Déjà 5 semaines que nous parcourons les routes d’Asie, mes enfants, mon conjoint et moi. Je devrais plutôt dire « les routes de Taïwan », car c’est là que nous nous trouvons depuis exactement un mois, après avoir fait une « p’tite saucette » en Thaïlande.
L’impact du voyage sur les liens fraternels
On dit souvent que les voyages, c’est donc beau, c’est donc bon, que ça va resserrer les liens familiaux, que ça va transformer les enfants et leur vision du monde, que ça va les rapprocher entre frères et sœurs. On lit aussi des récits flottants parfois dans des eaux plus troubles que ce tableau idéalisé, où les chicanes deviennent plus fréquentes, où la proximité n’est pas gage de liens serrés.
Des craintes avant le départ…
Et avant de partir, j’entretenais certaines craintes à cet égard. Comment allaient réagir mes enfants? Est-ce que l’instabilité géographique quasi constante et la simplicité matérielle imposée allaient brouiller la camaraderie dont font ils font déjà preuve? Est-ce que la proximité allait devenir promiscuité? Allaient-ils, au bout de quelques jours, en avoir marre de tout partager, tout le temps? Allaient-ils avoir besoin, plus qu’à l’habitude, de leur petit coin à eux, d’intimité? Et est-ce que la difficulté à trouver ce lieu exempt de dérangements et de distractions rendrait l’atteinte de l’harmonie encore plus complexe?
De bonnes bases, mais…
Je suis chanceuse (si on peut parler de chance) : mes enfants s’entendent bien. Très bien même. Ils collaborent, s’aiment d’un amour profond, jouent ensemble, sont complices. À la maison, ils ont souvent leurs petits moments à eux, ces moments où les trois mousquetaires modèlent leur petit monde loin de la gestion parentale, où ils s’organisent, trouvent des solutions, gèrent leurs conflits.
Bien sûr qu’ils se disputent de temps à autre. Mais l’élan de frustration ne dure jamais bien longtemps et le temps passé à se détester est infime comparé à celui passé à s’unir.
Et bien que mes enfants soient déjà habitués de vivre ensemble, de partager une seule et même chambre, de passer beaucoup de temps réunis, je me demandais si l’intensité du voyage et tout ce qu’il implique ébranlerait le clan. Si l’étanchéité des enceintes de leur refuge fraternel résisterait à ça?
Ce que je vois, c’est beau
Ce que je vois, c’est beau. Je vois les liens qui les unissent, déjà forts avant le départ, se renforcer de jour en jour. J’assiste à des moments de pur bonheur, de collaboration, de soutien. Je suis témoin d’efforts de partage touchants et remplis d’humilité.
Je ne sais pas si cette simplicité matérielle imposée y est pour quelque chose. Ou peut-être est-ce la multiplication et la diversification de ce qu’on appelle chaque fois « la maison », les longs trajets sans divertissement, ces grandes journées à passer du temps ensemble, à découvrir et à expérimenter sans cesse. Peut-être est-ce que le respect du rythme de chaque membre de la famille compte dans l’équation? Est-ce que le rythme de vie adopté à la maison, dans nos vies en général, a préparé le terrain? Est-ce que la proximité à laquelle ils étaient déjà habitués adoucit la transition?
Ça se vit, ça se sent
Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que je sens, je vois, j’assiste au renforcement de leurs liens. C’est subtil et fort à la fois. C’est quelque chose qu’il m’est impossible d’expliciter en exemples concrets. Ça ne se quantifie pas, ça ne se compte pas. Ça se vit. Ça se passe dans les gestes, ça se passe dans le regard, ça se passe dans le cœur. C’est peut-être un peu aussi une certaine façon de se dire « on est là, ensemble, c’est tout ce qui compte ».
Et pour ça, juste pour ça, j’entrevois avec optimisme la suite de nos aventures…
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