J’ai tellement peur qu’en vieillissant, vous m’en vouliez en pensant au passé. Parce que c’est ce que les enfants font, non?
Ils en veulent aux générations précédentes sans chercher à comprendre.
J’ai toujours été transparente avec vous, j’ai toujours expliqué mes hauts et mes bas et quand vous vous servez de vos moyens, je suis si fière de nous. Tout ça, c’est facile pour moi. J’ai peu de mérite sauf celui de prendre le temps de vous expliquer.
Mais voyez-vous ma panique quand vous me parlez d’aller aux glissades d’eau? Ou de descendre la montagne en tripe? Ou encore essayer le ski? Le soccer? La danse? Comprenez-vous à quel point je n’arrive pas à envisager de, mentalement, gérer ces situations en plus de vous gérer? Que d’affronter des nouvelles situations, sans savoir ce qui nous attends, déclenche mes crises d’angoisses?
Est-ce que vous savez qu’à toutes les fois que j’ai entamé une nouvelle médication, c’était dans le but de contrer cette anxiété, cette peur quasi-permanente? Mais qu’au bout de la ligne, les effets secondaires ont eu raison de moi, et tout était à recommencer.
Allez-vous m’en vouloir si je fais le choix d’arrêter les médicaments et d’essayer de trouver d’autres façons de cheminer?
Est-ce que vous ressentez ma peine et ma culpabilité quand je vois tout ce que mes amis arrivent à faire avec leurs enfants et d’envier les souvenirs qu’ils créent?
Est-ce que vous sentez ma fébrilité quand je me dis que c’est seulement glisser une montagne. Tanya, réfléchit!
Étape 1 : Pipi
Étape 2 : Habille
Étape 3 : Traîneau
Étape 4 : Go!
….. Oui, mais……. S’ils ont faim? S’il y a trop de monde? Et que je me gère pas bien? Et s’il y a une espèce d’étiquette de conduite que je ne connais pas parce que je sors jamais? Et s’ils ont envie et on ne se rend pas à la maison à temps? Et si….. on abandonne le projet?
Est-ce que, sans le savoir, je vous cache dans une boîte, sans vous démontrer qu’il est possible de vous en sortir?
Parce qu’il est possible, possible de prendre des décisions à tous les jours ou semaines ou mois et de faire une chose pour contrer nos peurs. Possible de demander de l’aide, d’être accompagné par des personnes de confiance. Possible de s’encourager à chaque étape et possible d’être fier de nos succès.
J’espère qu’en vieillissant, lorsque vous allez inévitablement regarder vers l’arrière, vous allez comprendre et savoir que, comme toutes les générations précédentes, j’ai fait de mon mieux. Pour m’améliorer, nous outiller mais surtout, pour vous aimer.
Maman.
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