Depuis 10 ans, je travaille en périnatalité par le biais de la massothérapie. Je suis les femmes enceintes, les couples, les familles. À travers le temps, je me suis perfectionnée, j’ai approfondie mes connaissances, j’ai fait d’autres formations connexes comme entraîneure, et surtout, comme accompagnemente à la naissance.
Depuis 10 ans, mes oreilles fascinées écoutent, mon cœur suit toutes les histoires de chacune de mes clientes avec passion… Trop souvent, j’ai entendu les clientes qui me réservent un rendez-vous la journée même de la visite chez le médecin pour maximiser leur journée : « Bien, mon rendez-vous est à 10 h mais il est souvent en retard de 1 ou 2 heures… Mais quand je rentre, c’est rapide, après 15 minutes, c’est terminé! »
Ou bien le fameux : « J’ai oublié ma liste de question sur mon comptoir avant de partir chez le docteur, et là, j’étais tellement stressée que j’ai complètement oublié ce que je voulais lui demander… mais là, est-ce que c’est normal d’après toi de sentir ça ou ça? ».
Après 10 ans à travailler avec le corps humain, à connaître les «pathologies» des femmes enceintes et tous les symptômes hormonaux et leurs impacts… Un soutien-gorge trop serré, des souliers trop petits sans avoir enflé des pieds? Le feeling bizarre de choc électrique quand on marche qu’on sent au bas du dos ou dans la fesse, qu’est-ce qu’on peut faire quand bébé est trop dans nos côtes? Le pubis qu’on a l’impression qui va nous «lâcher»… oui, c’est normal… oui, parfois, on peut faire quelque chose, et parfois, malheureusement, attendre est la seule solution…
Ça, c’est sans compter qu’à l’accouchement, le médecin qui t’as suivie tout le long de ta grossesse, et bien, tu mérites un billet de 649 si c’est lui qui est là à l’accouchement. Et s’il est là, c’est pour les 20 dernières minutes de l’accouchement. Oh! Et les résidents, on les oublie… quand 3 personnes consécutives doivent te faire un toucher vaginal, je te lève mon chapeau si tu es capable de rester dans ta bulle en accouchant! Puis, tout le protocole, les changements d’infirmières… Non, non… je n’avais juste pas le goût…
Mon conjoint et moi, il y a 2 mois, on est allés visiter la Maison de naissance du Boisé. Et là! Coup de cœur! La visite est gratuite, elle n’engage à rien. Vous pouvez poser toutes les questions du monde! Les sages-femmes ont étudié 4 ans à l’université dont le ¾ sont des stages en maison de naissance, en milieu hospitalier ou à l’étranger. Le matériel de sécurité est neuf et impeccable. Ce qui, souvent, en milieu hospitalier, n’est pas le cas. Mais, ce qui m’anime le plus, c’est de savoir que tes sages-femmes, souvent en équipe de deux, ce sont elles qui te suivent tout le long de ta grossesse et qui sont présentes TOUT LE TEMPS de la naissance. Alors, c’est certain qu’à travers les rencontres, elles apprennent à nous connaître, savoir nos peurs, nos volontés, comment ont vit la grossesse, comment on perçoit l’accouchement. Et, au fond, tout ça a un impact sur le déroulement de la naissance de notre enfant.
La semaine dernière, mon conjoint et moi sommes allés à notre premier rendez-vous avec la sage-femme, celui de 12 semaines. Et bien on est resté 1 heure 45 dans le bureau avec elle! Elle s’est informée de notre santé, de comment ont vivait la grossesse jusqu’à présent, si on avait des inquiétudes. Elle m’a demandée si j’avais des symptômes ou des changements dans mon corps, et si j’avais des questionnements par rapport à ceux-ci. Elle a pris le temps de nous parler des tonnes de prise de sang qu’elle demande, le pourquoi de celles-ci, l’impact sur mon corps et celui du bébé. Déjà, après ma première rencontre, je peux dire que j’ai un lien avec celle qui sera présente à la naissance de mon enfant. Celle qui s’assurera du bon déroulement des choses, de notre santé.
Ce que je garde en mémoire aussi, c’est la naissance d’un accompagnement que j’ai fait à cette maison de naissance, où les lumières étaient tamisées. Quand la sage-femme entrait, elle cognait doucement, ne faisait pas de bruit et allait s’installer juste à coté pour regarder, s’assurer que tout allait bien, mais sans brusquer, sans déranger, sans s’imposer. Lorsqu’elle voulait s’assurer des signes fœtaux, la parturiente restait dans la même position, soit debout accrochrée à son mari, le bassin berçant de droite à gauche, assise sur le ballon, à quatre pattes, ou peu importe… C’est la sage-femme, avec son doppler, qui s’ajuste à la femme en travail pour écouter le cœur du bébé. Donc, rien ne brusque la naissance. La femme donne vie et l’environnement s’adapte à elle. De cette façon, la parturiente n’a pas à penser, elle n’a qu’à être. Et dans son ressenti, elle sait. Elle sait ce qu’elle a besoin. Comment elle a besoin de se positionner, si elle doit manger ou non, elle sait si elle a besoin d’un bain, de se faire toucher, masser…
En fait, pour nous, de pouvoir avoir accès au suivi sage-femme, c’est la plus belle chose qui pouvait nous arriver. J’ai tant croisé les doigts que le service soit offert dans notre secteur d’ici la venue de bébé. Et enfin, mon souhait se réalise comme pour tant de femmes dans mon secteur.
Merci à toutes les sages-femmes pour votre temps, votre dévouement, votre passion, votre amour. Sans vous, l’humanisation de la naissance serait bien différente au Québec. Merci pour votre respect, votre écoute, votre sagesse.
Catherine Leroux
Une passionnée de la maternité
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