J’ai toujours instinctivement compris mon fils.
Lorsqu’il avait 14 mois, son éducatrice me dit en fin de journée que Liam avait fait une crise tellement forte que même son conjoint était descendu investiguer ; on ne l’entendait jamais cet enfant-là.
Je lui demande, « tu faisais quoi ? »
« Du ménage dans la pièce, et j’ai déplacé la table…. »
« Ah, ben, c’est ça. Mon fils n’aime pas le changement… »
La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre…
J’avais peut-être 24-25 ans lorsque mon ex-mari m’a fait remarquer doucement, suite à une énième chicane, que je réagissais de cette façon que lorsqu’il y avait des changements dans nos plans. Ça été un moment d’illumination pour nous deux, cette réalisation.
Alors oui, je comprenais facilement mon fils.
Plus il vieillissait, plus il perdait cette belle insouciance d’enfant.
À 3-4 ans, ses questions reposaient incessamment sur les « tu m’oublies pas à la garderie ? Tu viens me chercher à quelle heure ? Tu ne m’oublies pas, hein? »
Puis, il rentre à l’école. Sa première sortie scolaire dans un parc d’amusement, les questions se multiplient.
« Il va avoir trop d’enfants, ils pourraient m’oublier là ! »
« Ben non Liam, ils vont faire le décompte avant de sortir, puis dans l’autobus. »
« Mais s’ils se trompent de Liam ? »
« Ils vont compter les têtes, mon amour. »
« Mais si un ami bouge, et ils le comptent deux fois et partent sans moi ? »
« Ben, Maman va aller te chercher. »
« Mais si les personnes barrent les portes et je suis pris dedans ? S’ils ne me trouvent pas parce que j’ai peur et je suis caché et ils ferment les lumières et s’en vont ? »
« Je vais défoncer la porte et te sauver ! »
« Tu ne peux pas, c’est interdit et la police va t’attraper et je vais être seul… »
Il avait 5 ans à ce moment-là….
Avoir un enfant anxieux, ça peut être lourd à porter.
C’est qu’on ne trouve pas toujours la bonne réponse. Des fois, il n’en a pas de réponse. C’est de vouloir lever le ton, couper court à la conversation, car tu paniques toi-même à l’idée impossible de ton enfant embarré dans un centre d’amusement sombre, toute une nuit….
C’est se rappeler avoir été une jeune enfant qui était terrifiée que sa maison passe au feu. Qui priait à chaque soir que Dieu nous protège. C’est d’avoir, nuit après nuit, visualisée un système de poulies que je pouvais créer, du haut de mes 8 ans, en cas de feu, qui partirait de ma fenêtre de chambre du 2e étage et duquel je pouvais sauver ma famille entière.
Comme j’ai dit, la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre…
Mais avoir un enfant anxieux, c’est aussi avoir un enfant sensible. Un enfant empathique. Un enfant qui aime aider et se valoriser.
Durant la rentrée scolaire cette année, on a retrouvé l’ami de classe de maternelle à Liam qui nous suivait partout. Liam a fini par lui demander, « tes parents sont où ? » « Bah, ils m’ont déposé à l’école et sont partit travailler. » Haussement d’épaules. « Reste avec nous ! » Je lui dis, puis ma mère lui prend ses sacs pour l’aider. Liam lui dit, « donne-moi ta main, pour pas que tu nous perds. »
Puis, cette semaine, suite à une prise de bec avec ma fille, je suis allée dans ma chambre, et j’ai éclaté en sanglots. J’ai entendu mon fils descendre, s’arrêter à la porte ouverte de ma chambre, puis partir en courant. Une minute, plus tard, il m’avait entouré de ses doudous et ses toutous préférés, puis m’avait entouré de ses bras en me murmurant à l’oreille, « Respire Maman, tu vas aller mieux, respire avec moi. » Il me flattait les cheveux doucement en prenant des grandes inspirations avec moi, jusqu’à ce que je sois prête à me relever.
C’est aussi ça avoir un enfant anxieux, et je le changerais pour rien au monde.
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