J’en ai vu des psychologues dans ma vie, moi…
La première est celle que j’ai vu au privé. Je lui expliquais que clairement, j’étais trop «control freak» et que je devais trouver des façons de modérer ça car je rendais la vie très difficile à mon mari et mes enfants.
Elle m’évalue et m’annonce que je fais de l’anxiété généralisé. Je me souviens de la légèreté que je ressentais en quittant son bureau; j’avais finalement un nom pour expliquer mes réactions. J’en parle ouvertement sur Facebook et j’apprends que plusieurs personnes avaient reçu le même diagnostique que moi. « Mais… pourquoi vous n’en parlez pas? » Elles m’expliquent, chacune à leur façon, qu’on ne parle pas de ces choses-là. Je comprenais dont pas pourquoi. Ça m’aurait énormément aidé de savoir que je n’étais pas seule là-dedans. Prises dans ces pensées, ces peurs et ces émotions.
Alors j’en ai fait ma mission personnelle d’en parler, pour disperser les tabous.
Mais ce n’est pas parce que j’en parlais que les gens comprenaient…
Peu de temps après tout ça, mon (ex) mari et moi avions décidé de vider toute la nourriture qu’on avait dans nos armoires, frigo, congélateur et refaire une bonne épicerie. J’y vais un bon matin avec mon garçon et je suis heureuse; j’adore faire l’épicerie et imaginer les différents repas que je ferai. Puis, j’arrive à la caisse et je réalise que le total monte rapidement et que, contrairement à mon habitude, je n’ai pas vérifié le montant que j’avais dans mon compte de banque avant de partir. La panique s’empare de moi et soudainement, mes sens sont en alerte. J’arrête la caissière, je lui demande d’attendre et les chiffres défilent dans ma tête. Je regarde ce qu’elle a déjà passé versus ce qui reste. Je regarde le montant à payer. J’entends mon fils rire, tourner en rond, je sens l’impatience de la caissière et des gens qui attendent derrière moi et j’ai le goût de pleurer. Montant, fils, caissière, tout se mêle dans ma tête. Je demande à la dame de prendre seulement les fruits et légumes qu’il restent à passer et de retourner le reste. Elle le fait, puis appelle le commis qui arrive: « retourne ça. » « TOUT ça!? » Qu’il répond. J’ai tellement honte.
Ma carte de débit passe sans problème, la caissière passe un autre client et je me dépêche de tout emballer, tête basse, honteuse. J’entends mon fils rire et j’ai juste envie de lui crier après de rester tranquille. De crier aux gens de m’ignorer.
Je quitte et j’appelle une amie en pleurant. J’ai beau avoir acheté pour 400$ de nourriture, j’ai peur qu’on manque de nourriture. Peur de ne pas pouvoir nourrir ma famille. Peur de faillir en tant que mère… Peur, peur, peur. Je lui raconte tout ça et elle me répond, « Ben voyons Tanya, tu ne trouves pas que t’exagères ?! »
Du coup, la peur disparaît et la rage embarque, dans le tapis. J’arrive chez moi, et une fois l’épicerie rangée, j’embarque sur Google et je recherche, « anxiété généralisé pour les nuls. » Je me dis qu’il doit bien exister un livre de ce genre, non? En fait, non, mais il y avait de nombreux exemples.
Un en particulier m’avait bien marqué: une femme perd ses clés. Une personne «normale» va trouver ça plate et se fâcher. Mais une personne anxieuse va emmener ça ben loin. Du genre, « oui mais si j’ai perdu mes clés, je ne peux pas conduire ma voiture et si ma meilleure amie se pète la tête et qu’elle a besoin d’un lift à l’hôpital, et oh mon Dieu! Ma meilleure amie va mourir parce que j’ai perdu mes clés! »
C’est exagéré, oui? Effectivement. Logiquement, on le sait. Mais notre cerveau est programmé à réagir comme si notre vie était réellement en danger. Comme si notre meilleure amie pourrait réellement mourir si on perd nos clés. La peur est réellement là pour nous et l’adrénaline est pompée dans notre système. Réagit! Réagit! Sauve-moi! Fais quelque chose! Puis la peur et l’adrénaline finit par tomber et nous aussi on tombe. C’est épuisant avoir le cerveau si actif tout le temps.
J’ai partagé cet article sur les réseaux sociaux et l’amie en question est venue me parler. Elle a compris le pourquoi du partage et également compris ma réaction du matin. Elle s’est excusée.
Mais… ces réactions et ces situations sont les raisons que je parle si ouvertement de mes diagnostiques et de ma santé mentale. Parce que les tabous doivent être dispersés. Parce que les personnes anxieuses doivent être comprises, acceptés et permises de se déposer et de chercher de l’aide au besoin.
Si jamais vous avez besoin de parler… venez me voir. Je saurai vous écouter.
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