Vos paroles, mes blessures.

Je devais avoir entre 11 et 13 ans lorsque je suis allée à ma première danse du vendredi soir…

Une amie, plus vieille que moi, m’offre de me maquiller. J’accepte avec plaisir : quel grand évènement! Je ne me souviens pas de la façon qu’elle a maquillé mon visage, seulement qu’une fois arrivé au gymnase, elle s’est tournée vers moi et m’a dit : « Une dernière chose, le rouge à lèvres! » Elle a retiré le tube de sa petite sacoche, s’est approchée de moi. Je me souviens de l’eyeliner blanc sur ses paupières, le bleu clair de ses yeux. Elle me dévisage. « T’as pas des belles lèvres! Sont pas maquillables! » Il ne m’est jamais venu à l’esprit de la contredire. Après tout, elle était plus vieille, plus mature, et surtout, confiante de sa personne. Alors je l’ai crue. Et je n’ai jamais reporté du rouge à lèvres.

Les années se suivent et niveau estime de soi, se ressemblent. J’ai passé des mois les cheveux détachés parce qu’une amie m’a dit que j’avais les oreilles trop décollées pour les laisser attacher. Puis une autre me que les cheveux lousses, c’est affreux. Alors une demi-couette devient mon port de tête habituel. On commente mon pantalon trop large, mon coton ouaté pas chic. J’ai honte de mon corps. Y-a-t-il quelque chose de beau chez moi?

Récemment, il est arrivé un pépin avec mon garçon. Son anxiété avait pris le dessus pendant une sortie de journée pédagogique et il est resté avec l’éducatrice tout le long. Elle a fini par lui dire qu’à cause de lui, elle manquait sa pause…

Je n’ai pas encore eu l’occasion de parler à cette femme, donc je n’ai pas reçu sa perception de l’incident, mais ce qui m’importe à l’instant est l’impact que ses paroles ont eu sur mon fils : il ne veut plus aller aux journées pédagogiques. Il ne veut pas être la raison que quelqu’un manque sa pause.

Les gens ne connaissent pas l’ampleur des blessures que leurs paroles peuvent causer. Évidemment, je suis consciente que la majorité des personnes n’auraient pas notre réaction à moi et mon fils . . . quoique de plus en plus de gens se découvrent cette sensibilité.

Cette récente situation m’a fait réaliser à quel point certaines paroles, dites de façon banale, avaient marqué ma vie. Alors je vais travailler sur moi-même et guérir de ces blessures en pleine conscience, en aidant également mon fils dans son cheminement.

Pour commencer…. Je vais m’acheter un rouge à lèvres.