J’ai toujours su que je voulais quatre enfants, du plus loin que je me souvienne.
On est quatre chez nous. Copiés-collés, à quelques détails près. Depuis que j’ai 24 ans, je suis dans le tourbillon grossesse, accouchement, allaitement – et on répète! J’entends souvent des mères dire qu’elles ne seront pas capables de vivre le deuil de la grossesse et du bébé naissant. Quand la majorité de notre vie d’adulte a été consacrée à des bébés et que notre vie personnelle et de couple a pris une place lointaine, on devient maman avec un grand M. On pense qu’on est juste ça. J’étais comme ça aussi, il y a quelques mois.
Je ne pensais jamais, au grand jamais me sentir comme ça un jour. Ne plus êtes jalouse des beaux ventres ronds. Avoir hâte de ne plus vivre de grossesse, de dormir la nuit, d’avoir le loisir de consacrer du temps à mon couple. Maintenant que mon rêve est réalisé – que j’ai ma famille de quatre enfants –, je passe à autre chose.
Je veux du temps pour moi, pour mon couple. Oh, j’adore mes enfants! Je mourrais pour eux. Je ne veux pas qu’ils vieillissent, car ça veut dire que le temps passe, que la vie passe. Je les aime petits, innocents, en amour avec moi comme si j’étais parfaite. Mais je suis fatiguée. Morte. À bout. Ma patience est partie en croisière dans les Antilles depuis belle lurette.
Je veux faire du sport plusieurs fois par semaine. Je veux aller au restaurant avec mon mari sans avoir besoin d’un mois de préparatifs. Je veux faire l’amour sans avoir peur de me faire déranger par un début de gastro nocturne. Je veux partir en voyage sans avoir besoin de traîner des couches, un porte-bébé et du Tempra.
Maintenant que le désir de passer à autre chose est commun dans notre couple, on fait quoi ?
Les possibilités sont infinies, et en même temps tellement limitées…
Soyons honnêtes : avoir des projets de vie quand on a des enfants, c’est plus complexe que quand on est seul ou en couple. Voyager, se partir en affaires, retourner à l’école riment avec impossible (ou presque). Premièrement, les sous partent plus vite du compte de banque qu’ils n’y entrent. Quatre habits de neiges, quatre paires de bottes, 72 paires de mitaines, le service de garde, les fêtes d’amis, la voiture 7 places (et son réservoir à essence), entre autres choses, s’ajoutent au lot des dépenses.
Admettons qu’on réussit à économiser et qu’on souhaite vivre un rêve, il faut que ce soit compatible avec les horaires de l’école et de la garderie, et avec la vie rocambolesque de parent. Et si c’est un rêve en solitaire, que notre conjoint ou conjointe de vie soit en accord… Bref, c’est compliqué.
J’ai hâte à cette nouvelle partie de ma vie, malgré ses embûches.
Nous allons voyager et découvrir le monde, gérer les colères d’adolescents qui puent les hormones, passer une fin de semaine en amoureux dans une auberge… Mais j’ai aussi peur. Peur de la vie qui avance, de ma mort qui approche tout doucement. Oui, je peux vivre encore de longues années. Mais il me semble que tant que j’étais une jeune maman, j’étais loin de la fin.
Plus j’y pense, plus je réalise que j’ai tord. Au contraire, justement, maintenant que j’ai ma famille, que c’est fini, les bébés, c’est maintenant que tout commence.
Et le plus beau dans tout ça? Je suis une maman. Pour la vie.
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