Aucune mère (ni aucun parent évidemment) ne souhaite voir du mal arriver à son enfant. On travaille fort pour leur expliquer comment c’est important de regarder des deux côtés de la rue avant de traverser ou de ne jamais parler ou embarquer dans une voiture d’un inconnu.
Malheureusement, des accidents, ça arrive quand même.
L’appel
Je ne dois pas être la seule qui a le cœur qui débat lorsque je vois le numéro de téléphone de l’école (ou de la garderie) sur l’afficheur. Cet après-midi-là, d’une belle journée d’automne, le téléphone a sonné seulement 15 minutes après que mes 2 grandes filles soient reparties vers l’école (elles venaient diner à la maison). La voix de la secrétaire au bout du fil, avec les cris de ma fille en arrière, mon cœur s’est arrêté. Je suis devenu toute étourdie lorsqu’elle m’a dit que ma fille avait eu un accident à son pouce et que c’était assez grave qu’elle devait quitter en ambulance.
Les questions/réactions
Mon cerveau s’est mis en mode panique, mille questions sont sorties de ma bouche « est-ce qu’elle est ok? », « est-ce que quelqu’un va se rendre avec elle? », « ai-je le temps de me rendre à l’école? » (Je reste à 7 minutes à pied de l’école). J’avais ma fille de 2 ans avec moi, à qui je pouvais la confier ? Qui je devais appeler? Une amie ? une voisine ? J’ai littéralement « pitcher » mon bébé chez ma voisine, en pyjama et j’ai couru comme jamais vers l’école. L’adrénaline a pris le dessus et 3 minutes plus tard, j’étais au chevet de ma fille.
Visualisation
À l’arrivé à l’école, j’avais du mal à souffler tellement j’avais couru. J’ai vu ma fille souffrante, blême, avec de la glace dans son front et sur les deux côtés de son cou. Plusieurs émotions se sont bousculés. Soulagée, de voir ma fille. Peur, de ce qui s’en vient. Incertitude, sur tout ! L’attente interminable de l’ambulance.
Urgence/transfert/salle d’op
Nous sommes arrivés à l’urgence, je voyais la peur dans les yeux de ma fille. Ma grande fille tellement courageuse, qui ne comprend pas ce qui se passe. Je devais tout faire pour mettre de côté mes peurs à moi et la rassurer. Elle devait aller en salle d’opération. Son pouce est quasi-amputé. Je lui promets que lorsqu’elle va se réveiller de son opération, tout va être fini. Qu’on va aller manger au restaurant et retourner à la maison.
Malheureusement, ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. Elle doit être transféré dans un hôpital pour enfant. Les vaisseaux et tissus sont trop petit et l’hôpital n’est pas bien équipé pour une telle chirurgie.
Peur de l’inconnu, l’incertitude, j’ai brisé ma promesse. Ma fille se réveille dans un état agité et elle est fâché.
J’ai compris durant ce moment à quoi servait l’adrénaline. Pouvoir rester forte alors que j’aurais voulu m’effondrer. Mais alors, qui aurait rassuré ma puce ?
Entrée en salle d’opération pour une 2e fois le soir même, encore une fois, dans l’incertitude. Personne ne peut me confirmer qu’elle ressortira avec tous ses bouts de doigts.
Hospitalisation
S’en est suivi de 8 jours d’hospitalisation. Voir son enfant cloué au lit est une des choses les plus difficile que j’ai eu à voir. En douleur, en peur à chaque fois que quelqu’un passe la porte de la chambre.
Elle a été évaluée en trauma, et moi aussi.
Moi? Je n’ai pas eu d’accident, je n’ai pas de douleur…. Physique. En vérité, oui, je souffre. Énormément. Mal en dedans, de ne pas pouvoir la soulager de sa douleur, et de ses peurs. Passer 8 jours à dormir que 3-4 heures par nuit, entrecoupés, sur un petit lit pliant. Les seuls 15 minutes ou je quittais la chambre était pour aller me chercher à manger et prendre une douche. J’aurais certainement prise ses vingtaines de prise de sang et ses cicatrices physiques autant que psychologiques.
Trauma
Un accident, ce n’est pas seulement physique, c’est aussi psychologique et peut être même plus. Lorsque le corps est guéri, la tête elle, ne l’est pas nécessairement. Il y a du chemin à faire.
C’est plus facile pour un enfant de passé à autre chose. Ils sont plus naïfs. Moi, d’un autre côté, je suis une adulte.
Une semaine a passé après le retour à la routine avant que les symptômes apparaissent. L’adrénaline prend du temps à retomber. Tout ce temps ou j’ai été forte à l’hôpital, devant ma grande et devant les médecins, à ce moment, je ne réussissais plus à l’être. J’étais en train de tomber.
Laisser ma fille partir à l’école, est un combat de tous les jours envers moi-même. J’attends impatiemment son retour à tous les midis et à tous les après-midis. Je sursaute à chaque fois que le téléphone sonne. J’ai eu du mal à dormir la nuit. J’ai entendu des cris et des pleurs durant plusieurs semaines. Ce sont tous des symptômes d’un choc stress post traumatique.
J’ai dû consulter un médecin et une psychologue. Au départ je me suis renfermée. Je ne voulais pas accepter que j’allais pas bien. Je me disais que j’allais finir par « en revenir » et passer à autre chose. Mais non, de nos jours, on est plus ouvert à parler des maladies mentales. Alors parlons-en ! Grâce à mon mari, mes amies et ma famille, je me suis ouverte, j’ai parlé et maintenant je l’écris.
Mes enfants, je les aime d’amour, de la tête au pied, du cœur à l’âme. C’est une sensation inexplicable. En me soignant je les aide également, en leur offrant une maman saine et heureuse.
Que ce soit une maladie, un accident ou peu importe la raison. Si vous n’êtes pas bien, allez chercher pourquoi et laissez-vous vous faire soigner.
Parlez-en. Partagez vos expériences, parce que moi, ça me fait énormément de bien.
#maviedefamillemamande3filles
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