Tu te souviens quand on s’est rencontré? Je n’en voulais pas d’enfants. J’avais la chienne de leur faire vivre un calvaire, avec mon tempérament houleux.
Puis, lentement, j’ai aimé l’idée d’avoir des petits humains à nous. Aimais l’idée d’une représentation physique de notre amour et notre affection l’un pour l’autre.
Notre couple était solide. Tu me comprenais et pouvais me tenir tête. Et je savais que tu protègerais nos enfants, tu ne me laisserais pas disjoncter. Tu avais le pouvoir de me grounder; tu me comprenais.
Lorsque nous sommes partis de notre bachelor pour emménager dans notre maison, j’étais enceinte de trois mois de notre aîné. Toi tu étais camionneur, longue distance, mais ce n’était que temporaire qu’on s’était dit, le temps de faire un coup d’argent avec l’achat de notre maison. Puis, dix mois après la naissance de notre fils, je suis à nouveau tombée enceinte et ton statut temporaire devient une nécessité. La maison, les enfants, moi étant à la maison, ce n’était plus un choix; l’argent devait rentrer.
Alors je me retrouvais seule plus souvent que non, avec nos deux enfants. Des fois seulement cinq jours, parfois dix ou quinze. À force d’essayer de m’auto-gérer, en plus des enfants, je ne tenais plus debout en soirée. Je manquais de gaz mental, je dérapais.
Tu n’étais pas là pour me grounder, et tu n’étais pas là pour protéger les enfants quand, inévitablement, je disjonctais.
J’ai appris tellement sur moi-même, à une vitesse d’escargot, mais appris quand même!
J’ai appris que Liam n’aime pas les surprises, les changements, même si la « surprise » était son père qui revenait de voyage. Pour moi, ce bout-là était facile à régler; j’avais seulement à expliquer les changements ou les visites à Liam, ce qui le rassurait. En même temps, j’en ai appris sur toi; tu refusais ce côté plus sensible de notre fils. Tu disais devoir le forcer, accumuler les surprises, l’endurcir. Mais… tu étais dans un autre pays quand venais le temps de ramasser les petits morceaux qui était notre fils anxieux et mentalement surchargé…
Notre fille, elle, était porté à faire des crises de larmes qui déclenchait tous les signaux d’alarmes dans ma tête qui me faisait rager et crier et pleurer moi-même. J’en ai dont fait des erreurs avec cette enfant; mais elle ne demandait qu’à être rassurée à sa façon.
Après sa crise terminée, elle voulait inévitablement être dans mes bras et moi, pour qui la rage perdurait, n’y arrivais pas. Je m’embarrais dans la salle de bain, nez collé dans la moustiquaire, à inspirer, tandis qu’elle frappait dans la porte en pleurant. Lorsque je m’en sentais capable, j’ouvrais la porte, je m’agenouillais, et je prenais ce petit être qui avait tant pleurer, dans mes bras, pour la rassurer que oui, maman l’aimait encore. Et elle repartait en gambadant. Dieu qu’elle était heureuse dans ces moments-là.
Ah, si je pouvais retourner en arrière avec ce que je sais aujourd’hui…
Je t’aurais quand même choisi. J’aurais quand même eu tes enfants, parce que sans toi, sans eux, je ne serais pas la femme que je suis aujourd’hui, et ça, ça serait vraiment dommage.
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