Ma grande fille de 7 ans est très curieuse. Je savais bien que tôt ou tard, elle allait me poser la fameuse question. Celle que tous les parents redoutent, parce qu’on a beau connaître le mode d’emploi (sinon on en serait pas rendu à se faire demander ça…) on ne sait jamais trop ce qu’on va répondre!
«Maman, comment on fait les bébés?»
C’était l’heure de dormir et je venais de lui donner son bisou de bonne nuit. Et ça a surgit, comme ça, sans aucune raison. Et ma petite de 4 ans voulait savoir aussi, tu comprends bien… Normalement, je me trouve pas mal bonne pour trouver des réponses aux questions existentielles de mes filles. Je maîtrise bien l’art de contourner pour dire la vérité en utilisant de belles images, de jolies métaphores. Mais là, j’étais fatiguée et à part les feuilles de chou, la cigogne ou les petites abeilles qui butinent, je ne me sentais pas trop inspirée.
Je lui ai donc répondu que lorsqu’une maman et un papa s’aiment beaucoup, parfois ça donne un bébé. Quelle réponse ordinaire! Ma fille ne s’en est pas contentée, bien entendu. Elle m’a dit: «Je comprends qu’il faut un papa et une maman, mais y’a quelque chose qui marche pas… juste de l’amour pis un gros câlin, c’est pas assez pour faire un bébé il me semble. Il manque quelque chose… » Perspicace ma fille.
J’allais quand même pas me mettre à lui faire un cours d’anatomie 101 en guise d’histoire avant de s’endormir. De toute façon, je ne sais pas ce que j’aurais dû dire… elle a 7 ans! Chez nous, les mots pénis et vulve, c’est pour faire pipi. Si tu le dis juste pour niaiser, ce sont des mots de toilette. Je ne me voyais pas tellement expliquer à ma fille que pour faire un bébé, la maman et le papa doivent se faire des câlins. Et ensuite, la papa entre son pén… NON! OK, j’arrête ici. Vous savez déjà comment ça marche.
Pour moi, la sexualité n’est pas tabou. Et je ne veux pas que mes filles voit ça comme tel une fois devenues femmes. Mais je ne veux pas les traumatiser non plus. Je ne les trouve pas prêtes… ou c’est peut-être juste moi qui ne le suis pas. En tant qu’adulte, on n’aime pas savoir ni imaginer que nos propres parents ont fait l’amour. On le sait pourtant, sinon on serait pas là. Mais on ne veut pas le savoir. J’ai pas envie que mes filles imaginent ça de leurs parents. #ausecours
Ouf… je me calme.
Bon, si on commence par le début, je peux dire que mes filles savent au moins d’où elles viennent. Parce que comme je suis une maman, et qu’une maman ça ne réussit jamais à aller seule à la toilette sans que son enfant vienne réclamer quelque chose de soit disant beaucoup plus important que ses besoins primaires à elle, et bien j’ai dû leur expliquer ce que c’est d’avoir des menstruations. J’ai eu droit un jour au «ARRKKK maman, tu saignes!» Donc j’ai mis au clair ce bout là de l’anatomie. Que le bébé grandit dans l’utérus, dans son petit sac qui lui sert de maison. Mais que s’il n’y a pas de bébé, ce qui devait lui servir est inutile et doit sortir. Par la même place où serait sorti le bébé. Ça, elles l’ont vite compris. Mais ça n’explique toujours pas COMMENT le bébé a fait pour entrer là, aussi petit était-il au départ dans son mini-œuf… il était où avant d’être dans l’œuf?
Le soir de la grande question, finalement, ma grande s’est vite endormie. Je n’ai pas eu à élaborer sur le sujet. Et le lendemain, elle semblait avoir oublié. Fiou.
Mais je le sais qu’elle va me reposer la question. Et en réfléchissant bien, tout ce qu’elle me demande, c’est d’expliquer quelque chose de beau. Un petit miracle de la vie qui fait qu’elle existe pour me poser cette question là…
Si elle me le demande encore, je prendrai une grande inspiration et lui expliquerai (en bouchant les oreilles de sa petite sœur 😉 ) le processus, sans trop en dire non plus, en insistant sur l’amour entre le papa et la maman lors de la création du dit bébé. Et ça vous surprendra peut-être, mais j’utiliserai sûrement des mots du genre «zizi»… parce que dans ce style de discussions-là, où il y a un certain malaise, c’est tout à fait permis afin de rendre le tout plus simple et léger.
Et au moment où je me trouverai ben bonne d’avoir réussi à répondre à sa question, c’est là qu’elle me répondra probablement : «YYAAAARRRKKKK, c’est dégueulasse!»
Je m’ennuie tellement de l’histoire de la cigogne…
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