C’est une fille! nous a-t-on dit, lors de l’échographie de juin. Nous étions fous de joie à la perspective d’avoir une petite passagère dans le voyage de notre vie. J’ai d’ailleurs toujours voulu avoir une fille en premier et mon vœu le plus cher allait être exaucé.
Rémi et moi préparions la venue de notre petit ange dans notre famille avec beaucoup d’entrain. Lorsqu’on part en voyage, les préparatifs sont tout aussi importants sinon plus que l’atteinte de la destination finale. Il n’était donc pas question de faire les choses à la va-vite, au risque d’en escamoter.
Au fur et à mesure que la date butoir approchait, j’étais de plus en plus enjouée, j’irais même jusqu’à dire excitée. La hâte du grand périple me gagnait. Je savais à quoi m’attendre, j’étais prête mentalement. Mes cours de yoga prénatal m’ont permis de me centrer sur cette dyade mère/fille en vue de tramer ce grand événement.
Un mois avant la date prévue du grand départ, mon col commençait déjà à être effacé, puis à deux semaines avant l’accouchement, il était déjà dilaté de deux centimètres. J’avais donc l’impression que j’accoucherais plus tôt. À ce moment-là, j’ai même perdu mon bouchon muqueux. Finalement, la petite cocotte nous a fait attendre jusqu’à la veille de la date prévue.
Quand les contractions ont débuté à minuit trente, le 16 octobre, j’étais super zen. Tel un capitaine face à sa première croisière, je fonçais vague après vague vers ma destination avec un calme rassurant. Je connaissais mon point de départ et celui de l’arrivée, sans toutefois connaitre le trajet exact qui allait se tracer. La confiance que je possédais en mes moyens m’a permis de vaincre la tempête sans aucun stress inutile.
J’étais quelque peu fatiguée au départ de ce grand processus, car je venais à peine de me coucher. Nous étions allés jouer à un jeu de rôles, poursuivant ainsi nos activités habituelles jusqu’à la toute fin. J’ai réveillé mon conjoint, les yeux tout collés, puis je lui ai annoncé la bonne nouvelle. Pour ne pas faire un faux départ, je suis allée prendre un bon bain chaud, pour me détendre et vérifier si les contractions ne diminuaient pas en intensité.
Comme le bain n’a pas ralenti le rythme ni la force des contractions, nous avons levé l’ancre vers 3 h 30, mettant le cap vers l’hôpital. Une escale chez Tim Horton a toutefois été nécessaire afin de restaurer nos forces.
À bon port, nous avons été accueillis avec chaleur et attention. J’ai subi, à ce moment-là, un monitoring fœtal. Mes contractions n’étaient pas assez fortes, semble-t-il. Je suis allée me vautrer dans le bain tourbillon pour revérifier l’intensité de ces vagues contractiles. Hélas, comme il n’y avait pas de chambres disponibles, nous avons pris la décision de rebrousser chemin à 6 h 30 pour faire avancer le plus possible le travail à la maison. Nous sommes toujours mieux dans nos affaires.
Au quai de départ, j’ai utilisé le ballon d’exercices et j’ai repris un troisième bain. Je me sentais propre jusqu’aux os! De plus, pour supporter la douleur liée aux contractions utérines, mon conjoint appliquait la méthode Bonapace. Cela a énormément aidé et a même créé une belle complicité de couple. Mon conjoint savait quoi faire pendant et entre ces vagues de douleur et cela me permettait de demeurer dans ma bulle sans devoir répondre à ses interrogations. Rémi était ma bouée sur laquelle je pouvais m’appuyer afin de faire avancer le travail adéquatement.
Vers 10 h 30, le rapprochement ainsi que l’intensité des contractions ont fait en sorte que nous sommes revenus à l’hôpital. Un second monitoring a été réalisé et là, comble de soulagement, la phase active avait bel et bien débuté. Notre cabine nous a été attribuée vers midi.
Vers 13 h, le mal de mer s’est emparé de tout mon être. Je me suis mise à vomir à chaque contraction et à trembler d’épuisement. Je commençais à décrocher de ma bulle, mon ancre qui me retenait hors de la tempête. Après plus de treize heures de travail, nous avons pris la décision d’opter pour la péridurale afin de me permettre de bien poursuivre mon travail, dans le calme, comme au commencement. J’ai donc pu somnoler en après-midi pour me rétablir quelque peu avant la poussée.
À 17h, pour accélérer le processus, le commandant-médecin est venu crever mes eaux. Je sentais une rigole couler.
À 19 h 10, je commençais les poussées. Je sentais en moi une énorme détermination annexée à une puissance intérieure qui me forçaient à pousser. J’étais la capitaine du navire et je devais démontrer mon courage. La petite fleur, Lili Dumais, a pris son envol à 747 pm, le jeudi 16 octobre 2008. Elle pesait alors 6 lb 14 oz et mesurait 20,5 po. Rémi et moi pleurions de joie. Nous venions enfin de faire la rencontre de notre fille, notre petite mousse à nous.
Une excursion de 19 heures de travail dont seulement 37 minutes de poussées nous ont suffi pour faire une rencontre qui allait changer nos vies à jamais.
Même si c’est loin d’être une réelle partie de plaisir, j’ai aimé accoucher. J’ai adoré le sentiment de puissance qui émanait de moi, tant au niveau mental que physique. J’ai donné la vie à un bébé et j’ai de quoi en être fière.
Bref, je recommencerais n’importe quand à enfanter. J’ai encore hâte au jour où je vais redonner naissance à un petit trésor des mers.
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