Je n’ai jamais aimé la fête des mères, ni la fête des pères.
Ma relation avec mes parents n’a pas toujours été au beau fixe, et les années où ça n’allait pas du tout, je vivais ces dimanches comme une torture infligée par notre société de consommation; achète des fleurs, prépare un repas, une surprise, un cadeau, une carte, au moins un coup de téléphone. Peu importe ce que je faisais, je me sentais contrainte de le faire.
À l’école, il y avait bien quelques modes d’accommodement pour ceux qui avaient une situation familiale atypique, mais jamais pour les enfants qui, comme moi, n’avaient pas envie de bagosser un bricolage pis une carte pour leur mère. On criait à l’ingratitude, aux caprices d’enfant gâté. Alors, bien sagement, j’écrivais quelques phrases toutes faites dans la carte et je la lui apportais le jour venu (mais parfois, elle finissait dans le recyclage, si je ne voyais pas ma mère cette fin de semaine-là).
Je ne sais pas exactement pourquoi ça parait mal d’avoir une relation conflictuelle avec sa mère. On peut avoir des problèmes avec qui que ce soit dans le monde, mais s’il s’agit de sa propre mère, là, attention : scandale. Il y a plein de situations qui peuvent dégrader nos relations familiales à différents degrés; personne ne peut être tenu 100 % responsable pour une situation pourrie. Et ce n’est pas en achetant des fleurs qu’on va régler le problème…
Mon aversion pour la fête des mères s’est vraiment cristallisée le jour où je suis devenue maman à mon tour. Je n’ai pas envie qu’on me donne des fleurs juste parce que c’est le 2e dimanche de mai. Je ne veux pas que quelqu’un contraigne ma fille à me faire un dessin ou un bricolage (elle m’en fait de toute manière, spontanément, pas besoin d’un prétexte). Elle aurait le droit d’être fâchée contre moi cette journée-là; ses émotions sont valables, peu importe où on en est sur le calendrier.
Alors, comment faire œuvre utile le jour de la fête des mères, quand on n’a pas envie de rendre un « hommage senti » à une personne de sexe féminin qui nous a élevé? On peut juste s’en foutre, laisser couler, passer à autre chose. Et si on est une maman, être un peu indulgente envers soi-même (quoique ça, on devrait le faire 365 jours par année). Juste ça, j’ai l’impression que c’est beaucoup se demander…
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