D’une façon ou d’une autre, on appréhende ce moment. Ce grand moment où tout semble basculer. Ce grand moment où l’on saute dans le vide.
Le vide, c’est cette espèce de tremplin sur lequel on passe, on se laisse aller dans le processus. Cette bascule qui ne se fait pas tout le temps parce qu’on ne s’y abandonne pas. Mais pourtant, quand on embarque sur cette vague, c’est magique. On a l’impression d’avoir puisé aux fonds de nos ressources et toucher à cette ligne délicate qui fait de nous des femmes. C’est aussi pour cette raison que quand ça ne se passe pas comme espérer, ça prend du temps, beaucoup de temps pour passer par-dessus. Et quand on y ait passé une fois sans toucher à cette dimension, cette peur est toujours là.
Vous l’avez peut-être deviné, je parle du moment où l’on s’abandonne à notre douleur d’accouchement.
Celle qui nous amène au plus profond de nous même, qui nous fait douter de nos capacités, celle que l’on voudrait tant éviter entre deux contractions, celle qui nous amène à croire que ça ne finira pas, celle qui nous fait croire que l’on n’est pas normal. Bref, pour toutes sortes de raison, aussi personnelle soit elle, cette fameuse douleur d’accouchement.
On comprend maintenant l’importance de cette douleur. L’essentiel c’est d’y voir que c’est un parcours qui nous mène à notre bébé, qui trace le début de ce lien d’attachement. Ça aide à développer l’instinct maternel. C’est vrai que ‘’cet instinct’’ n’est pas inné. Plonger dans cette douleur permet de mettre en place un cocktail hormonal si puissant qu’il aide la femme à développer cet instinct. Avoir travaillé si fort pour toucher ce petit être. Ça engramme merveilleusement le mécanisme des hormones, chimie de l’accouchement. Tout se rattrape et se travaille après mais si cette douleur est là, cet attachement débute instantanément.
La douleur est très mal vu dans notre société, on cherche toujours des solutions pour l’enrayer.
Normal que rendu à l’accouchement tant de femmes aient peur. C’est tout un processus qu’il faut réapprendre, celui de voir l’envers de la médaille, d’y voir le pourquoi. Ça nécessite de la curiosité, un lâcher prise. Et chercher à comprendre tout ça.
Cette douleur, il faut se permettre de s’y abandonner. Entrer en soi pour aller rencontrer ce petit être, cette douleur. Dans la société actuelle, entrer en soi est pour moi notre nouvelle mission de survie. Tout nous amène vers une rapidité, une consommation, une stimulation sur tous les plans. Ce n’est donc pas un exercice facile. On doit se donner du temps pour aller rencontrer cette dimension de nous même. C’est la même chose pour la douleur d’accouchement. Il faut s’y préparer. Il est difficile d’entrer dans cette douleur si on n’est jamais entrer en soi. Ça demande de la pratique. Et pratiquer l’abandon, le lâcher prise n’est pas chose facile. Mais ô combien formidable lorsqu’on y arrive.
Préparer l’arrivée de bébé est une belle aventure. Il faut faire non seulement du ménage dans la maison mais dans sa propre maison, nous même. Cela nous permet d’accéder plus facilement à ce lâcher prise, à cette douleur. Et finalement, à la plus belle des merveilles, notre bébé!!!
Alors mamans enceintes, à vos tremplins, je vous souhaite un grand saut, périlleux, réussi ou non, mais donnez vous la peine d’essayer de le vivre.
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