Je sais que pour les accouchements la «norme» est l’hôpital en général, mais je déteste le milieu hospitalier car je ne m’y sens pas à l’aise.
Pour mon accouchement je souhaitais essayer une méthode alternative sans médication (Oui, oui vous avez bien lu, cela veut bien dire sans épidurale …). Je ne voulais pas nécessairement accoucher à la maison, c’est là que j’ai découvert la maison de naissance et les services qu’elle offrait. Pour une jeune fille effarouchée par le système de santé classique cela paraissait être «Le meilleur choix».
Mais une maison de naissance qu’est ce que c’est au juste ?
La meilleure définition que j’ai trouvé, c’est celle du site babycenter : «La maison de naissance est une alternative entre l’hospitalisation classique et l’accouchement à la maison. La maison de naissance est un établissement du réseau public de la santé, distinct du domicile et du centre hospitalier, où la sage-femme assure le suivi de la femme enceinte et de sa famille, pendant la grossesse, l’accouchement, et les six premières semaines post-partum.»
Accoucher en maison de naissance est un privilège aujourd’hui car il n’y en a pas partout et tous les dossiers ne sont pas acceptés malheureusement. En effet, le nombre de places est limité et les grossesses à risque ne peuvent pas être prises en charge par les sages-femmes au Québec. J’ai eu tellement toutes sortes d’avis par rapport à ce choix. Comme pour l’hôpital il y a du positif et du négatif. Et bien j’ai choisi de ne pas m’en occuper et de vivre ma propre expérience. Je vous la partage ici.
Après avoir rempli mon dossier d’inscription à la maison de Naissance et avoir reçu un appel positif de leur part, j’ai vraiment sauté de joie. C’était un peu noël avant le temps, un cadeau du ciel. J’avais une place au sein de la, tant convoité, maison de naissance proche de chez moi. J’étais à l’aise avec les sages-femmes, je connaissais leur rôle et leur travail. En France, mon pays de naissance, elles exercent directement au sein des hôpitaux pour la plupart.
Je vais donc vous parler du jour de la naissance de chacune de mes belles princesses qui sont arrivées dans ce monde avec à deux ans et un jour d’intervalle. Deux accouchements très différents, mais qui ont débuté au même endroit.
Premier round
Pour mon premier bébé, l’univers à décidé que je rentrerais dans les spécificités statistique de la maison de naissance et de l’hôpital. En d’autre terme mon expérience a été assez particulière ici.
Mon accouchement à donc commencé à la maison de naissance à 19h le 10 mars 2016 et s’est terminé le 11 mars 2016, là où je ne voulais absolument pas finir, c’est-à-dire à l’hôpital…
J’ai tout de même énormément apprécié mon expérience, même si je suis entrée dans les statistiques des moins de 10% de transferts vers l`hôpital, ce qui est très rare.
Mon suivi a été fait par les sages-femmes de la maison de naissance et j’ai adoré cette expérience. C’est très chaleureux et la prise en charge est vraiment individualisée. On prend le temps de vous écouter et de vous rassurer. Bref c’est ce que je voulais et j’étais aux anges. À ce moment là, elles m’avaient parlé d’une possibilité de transfert vers l’hôpital mais je ne me suis pas renseigner auprès de ce dernier, car pour moi cela n’arriverait pas.
Erreur. Lors de mon premier accouchement, j’ai dû être transféré le lendemain de mon admission, au bout de 16h de travail entrecoupé, car j’avais rompue la poche des eaux mais que mes contractions se sont arrêtées. Tout allait bien, j’ai donc pu y aller par moi-même. Je n’avais qu’à traversé la rue. Ma sage-femme m’a rassurée, elle connaissait bien le médecin obstétricien de garde et m’a expliqué le déroulement des choses. Nous nous sommes retrouvés dans un univers dont on ne connaissait pas grand-chose, et nous sommes arrivés à l`hôpital (à notre insu, à ce moment là) dans une situation particulière …
Notre sage-femme est restée avec nous pour nous aider puis est partie se reposer pour revenir quand m’assister lorsque les contractions ont repris. J’ai alors rencontré l’interne qui s’occupait des suivis tout s’est bien passé mais on a oublié de me dire que je ne pourrais pas finir d’accoucher comme je le voulais. Ils étaient débordés, car je suis arrivé dans un rush d’accouchements, tous les bébés ont décidé d’arriver en même temps! J’avais un peu l’impression d’être à l’usine à bébé … On arrivait tellement d’un autre monde… Heureusement pour eux, cela est loin de se passer de cette façon tous les jours !
Bref, ma fille a décidé de sortir au moment où, l’équipe se préparait à une césarienne d’urgence pour une autre maman.
La saga mauvais timing continu … Le problème c’est que je ne savais pas que je ne pouvais pas accoucher debout, ma position préférée, du moins celle dans laquelle j’étais le plus à l’aise car je ne voulais pas d’épidurale. C’est dans cette position que je gérais le mieux mes contractions (même si selon mon conjoint, il avait l’impression que j’allais mourir à chacune d’elles. Haha…)
Bref, le médecin arrive on change de position et on fini de sortir bébé que je n’ai pas pu retenir au complet, la tête s’est engagée le temps de préparer ce qu’il fallait pour m’installer. Pourtant croyez-moi ils n’ont pas trainé. Résultat des courses, j’ai accouché dans un environnement qui pour moi était stressant, dans une forme de grosse urgence, mais on a été très, très heureux de l’accueillir. Elle est venue au monde en superman, le bras en avant, mais il ne manquait rien.
Avec le protocole hospitalier, il y a énormément de monde dans la chambre, le moniteur et tout ce n’est pas très calme comme ambiance.
Mais quand bébé arrive plus rien d’autre n’a d’importance…
Bizarrement, je n’ai pas totalement détesté cette expérience, j’ai pris les choses comme elles venaient, je n’ai pas stressée lorsque l’on m’a annoncé que je faisais un grosse hémorragie et que tout le personnel s’est mis au travail (je pense que les hormones de grossesses ont aidé aussi, hihi ). Il y avait des risques mais j’étais bien entourée. La chose qui m’a vraiment déplu c’est que l’on devient vite un dossier parmi d’autres, vous ne voyez pas toujours les mêmes personnes et qu’on ne nous à pas vraiment écouté. La communication est réduite à l’essentiel et parfois même, elle est inexistante. Mon conjoint s’est retrouvé à devoir courir après une infirmière qui venait de lui enlevé notre fille des bras, mais nous ne savions ni pourquoi, ni où ils l’emmenaient. Finalement à cause de sa jaunisse elle partait en couveuse à la pouponnière. Il y a aussi les réveils nocturnes qui ne sont pas toujours fait en douceur, c’est épuisant pour les parents et les bébés je trouve.
Mon amie qui a accouché au même endroit quelques mois plus tard n’a pas du tout vécue cette expérience là, c’était tout l’inverse. Je pense que la façon dont vous êtes traité dépend grandement du moment où vous accouchez. Je pense que le manque de moyens et de personnel n’y est pas étranger, on sent bien que chacun fait de son mieux avec les outils qu’il a.
Deuxième round
Pour le second accouchement, qui est arrivé il y a quelques mois seulement, cela à vraiment été différent. Vous me direz, en effet, chaque accouchement est particulier, toutes les histoires que vous entendez sont différentes, mais je dirais que la préparation et le lieu y sont aussi pour quelque chose.
Point logique mais non négligeable, au deuxième, on a déjà à l’expérience du premier, on s’entend. On s’est donc mieux préparé.
Je me suis encore mieux renseignée sur la grossesse et l’accouchement au naturel.
J’ai pu demander plus de conseils à ma sage-femme et elle m’a d’ailleurs fait découvrir un super livre sur le sujet. Il allie l’utilisation de plusieurs moyens naturels pour nous préparer à l’accouchement, l’accueil de bébé et la remise en forme postpartum. Il s’appelle «Grossesse au naturel», de Zita West, si vous voulez y jeter un coup d’œil, c’est une mine d’informations. Vous pourrez le trouver en librairie et à la bibliothèque si cela vous intéresse.
Cette fois, mon conjoint à voulu participer beaucoup plus, il s’est senti inutile lors du premier accouchement
On a défini ensemble ce qu’il était capable de prendre et ce qui le mettait mal à l’aise. Cela nous a permis de mettre en place un « plan » de naissance plus définit et à mon conjoint de vraiment se sentir impliqué dans la préparation et durant l’accouchement.
Ma seconde fille a largement dépassé le terme. Mais ce que j’ai trouvé génial, c’est que comme bébé n’en soufrait pas, bien sûr, nous avons pu essayer plusieurs choses, avec les conseils de ma sage femme, pour mettre en place des solutions naturelles, en alternative au déclenchement. J’avais peur de devoir retourner accoucher à l’hôpital encore une fois, mais finalement, cela n’a pas été le cas.
41 et 4, les contractions commencent, nous étions prêt, nous avions notre plan de naissance en tête. Nous arrivons dans la chambre que l’on a choisie. C’est beau, spacieux et tranquille. Je peux mettre ma musique, me mettre à l’aise comme je le souhaite. Ma sage-femme nous connait et sais ce que nous avons décidé. Elle est là discrète et nous laisse aller. Elle prend ses mesures selon son protocole mais je suis totalement libre de mes mouvements. Elle nous propose des choses pour nous aider lorsque l’on en a besoin mais se fait tellement discrète par la suite qu’on arrive à l’oublier. Elle ne vient vérifier le col que si j’en fais la demande. Cela m’encourage aussi de l’avancée du travail.
C’est un moment merveilleux, encore plus magique que le premier, nous sommes serein même si tout ne se passe pas comme prévu. Je n’arrive pas à pousser assez pour que bébé perce la poche des eaux, je fatigue mais je peux me mettre comme je veux. Je suis libre de mes mouvements, mon conjoint prends sa place, il se sent à l’aise, impliqué. Il vit cet accouchement aussi intensément que moi. On rit malgré la fatigue, il m’encourage, je me raccroche à lui, à sa voix. Pas d’interruptions par du personnel médical.
Ma sage-femme nous propose d’essayer une nouvelle position. Il me soutient car il sait que je la déteste, elle est très douloureuse car elle intensifie les contractions. Ensemble on se prépare. J’ai deux contractions dans cette position, j’ai vraiment très mal, je ne la supporte pas malgré mes efforts et les encouragements. Je demande à ce que l’on «perce» la poche des eaux pour m’aider, je commence à être trop fatigué pour continuer avec cette intensité de contractions. Pour moi, accoucher sans épidurale, c’est un vrai marathon, cela demande de la préparation. Ma sage-femme part prévenir l’équipe pour rompre la poche des eaux, mais finalement, elles n’ont pas eu le temps de le faire, haha.
Deux contractions plus tard, j’ai réussi à me mettre à genoux pour me lever, grâce à l’aide de mon conjoint, la tête de bébé s’est bien replacé (je l’ai sentie car j’étais concentrée sur moi et rien d’autre) et j’ai senti une autre contraction venir. Là j’ai donné tout ce que j’avais, je voulais passer la ligne d’arrivée sans assistance. Et paf, la poche des eaux a percé et la tête est née. En moins de 30 secondes la situation s’est renversée. J’ai ressentie une grande libération, mais aussi une grande fierté. Notre sage-femme est revenue très vite prêt de moi et m’a aider à accueillir ma fille. Je voulais la sortir moi-même. Notre bonheur a été tellement décuplé. C’est une expérience encore plus forte que la première. Nous avons été les acteurs de cet accouchement du début à la fin.
L’arrivée de ma seconde fille a été très rapide.
Elle a pointé le bout de son nez en 5 heures top chrono dans le calme, l’amour et l’harmonie. Cette expérience nous a encore plus rapprochés en tant que couple mais aussi en tant que famille. Ma plus grande fille nous a rejoints le lendemain matin pour accueillir sa sœur et la ramener à la maison. Nous avons pu profiter d’une belle nuit de sommeil dans un vrai lit ensemble et bébé s’est reposée suite à son arrivée au monde bien tranquillement.
C’est une expérience vraiment différente de la première et l’environnent de naissance y est tellement pour quelque chose. Parler de mon second accouchement me rend plus émotive car il a été totalement vécu en comme je le souhaitais alors que le premier était plus sous pression dans le stress et l’urgence, dans notre cas.
Je le vois aussi sur mes filles. La première est de nature plus anxieuse et stresse plus facilement, la seconde est beaucoup plus calme et détendue. Elles sont très attachées l’une à l’autre et c’est beau à voir aller. Je sais que la naissance n’est pas le seul facteur qui a eu un impact sur leurs différents caractères, mais je reste persuadée que la façon dont nous sommes accueillis à notre arrivée dans ce monde à un impact sur l’ensemble de notre vie.
Avoir eu la possibilité de vivre cette expérience était vraiment un privilège.
De plus en plus d’hôpitaux sont moins rigides qu’avant concernant le protocole d’accouchement et acceptent de respecter le plan de naissance des parents, tant que cela leur est possible, c’est une belle avancée. Il commence également à y avoir de plus en plus de sages-femmes au Québec ce qui va permettre de multiplier le nombre de places et pourquoi pas, de maisons de naissances dans le futur, en tout cas je le souhaite.
jessica desbiens dit
J’adore ton texte 😀
Pour avoir vécu l’expérience moi aussi je suis 100% d’accord! Ici bébé 1 césarienne d’urgence suite à un déclenchement pour manque de liquide amiotique, bébé 2 accouchement et suivi en maison de naissance et pour notre petite 3eme qui a 10 jours ce fut suivi en maison de naissance mais accouchement naturel en centre hospitalier suite à un déclenchement en urgence pour manque de liquide (encore -_-) !
J’ai accoucher de mes 2 enfants durant des rush de naissance à l’hôpital et je suis d’accord avec toi c’est un peu le branle bas de combat mais le personnel travail tellement fort et à tellement peu de soutient. Je parlais aux infirmières suite à mon dernier accouchement et leurs conditions sont tellement difficiles :\ !
J’ai eu 3 accouchement très différents mais chacun d’eux à été spécial à sa façon!
Merci pour ton texte 😀