Prends-tu la responsabilité de ta vie?
« C’est un cancer. Maman a le cancer du poumon. Mais c’est un stade léger. Une opération devrait suffire et elle ne devrait pas avoir besoin de radio ni de chimio. Dans le fond, on est chanceux d’avoir découvert ça en évaluant autre chose. Ça aurait pu être pire dans quelques années. »
Lorsque ma sœur m’a annoncé cette nouvelle au printemps 2015, toute ma vie a basculé. D’ailleurs, celle de mon cellulaire et de mes lunettes aussi : je les ai frappés tellement fort sur le tableau de bord de mon camion qu’ils ont volé en éclats. Et quand je dis éclats, je veux dire « on repassera pour bien voir ton écran de cell, pis essaie même pas de mettre tes lunettes pour mieux lire parce de toute façon, tu vas te ramasser avec un verre sur le nez et l’autre dans le front». J’ai ensuite crié à m’en fendre l’âme question de laisser savoir à l’univers entier que je refusais d’accepter ce que je venais d’entendre. Je voulais vraiment être certaine que tout le monde m’entende, bien assise dans mon camion, seule, les fenêtre fermées.
J’étais très loin de me douter à quel point les 15 mois suivants allaient être décisifs pour moi. Après sa chirurgie au poumon le même été, ma mère avait récupéré comme une vraie championne. On pouvait alors espérer la garder avec nous encore plusieurs années. C’était une victoire assurée alors je pouvais utiliser mon nouveau cellulaire sans avoir peur et je pouvais aussi porter mes lunettes de façon adéquate. Quelques mois plus tard, sans qu’on s’y attende, un deuxième cancer l’a frappée : récidive fréquente en quelques mois et taux de survie très faible après un an. À l’été 2016, elle a décidé de ne plus se battre et elle est morte entourée des siens.
Pendant ces 15 mois, j’ai été forcée de faire plusieurs constats :
Ma mère se battait pour sa survie avec une détermination et un positivisme inébranlables alors que moi, j’osais me lever le matin sans profiter de la chance que j’avais de simplement faire ce que j’avais envie de faire. Elle nous a répété à plusieurs reprises qu’elle n’aurait rien changé à sa vie alors que moi, je me permettais de dire tout bas que je n’étais pas bien et que je ne savais pas comment m’en sortir. Elle était en paix, légère comme l’air et moi, je portais un poids énorme sur mes épaules parce que je ne permettais pas de vivre pleinement.
Ironiquement, la mort de ma mère aura joué un rôle déterminant dans la naissance de la femme que je suis maintenant et avec cette expérience de vie, je peux affirmer ceci :
- Sois qui tu es.
- Prends ta place puisqu’elle te revient et ne cherche plus le bonheur : crée-le.
- Tu as la responsabilité de vivre ta vie à 100%, pis laisse-moi te dire que lorsque tu prends cette responsabilité, y’a rien que du beau qui peut t’arriver. C’est ma mère qui me l’a dit alors il est interdit d’en douter.
Cette responsabilité, on ne la saisit pas toujours puisqu’elle vient avec son lot de craintes et d’angoisses. Elle vient avec des questions qui trouvent leur réponse seulement lorsqu’on se permet d’aller au-delà de nos propres limites et c’est ce qui, à mon avis, rend la vie encore plus belle.
Fais comme ma mère : aime la vie, responsabilise-toi, profite de chaque instant, ris et accepte l’imperfection. Elle aimait aussi le vin rouge alors si tu penses que ça peut t’aider, tu peux essayer.
Elise
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