventre aussi. Voyager enceinte, je sais pas, ça a un petit quelque chose de grand.
À l’ouest, d’abord
La traversée de ce grand pays s’est donc amorcée par un départ vers l’ouest. De Melbourne, nous visions en premier lieu l’Australie méridionale. Les vieilles villes marquées par la ruée vers l’or… Ballarat, Ararat… puis, les collines verdoyantes des Adélaïdes Hills… Un arrêt gourmand à Hahndorf, petite ville d’origine germanique (oui, oui!), m’a permis, le temps d’une journée, de célébrer mon amour pour la langue allemande, la bonne bouffe, et de rêvasser aux couleurs automnales quasi québécoises, qui me font tant aimer cette saison. Pourtant, c’est encore l’été, ici! Mais au fait, on s’en allait pas dans le désert, nous autres?
Hahndorf, Australie méridionale
Mais oui! Le désert… le centre, le rouge… Quelques jours sur les routes, Adélaïde passée, puis Port Agusta, nous entrions dans ce que je croyais être un immense vide de rien, de terre, de sable, de rouge, de chaud. Bientôt, nous allions pouvoir dire « sur LA route », puisqu’il n’y en a qu’une.
South Australia
Puis, au nord
Alors que les premières images semblaient se plier à mon fantasme, c’est un paysage changeant toutes les heures qui se laissait découvrir.
Sur des centaines de kilomètres
Du sable à la terre rouge, les couleurs se modifiaient au fur et à mesure que nous progressions vers le nord.
Du décor rouge, nous passions aux tons ocre : une terre parsemée de courageux arbustes… au loin, un lac de sel.
Pause collation. Seuls au monde
Nous cheminions sur la route qui devait nous mener à notre premier « vrai » point de chute. Nous nous étions arrêtés à plusieurs endroits depuis le départ, mais avions toujours en tête de nous rendre rapidement à l’intérieur des terres, dans l’outback indéchiffrable, dans le but d’en profiter au maximum, de le vivre le plus possible.
Maëva vivait bien la route, attachée dans son système de retenue. Maman, un peu moins, les nausées s’amplifiant au même rythme que le compteur augmentait son kilométrage. Les pharmacies dans l’outback, ce n’est pas chose courante, mais j’ai tout de même réussi à trouver de quoi me soulager, une sorte d’équivalent naturel au diclectin assez populaire ici.
Il est déjà temps de se quitter. Difficile de résumer autant d’intensité en si peu de mots. Et il ne s’agissait là que du début. Prochain arrêt : Coober Pedy, ville souterraine, ça vous dit?
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