Tout être humain vit de l’anxiété à un moment ou à un autre de leur vie.
Que vous soyez mère, père, cousin, mari, femme, sœur ou frère, vous avez déjà vécu un moment stressant comme un nouvel emploi, un déménagement, la perte d’un être cher…
Je suis moi-même une personne anxieuse dans la vie. Je gère, je respire et je vis bien malgré mon anxiété. Alors avoir un enfant anxieux ne me faisait pas peur. Je suis capable de la rassurer et de lui donner l’amour qu’elle a besoin. Ma fille, lorsqu’elle était en bas âge avait plusieurs peurs, peur du noir, peur des étrangers, peur des orages. Des peurs que plusieurs enfants ont. J’étais outillé à l’aider à gérer son anxiété….
Jusqu’au jour, ou elle est venue me voir, me disant « maman, je vais mourir »
Elle avait 8 ans…
Durant quelques jours, j’ai accompagné ma fille, dans ses crises de panique, ou elle croyait mourir, qu’elle me disait voir des points noirs et qu’elle entendait bourdonner dans ses oreilles. Elle restait à mes côtés, prenait ma main et la posait sur son cœur. Je devais lui dire que oui, il battait encore, que oui, elle était bel et bien vivante.
Suite à cet épisode, nous avons consulté sa pédiatre, qui l’a alors rassuré de son état de santé, elle lui a dit que tout était « ok ». On nous a mis en contact avec le CLSC de notre secteur pour avoir les services d’une psychoéducatrice et elle nous a donné le diagnostique d’un TAG. https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/sante-mentale-maladie-mentale/trouble-anxiete-generalisee/
Plusieurs mois ont passé, je pourrais même dire plus d’un an….
Elle fait des progrès, mais aussitôt qu’un événement plus stressant arrive, on repart à zéro… de retour à la case départ. Quand on croit voir le but de près, tout s’écroule.
C’est alors qu’on m’explique ce que c’est un TAG. Un TAG est un Trouble d’Anxiété Généralisé. Oui, ça je savais…. Mais encore ?!
On m’a donné l’exemple suivante :
Ma fille avait une peur bleue des toilettes publiques. Spécialement celles qui « flush » toute seule… Tellement qu’elle se retenait pour ne pas y aller. Elle se retenait aussi lorsqu’on était en visite ailleurs de la maison.
On m’a alors parlé de l’escalier. Le palier le plus haut de l’escalier, est le but qu’on aimerait atteindre. Dans ce cas-ci, ce serait d’être capable, d’aller aux toilettes quand elle en ressent le besoin. Voici donc les étapes à réussir pour y arriver.
Maman (ou papa) vient à la toilette avec moi, rentre dans la cabine (ou dans la salle de bain inconnu) et si besoin, met sa main sur l’œil magique de la toilette automatique.
Maman vient à la toilette avec moi, rentre dans la cabine mais ne met pas sa main sur l’œil magique.
Maman vient à la toilette avec moi, mais reste à l’extérieur de la cabine juste de l’autre côté de la porte.
Maman vient avec moi à la toilette et reste à l’extérieur de la salle de bain (exemple, avec papa, ou avec ses sœurs)
Aller à la toilette par elle-même, sans avoir peur.
Ces étapes semblent bénignes pour quelqu’un qui n’a pas peur des toilettes, mais dans ce cas-ci, c’était des étapes difficiles pour ma fille. On ne grimpe pas une marche d’escalier tant que l’étape n’est pas acquise.
Maintenant revenons à une enfant anxieuse, sans TAG. Cet enfant va faire les paliers sur plusieurs semaines/mois.
Elle va aller à la toilette avec maman au restaurant, au magasin, chez Mononcle Richard, chez grand maman, à l’épicerie, à l’aréna, à l’école, chez une amie, etc. Et sa peur des toilettes va diminuer, graduellement, avec l’aide de maman (ou papa).
Or, un enfant avec un TAG n’aura pas le même parcours. Alors que l’enfant anxieux a été au toilette une vingtaine ou une cinquantaine de fois (dépendamment de la gravité de la peur) avant de voir sa peur diminuer ou même disparaitre, l’enfant avec un TAG devra avoir été au toilette 20x au restaurant, 20x chez Mononcle Richard, 20x chez Grand maman, 20x à l’épicerie, 20x à l’aréna, 20x à l’école, 20x chez une amie….
Voyez la différence ? Le parcours est BEAUCOUP plus long. Alors quand j’avais l’impression que c’était tout à recommencer, ça l’était… pour cet endroit-là ou cet événement-là. Chaque peur, qui nous semble banale à nous, adulte, prend 20x (ou 50x) plus de temps pour un enfant souffrant de TAG.
J’écris ce texte pour me faire comprendre, car quand je dis « ma fille est anxieuse, elle a un TAG » je me fais regarder comme si « c’était juste ça », comme si, je pouvais juste la pousser un peu plus à affronter ses peurs et lui dire « awaille, fait le pareil, vas-y pareil, arrête d’avoir peur ».
Chaque jour est un combat pour elle, chaque nouvel événement est stressant, chaque nouvelle place, chaque nouveau visage et bien plus. Soyez indulgeant, compréhensif et respectez le rythme de chacun.
En grandissant elle va comprendre et va pouvoir vivre avec son TAG. Car oui, on vit avec.
Lise Charbonneau dit
Avoir une fille de presque 30 ans avec un TAG ça se peut aussi! Elle habite encore avec nous et c’est encore un combat de se trouver un emploi et de le conserver. Incompréhension de la part des employeurs est encore là.
Julie Barbe dit
C’est effectivement un combat de tous les jours, peu importe l’âge. Bonne chance!
Florence dit
Bonjour,
Qui pose le diagnostic? Ma fille est anxieuse, tout la tracasse, elle a 3 ans et se pince le cou ou mange ses ongles à la moindre situation stressante. Quand j’en parle, j’ai l’impression que les gens pensent que c’est moi qui lui invite des problèmes ou que c’est moi qui la rend comme ça. Je ne sais pas trop vers qui me tourner du coup…
Merci beaucoup pour ce témoignage en tout cas.
Julie Barbe dit
C’est un pédiatre qui a diagnostiqué ma fille. Pour qu’un diagnostique de TAG soit donné, les symptômes doivent être présent depuis plus de 6 mois et doivent empêcher l’enfant de suivre ses activités. Je vous invite à consulter votre médecin traitant. Bonne chance pour la suite.