Il y a quelques années, je me suis liée d’amitié avec une fille qui avait un TPL.
Je n’ai jamais, de ma vie, connectée avec quelqu’un aussi rapidement qu’avec elle. Les personnes TPL sont intenses; elles aiment, elles détestent et elles subissent leurs émotions. Ce qui veut dire que les gens qui les entourent subissent leurs émotions également. J’ai arrêté de parler à cette amie en réalisant que ses hauts et ses bas déclenchaient les miens aussi et je trouvais de plus en plus irritant d’essayer de la suivre.
Alors quand, il y a trois ans, une psychiatre m’annonce que moi aussi j’ai un trouble de personnalité limite…
J’étais dans le déni totale. « Hein? Ben non. Je ne suis pas comme elle, moi! » J’ai dont fait des recherches suite à ça. Livres de bibliothèque, recherches Google, divers site web. Plus je lisais… plus je me reconnaissais là-dedans.
Puis on m’appel pour une pré-rencontre avec une thérapeute qui doit confirmer le diagnostique avant de m’accepter dans la thérapie de groupe. Elle me pose pleins de questions.
Mes émotions, je les vis comment? Haut et bas extrême, surtout la rage, rarement un juste milieu.
Ma relation avec l’argent? Dépense extrême suivi de culpabilité extrême.
Relation avec moi-même ? Vide. Gouffre. Solitude. Incompréhension.
Relation avec les autres ? Pendant longtemps, je me qualifiais de caméléon. Ce que mes amies étaient, j’étais, sans me rendre compte qu’en me moulant à eux, je me retrouvais sans personnalité à moi. Maintenant, j’ai simplement peur qu’on m’abandonne. J’ai peur qu’on se tanne de moi. Je ne vois pas pourquoi mes amis tiennent à moi et m’aiment; je ne vois pas ce que j’ai à leur offrir versus ce que je reçois d’eux.
Relation avec la nourriture? Ah! Le combat d’une vie. Je m’empiffre, puis je m’empêche de manger. Je vais au dépanneur, je ramasse cinq sacs de bonbons et je les mange tous en dedans de cinq minutes. Sans me dire que ce n’est pas bon pour moi, que faut j’arrête. Puis, évidemment, la culpabilité extrême.
Automutilation? Jamais.
Idée suicidaire? Jamais.
La thérapeute me demande doucement ce que je recherche dans la vie? Je n’ai pas besoin de réfléchir: « l’équilibre! Ça se trouve, ça? »
Elle me sourit. « Tu n’as pas recherché les TPL sur Google? Une personne avec un trouble de personnalité limite ne trouvera jamais l’équilibre sans thérapie. C’est une des grosses caractéristiques des TPL. » Il a comme eu une espèce d’ampoule qui s’est allumée dans mes pensées à ce moment-là. Un poids s’est soulevé de mes épaules. Et je comprenais soudainement que je m’étais fait beaucoup de mal pendant des années, à me détester et à m’en vouloir d’être comme je suis, sans savoir que c’était neurologique. Que j’avais réellement besoin d’aide.
Avec ma transparence habituelle, j’annonce sur Facebook que j’ai un TPL et une amie vient me voir en privé.
Elle me dit qu’elle s’y connaît en TPL, qu’elle me connait et que le diagnostique est faux. J’ai beau essayé de lui expliquer qu’elle ne me connaît qu’en surface, qu’elle ne me voit pas déraper, disjoncter, rager; elle ne m’écoute pas.
Mais, elle a eu la même réaction que moi quand j’ai su que j’étais TPL, comme mon amie, « Hein ben non! Je ne suis pas comme elle! » Effectivement, je ne le suis pas. Je suis comme moi. Avec mes propres haut et bas, avec ce qui me déclenche moi, et ce qui me soulage, moi.
Depuis, j’ai suivi les thérapies de groupe qui m’ont fait énormément de bien.
Un groupe d’une dizaine de personnes qui comprennent mes réactions. Un groupe qui me fait réaliser que je ne suis pas seule là-dedans, et qu’il existe des moyens pour être capable de gérer ses extrêmes.
Alors, voilà. Je suis moi.
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