J’étais assise au restaurant avec mon amoureux et on s’amusait à ne pas se prendre au sérieux.
On rit, on parle plus ou moins fort…, en fait, on ne fait pas du tout attention à ce qui se passe autour de nous, bref on a du fun, on profite de notre vie. Deux femmes partageant une bouteille de vin sont assises en diagonale de nous et je remarque qu’elles chuchotent en s’approchant l’une de l’autre par-dessus la table tout en nous lançant des regards latéraux pas très subtils. Moi, ça m’amuse, mais ça ne m’a pas toujours amusé… J’ai appris à faire attention, à me sentir mal, intimidée face aux regards et jugements des autres… Heureusement j’ai « désappris », par la suite.
Une mère et sa petite s’installent à la table juste à côté de nous. La petite est curieuse, pose plein de questions, s’émerveille de tout : « Ah ! regarde maman comme c’est beau les lumières suspendues ! » (Je suis tellement d’accord et j’ai dit la même chose à mon amoureux en arrivant). La mère, malheureusement, ne semble pas s’émerveiller des lumières ni de grand-chose…, en fait, elle a l’air fatiguée, point. Elle lui répond : « Chut !, baisse ton ton », mais ne fait aucun commentaire face à son attitude positive. Elle ne répond à aucune de ses questions, elle ne semble pas considérer ce qu’elle a à dire à ce moment-là. Après quelque temps, je constate que ça fait un bout que la petite ne fait plus un son. Je me retourne et je remarque qu’elle regarde ses mains avec un petit air triste. Quant à la mère, elle regarde son cellulaire, lève les yeux et dit à la petite, accompagné d’un balayage de la main : « Mange ton assiette. »
J’avais envie de dire à la petite de continuer de s’émerveiller, de continuer à voir la magie dans chaque petite chose autour d’elle, tellement ça m’a pincé le cœur. J’avais envie de lui dire que son meilleur outil pour la vie, elle l’avait déjà et devait à tout prix le conserver, sa perception d’enfant, ses lunettes positives, son beau cœur d’enfant.
Je repensais à mon enfance et j’ai réalisé qu’on dit souvent de ne pas faire, de parler moins, de parler moins fort, de ne pas m’habiller comme un clown, de ne pas obstiner les adultes. Ce que j’ai compris en grandissant et comment j’ai interprété le tout a défini ma perception de moi-même. Je devais être gênée, car j’étais trop exubérante, trop colorée, je prenais trop de place, j’ai donc dû me « rétrécir »… Ça été si compliqué (et encore beaucoup de travail est à faire) de rétablir ma grandeur, de prendre ma place.
Je sais très bien que toutes les manières d’éduquer les enfants sont en lien avec les croyances de chacun et que c’est rempli de bonnes intentions. C’est pourquoi j’écris ce texte afin de partager ma perception et mes réflexions. Qui sait? Peut-être que vous trouverez un sens dans ces mots et que vos croyances en seront changées.
J’ai décidé de reconnaître ce sentiment fort en moi et le laisser s’exprimer. On peut outiller les enfants à être grands, à prendre leur place, à ne pas avoir peur du ridicule, à être créatifs, uniques, à mettre leurs limites, débattre leurs idées. C’est possible et essentiel selon moi dans un monde où il est si facile de se perdre dans un océan de superficialité, de performance et d’obsolescence programmée.
C’est beau la vie, c’est un beau cadeau à protéger. Est-ce qu’on peut en profiter « en paix » et mettre l’énergie vers les choses qui ont un impact positif dans notre vie? Vive les enfants et leur émerveillement, vive les adultes qui restent enfants dans leur cœur. Soyons donc, en tant que société, des adultes qui aident les enfants à garder leur lumière, ce regard positif rempli d’espoir.
Dodo dit
Quel beau texte, je suis tellement d’accord avec toi! Je remarque beaucoup de parents accrochés à leurs cellulaire qui se preoccupent peu de ce que leur enfant a ou aurait à dire et pourtant c’est vraiment plus intéressant et enrichissant que le fameux cellulaire…
Bravo à toi, continue ma belle Gege! Xxx
Genevieve dit
Merci ma belle Dodo!
C’est pas toujours évident d’Être dans cette société qui roule vite! Merci pour ton beau commentaire! Xxx