Mon nouveau-né perd du poids

Tous les nouveau-nés perdent du poids après la naissance.

Mais jusqu’à quel point est-normal? Quand s’inquiéter? Pourquoi cela se passe-t-il ainsi? Pour comprendre le phénomène de perte de poids du nouveau-né après sa naissance, il faut d’abord s’attarder à certains détails de son développement.

Un milieu de vie liquide

Quand il est dans le ventre de sa mère, le fœtus vit dans un milieu liquide. Non seulement il est entouré de liquide amniotique, mais il en a plein les poumons et les intestins. Même ses globules rouges sont différents des nôtres, car ils sont formés pour traiter l’oxygène sous forme liquide, plutôt que sous forme gazeuse. L’être humain, comme vous et moi, est composé d’environ 65% d’eau. Or, chez le nouveau-né, ça tourne autour de 75%. Quand les bébés naissent prématurément, ce pourcentage peut grimper jusqu’à 80%. C’est seulement au bout d’environ une semaine de vie en-dehors de l’utérus que les nouveau-nés stabilisent leur pourcentage d’eau à plus ou moins 65%. On dit que les bébés perdent 5 à 15% de leur poids de naissance dans les premiers jours de leur vie. Cette perte de poids correspond à leur perte en liquides : liquide amniotique contenu dans leurs organes, méconium (premières selles), mucus, etc.

En fait, ce qu’il faut retenir ici, c’est que la perte de poids du bébé pendant les premiers jours de sa vie est tout à fait normale, car elle correspond à son adaptation à un milieu de vie gazeux (nous vivons dans l’air, pas dans l’eau). Le fait que bébé perde du poids est donc simplement signe qu’il s’adapte bien à ce nouveau milieu de vie, qu’il élimine bien ses déchets et ses résidus de son ancienne vie dans le liquide amniotique. Il n’est pas en train de se déshydrater ou de maigrir, il élimine les surplus!

De plus, il faut savoir que le fait d’avoir eu, par exemple, une perfusion intraveineuse de soluté pendant l’accouchement, ou encore une péridurale, peuvent avoir un impact significatif sur la perte de poids du bébé. Ces interventions vont souvent augmenter la perte de poids, surtout lors que l’intervention a duré longtemps. On atteindra alors facilement 12 à 15%, sans que ça ne soit forcément inquiétant pour la santé du bébé, tant qu’il a une bonne prise du sein et que les tétées sont efficaces. Dans ces situations, c’est un peu comme si le bébé absorbait encore plus de liquide juste avant de naître, ce qui fait qu’il doit en perdre davantage pour se rééquilibrer.

Trop d’accent sur son poids

Ainsi, inutile de vous mentionner qu’il serait beaucoup plus judicieux d’utiliser d’autres critères que le poids du bébé pour évaluer la santé de l’allaitement. La pesée est loin d’être une mesure absolue. Il est même nécessaire de considérer l’ensemble des facteurs qui influencent le poids du bébé avant d’affirmer que quelque chose cloche avec l’allaitement. Il faut :

• Considérer l’origine ethnique du bébé et utiliser une courbe de poids adaptée;
• Déterminer l’influence des interventions pendant l’accouchement sur son poids;
• Observer la tétée : est-elle efficace? La prise du sein est-elle optimale? Bébé démontre-t-il des signes de satiété? Bébé fait-il des selles, urine-t-il? Tète-t-t-il en général environ 8 à 12 fois par jour? Etc;
• Considérer l’âge du fœtus à la naissance (est-il né à terme, en retard, ou prématurément?);
• Bébé est-il en santé ou à risque de jaunisse/hypoglycémie/hypothermie?

Sa chaleur corporelle

De plus, un fœtus, qui a toujours vécu dans le ventre de sa maman, n’a jamais eu à contrôler lui-même sa température corporelle : sa maman réglait la température de son bedon toujours très précisément, si bien que bébé n’a jamais eu à s’en soucier. Du moins, pas avant de naître. Or, maintenant qu’il est né, il découvre que la météo, à l’extérieur du bedon, est plutôt imprévisible! Quel choc! Il devra donc désormais développer une toute nouvelle habileté : la thermorégulation, soit le fait d’être capable de se réchauffer soi-même quand il fait froid et de se refroidir quand il fait chaud. Tout un défi!

C’est le genre de chose qui s’apprend lentement. On dit qu’un nouveau-né qu’on expose nu à une température ambiante de 20⁰C perdra environ 1⁰C toutes les dix minutes. Rappelons que la température corporelle tourne autour de 37⁰C, et qu’en dessous de 36,5⁰C, c’est l’hypothermie. En fait, votre bébé perd autant de chaleur quand il est nu à 23⁰C que vous en perdriez nu à 0⁰C. C’est dire à quel point sa thermorégulation est fragile! Quand bébé a besoin de toute son énergie pour se réchauffer, il puise dans ses réserves de sucre, ce qui l’empêche de prendre du poids. Si bébé est à risque de faire de l’hypoglycémie, le fait qu’il utilise son énergie pour se réchauffer augmentera également le risque d’hypoglycémie, parce qu’il ne pourra pas se concentrer à la fois sur sa température corporelle ET sur son équilibre glycémique. Quoi faire, alors, pour l’aider?

Le peau à peau est idéal pour favoriser une thermorégulation efficace et saine du nouveau-né. N’hésitez donc pas à le faire le plus souvent et longtemps possible, surtout les premiers jours/premières semaines. Le peau à peau, de toute façon, est reconnu pour ses nombreux bienfaits, notamment la diminution des pleurs chez le bébé, la diminution du risque de jaunisse, etc. L’allaitement l’aidera aussi énormément. D’ailleurs, en l’absence d’indications impératives de la nécessité d’allaiter à heures fixes (par exemple s’il y a risque de jaunisse ou d’hypoglycémie), le fait d’allaiter bébé uniquement quand il en fait la demande permet un allaitement beaucoup plus sain et calme, ce qui est nécessaire à un allaitement réussi. Enfin, il est préférable de reporter le premier bain le plus tard possible, parce que quand il est mouillé, bébé perd du poids encore plus vite. Idéalement, il faut attendre minimum 24 heures avant de donner le premier bain. Si on le souhaite, on peut même attendre plusieurs jours. Un nouveau-né est loin d’être sale. Même au bout de deux semaines sans bain complet, il sent encore le petit bébé tout neuf. De toute façon, vous lavez ses parties essentielles plusieurs fois par jour lors des changements de couche. Pour le reste, ce n’est pas comme s’il se roulait dans la boue tous les jours, entendons-nous.

À quelle vitesse reprendra-t-il son poids de naissance?

Quand tout se déroule normalement, un nouveau-né reprendre graduellement son poids de naissance en deux semaines, environs. S’il n’a pas tout à fait repris son poids au bout de deux semaines, on peut tout de même considérer cela normal, notamment si on sait que les tétées se déroulent bien, car bébé tète en moyenne 8 à 12 fois par jour, on observe des signes de déglutition, il fait régulièrement pipi et caca, il est en bonne santé, il montre des signes de satiété à la fin des tétées, etc. Il reprendra probablement son poids entre deux et trois semaines de vie, tout simplement. On peut certes vouloir le surveiller de près, pour s’assurer qu’il est effectivement en santé, mais si tous les facteurs mentionnés plus hauts sont présents, alors on a de bons indices que l’allaitement se déroule parfaitement bien. C’est possible que ce bébé soit simplement plus actif que d’autres bébés, ou alors qu’il réagisse aux vaccins, qu’il ait été affecté par un changement intense dans son environnement (déménagement, séparation, etc.), qu’il ait attrapé un petit virus, etc.

Tout comme vous, bébé est affecté par les aléas de la vie. Il engraisse, perd du poids, stagne, puis ré-engraisse, et ainsi de suite. Autrement dit, rien d’inhumain ou d’anormal. Vous pouvez donc commencer à vous concentrer sur les signes révélateurs d’un allaitement qui se passe bien : tétée 8 à 12 fois pas jour, bonne prise du sein, signes de déglutition, pipi/caca, signes de satiété, etc. et délaisser les signes inutiles pour connaître l’état de l’allaitement: durée et fréquence des tétées, grosseur des seins, quantité de lait que vous arrivez à tirer de vos seins, sommeil du bébé, etc.