Savourer la solitude

J’en ai entendu des dictons, des paraboles, des métaphores, etc., au sujet de la solitude, de prendre le temps de s’apprivoiser : je vais vous dire que ça ne voulait rien dire à la base. Le message qui me dérangeait le plus est celui qui reflète que le silence et la solitude promettent une certaine sagesse : moi, je n’y voyais que de la souffrance et surtout un sentiment d’être éparpillée. Je cherchais les autres pour me comprendre, pour m’aider à coller mes morceaux qui s’envolaient partout.

Aujourd’hui je ne peux pas dire que je suis 100 % à l’aise avec moi-même dans un contexte de solitude et je ne crois pas que personne ne le soit parfaitement, mais admettons que j’ai une forte tendance et que même, parfois, j’en ai de besoin de ce recueillement-là.

J’ai décidé de vous en parler, car je me suis questionnée sur le processus puisqu’une amie se retrouvait dans la même appréhension que je vivais constamment il y a quelques années. Comment se fait-il que ma perception ait autant évolué ?

J’ai toujours aimé l’histoire du petit prince et du principe d’apprivoisement. Il faut apprivoiser les autres, il faut laisser le temps et la douceur faire son chemin. J’avais, à ce moment-là, bien compris ce principe et j’ai réalisé qu’il pouvait et même devait s’appliquer de moi envers moi même. Je devais m’apprivoiser…

Apprivoiser les autres pour ma part était chose facile, les autres sont intéressants, mais moi, je croyais me connaître et c’était plus plate de prévoir connaître davantage quelqu’un que je connaissais déjà, c’est à dire moi-même.

En fait, je me trompais : je suis un drôle de petit animal que j’ai appris à apprivoiser. J’ai découvert des choses sur moi-même que je ne connaissais pas. J’ai découvert que j’étais vulnérable à certains égards et j’ai commencé-là. Faire attention aux autres, palier aux vulnérabilités, aux difficultés et surtout ressentir de l’empathie était chose facile, j’ai dû le faire pour moi et ce n’était pas la même chose du tout. Eh oui ! j’ai développé de l’empathie envers moi-même, de l’accueil et de la douceur.

J’ai réalisé à quel point j’étais forte et j’ai débuté une conversation avec moi-même. Ça semble bizarre, mais en réalité on a tous un discours intérieur, conscient ou non, et c’est celui-ci souvent qui nous détruit. J’ai décidé de changer le cours de cette discussion. Par exemple, quand j’ai une pensée du genre : « Ah ! t’es donc ben mélangée, tu es toujours éparpillée » et que je m’en rends compte, je m’arrête tout de suite et change de perception. Je me dis plutôt : Ah ! tu es fatiguée, tu fais beaucoup de choses pour les autres, maintenant il est temps que tu t’arrêtes et que tu prennes soin de toi. » Je me pose des questions du genre : « Qu’est-ce que tu peux faire concrètement pour prendre soin de toi ce soir ? » Et là, je prends soin de moi par de petits gestes comme m’asseoir avec un livre un petit moment ou encore appeler ma mère pour lui jaser, etc. Pas besoin d’être grand-chose pour prendre soin de soi.

Si je vous partage tout ça, c’est parce que je crois que beaucoup de gens sont pris inconsciemment dans un engrenage autodestructeur avec des ingrédients nocifs comme, par exemple, la culpabilité et l’agressivité.

J’espère que ces mots auront pour certains un sens et permettront possiblement d’engendrer un nouveau chemin dans la relation qu’on entretient avec soi-même.
Je suis une personne magnifique qui a un parcours difficile, mais essentiel. Ma force intérieure est ma plus grande fierté. Tous les jours, je remercie mon corps de me porter avec autant de solidité. Et vous, qu’est-ce qui vous rend le plus fier d’être qui vous êtes ? Quelle discussion entretenez-vous avec vous-même ? Quelles sont vos pensées lorsque vous êtes seul ?