J’en parle pour disperser les tabous…Plus jeune, je ne voulais pas d’enfants.
J’avais la certitude que je ne serais jamais une bonne mère. Que je n’arriverais jamais à faire de bons petits humains, gentil, bons, équilibrés. Impossible : moi, je n’étais pas une bonne personne équilibrée. Pour diverses raisons, je croyais également que si la vie m’octroyait des enfants, je les aurais seule, père inconnu. Aucune idée pourquoi, mais c’était comme ça, mes visions, dès ma jeune enfance.
Puis, j’ai rencontré l’homme que j’allais marier, et ensemble, je nous voyais avoir des enfants, élevés de bons petits humains, et que ses forces cancelleraient mes faiblesses. Ensemble, nous pouvions tout faire.
Je suis tombée enceinte. Puis encore. Nous avons eu deux beaux enfants ensembles…. Que j’élevais majoritairement seule, vue que mon mari était camionneur longue distance.
Je faisais de mon mieux… Mais j’en perdais de gros bouts. J’échappais souvent la patience, je criais beaucoup, pleurait encore plus. Deux enfants, 19 mois de différence, deux grossesses, deux allaitements, deux enfants qui sentaient mon épuisement… et réagissaient en conséquence.
J’ai décidé de consulter une psychologue, car je me trouvais trop control freak, et ça ruinait ma vie. Je me disais que je devais apprendre à lâcher prise, car c’est cette obsession de vouloir tout contrôler à la perfection qui me faisait perdre les pédales. Alors, j’ai consulté.
Au bout de quelques rencontres, la psychologue me demande :
« Si je t’annonce demain matin qu’il y a des mises à pied à ton travail. Tu te dis, ben si y’a des mises à pieds, je n’aurais plus d’argent. Si je n’ai plus d’argent, je ne peux pas nourrir mes enfants, et si – »
Je la coupe, continue, « et si je n’ai pas d’argent, je ne pourrai plus payer ma maison et je vais devoir vendre ma maison, et réaménager chez mes parents et . . . »
« Et si, » me dit-elle doucement, « je te disais, que les mises à pied n’étaient même pas dans ton département. » Elle me regarde réfléchir et dit, « tu ne te dis pas un moment donné que tu as exagéré, pensé trop loin? »
Je me souviens d’avoir froncé les sourcils et dis, « Ben non, je veux pouvoir envisager toutes les possibilités! »
Suite à ça, elle m’annonce que j’ai un trouble d’anxiété généralisé, que mon cerveau voit des situations de danger un peu partout et qu’il réagit en conséquence.
Je me rappelle d’avoir bondi sur place, sourire aux lèvres. Enfin j’avais un nom pour ce que je vivais!
J’avais été dîné avec mes amies et leurs avaient annoncé mon diagnostique haut et fort : j’ai un trouble d’anxiété généralisé! L’une d’elle m’avait aussitôt répondu, « Tout le monde est anxieux dans la vie, Tanya, t’es pas plus spéciale qu’une autre. »
Soudainement, j’étais un ballon qui se dégonflait . . . Notre amie a dit doucement, « C’est vraiment un trouble, être TAG. J’ai vu une thérapeute deux ans pour le mien. »
« Hein?! Tu m’en as jamais parlé! »
« Ben non, c’est un sujet tabou . . . »
Quelques mois plus tard, on me prescrit des antidépresseurs pour mon anxiété et ma dépression et j’appelle une amie pour en parler. « Lesquels tu vas prendre? » « Tu t’y connais? » « Oui, j’en ai pris pendant un an suite au décès de ma mère . . . » « Mais, pourquoi tu ne m’en as jamais parlé? » « Boff, on n’en parlait juste pas dans le temps. »
Si mes amies avaient parlé de leurs diagnostiques, je me serais sûrement retrouvé là-dedans, un peu plus vite que je ne l’ai fait. Je me serais reconnue, là-dedans. J’aurais cherché de l’aide, au lieu de constamment me rabaisser.
Je croyais que j’étais seule au monde avec mes problèmes. Que j’étais la seule à réagir comme je le faisais, et que non seulement j’étais une mauvaise mère, mais une personne horrible. Mais quel poids j’avais sur les épaules!
Alors moi, j’en ai parlé. J’ai connu des personnes qui ont cherché de l’aide, en lisant mes articles. J’ai eu des personnes qui ont su m’appeler pendant une crise de panique, pour que je les aide à passer au travers.
J’ai aidé tellement de gens; simplement en m’ouvrant. En parlant. En étant honnête envers moi-même et les autres.
Et j’en suis fière.
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