Adieu mon petit ange, petit être que je ne rencontrerai jamais…
Mon petit boubou comme je t’appelais affectueusement, tu n’avais que la grosseur d’un petit pois et je t’aimais déjà.
Mais te donner naissance dans cette tempête qu’était ma vie aurait été un geste égoïste de ma part.
Car comment est-ce possible d’aimer un être si pur lorsqu’on ne s’aime pas soi-même?
Donner la vie quand on est éteint à l’intérieur?
J’aurais voulu t’offrir la lune alors que je ne savais même pas comment c’était réellement sur terre, j’étais ailleurs.
J’aurais voulu que tu puisses voir la beauté de la vie alors que je ne la voyais pas moi-même.
Je devais me défaire de toi.
Quel choix déchirant ce fut, j’ai probablement pleuré toute les larmes de mon corps cette journée-là, entre ces murs blancs où plus d’une femme vivait cette souffrance, chacune à sa façon.
Accompagnée de celle qui m’avait donné la vie, moi j’allais donner la mort.
Détestant de tout mon être celles qui avaient la possibilité d’être maman, celles qui avaient cette force que moi je n’avais pas.
Faire mon deuil de toi ne fut pas chose facile, ce petit habitat que tu te créais en moi n’était plus.
Un grand vide s’est créé, réalisant que tu ne me dirais jamais bonjour à coup de petits pieds dans ma bedaine …
Que je ne te tiendrais jamais dans mes bras,
Que je ne sentirais jamais ta chaleur sur mon corps,
Que je ne toucherais jamais la douceur de ta peau,
Que je ne tiendrais jamais ta petite main si fragile,
Que mon regard ne se perdrait jamais dans le tiens,
Que je n’entendrais jamais ton rire, je ne verrais pas ton sourire non plus.
Cette décision-là m’a fendu le cœur, mais je l’ai prise pour ton bien.
J’étais dévastée, je croyais que je ne serais jamais maman si ce n’était pas à cet instant précis.
Cependant c’était le plus beau cadeau que je pouvais te faire, tu n’as pas demandé à venir au monde dans cette vie chaotique qu’était la mienne.
Aujourd’hui, maintenant que la tempête est passée, que je ne déteste plus toutes les mamans du monde et que je réalise à quel point la vie est belle, j’ai enfin compris. Je rêvais de te bercer, de t’aimer, de te cajoler, alors que c’est moi qui avais besoin de l’être… Donc, je ne pouvais te l’offrir…
Avec le temps je pense de moins en moins à toi, je l’avoue. Les souvenirs s’estompent avec le temps, la douleur a disparue, et c’est le cœur rempli d’espoir que je me donne le droit de rêvasser à la famille que j’aurai un jour… à la maman que je serai…
Adieu mon petit ange.
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