Tic-tac, tic-tac! L’horloge biologique fut révélatrice dès le début de la vingtaine pour moi. J’ai reçu l’appel de la maternité instantanément. Dès mon plus jeune âge, je n’avais pas besoin de boule de cristal pour savoir que je voulais des enfants. J’avais une facilité avec eux, et j’en étais passionnée. Les petits venaient me voir spontanément. Éducatrice au préscolaire de formation, il me semblait tout à fait naturel d’avoir mes propres enfants. Enceinte de mon premier loulou, ce fut un bonheur d’apprendre que je deviendrais mère. Je me souviens du sentiment de félicité que j’avais lorsqu’on m’a souhaité une joyeuse fête des Mères pour la première fois. Enfin! J’allais devenir une mère!
Amour instantané et inconditionnel
J’avais entendu parler de l’amour maternel comme étant un conte de fées ou encore un don du ciel. Comme si la magie de la poussière de fée opérait automatiquement, en harmonie avec l’attachement. À la manière de Cupidon, j’étais persuadée que j’allais tomber en amour avec mon petit homme par enchantement. J’étais sa maman et, forcément, j’allais l’aimer impérativement et sans condition. Selon les conventions sociales, une mère doit ressentir un attachement automatique pour son bambin. Je croyais fermement à ce mythe qui me semblait tout à fait naturel. Néanmoins, ce n’est pas ce qui s’est passé…
Enfant idéalisé
William était un bébé aux besoins intenses : il pleurait beaucoup, buvait aux heures et dormait peu. Ses pleurs étaient indécodables, l’intensité pouvait partir de zéro à dix sans graduation. J’étais épuisée par la fréquence d’allaitement et je somnolais au lieu d’avoir un sommeil réparateur. Je pratiquais le cododo, je tentais d’utiliser le peau à peau avec une écharpe de portage et d’aller me promener en poussette. Rien ne semblait fonctionner. Mon petit loup repoussait même le contact du toucher dans mes bras. Dur dur pour une maman!
Attachement
En plus, j’allaitais mon nourrisson et je ne ressentais pas l’effet de confiance et de calme provoqué par l’ocytocine (hormone dans l’hypothalamus) Cette dernière étant censée m’aider dans mon lien d’attachement. J’avais beau allaiter, l’amour maternel n’était pas instantané et inconditionnel pour moi. À vrai dire, j’aurais bien troqué mon rôle de mère pour celui d’éducatrice. J’arrivais à m’occuper de mon bébé, j’assurais ses soins et sa protection, mais l’attachement ne fut pas naturel avec mon garçon. J’aimais mon enfant, mais c’était difficile! Je me sentais tellement coupable de ressentir ces émotions. Disons que j’ai manqué mon tour pour la flèche de Cupidon.
Culpabilité
J’avais l’impression d’être la porteuse d’eau d’une équipe professionnelle : apprentie et à cent lieux d’être à la hauteur. Moi, ancienne éducatrice, je n’avais plus le tour et je me sentais incompétente. Le coffre à outils que j’avais créé ne servait plus à rien. Pourtant, c’était ma force, moi, les enfants. J’avais tout de même des affects très forts pour mon enfant : c’était mon bébé, je l’avais porté, accouché et allaité. Je l’avais dans les tripes! J’étais déterminée à créer ce lien d’attachement. J’allais surmonter mes obstacles de maman pour lui. Je voulais un lien significatif avec mon enfant, alors j’ai décidé de l’apprivoiser comme le Petit Prince et sa rose. L’amour maternel fut alors un apprentissage.
Apprivoiser sa rose
Moi et William, nous avons travaillé si fort ensemble. Colérique et sensible, il s’exprimait intensément. L’âge du non non» s’est échelonné sur une longue période pour lui. J’ai appris à l’apprécier comme il était, avec son intensité et sa sensibilité. Non, ce n’était pas l’enfant rêvé ou idéalisé, mais c’était le mien. Il n’était pas facile pour des parents, mais en même temps je me disais qu’il ferait sa place dans la vie avec toute sa détermination. J’ai lu, j’ai expérimenté et j’ai garni à nouveau ma malle d’instruments éducatifs, mais surtout j’ai tranquillement réalisé une bonbonnière d’attachement. J’ai vu cela comme un défi, comme si la vie me disait que j’en étais capable. J’ai appris et j’ai évolué personnellement. Je voulais donner le meilleur de moi-même et lui offrir en cadeau. Lorsque que William a pu s’exprimer avec des mots, les crises se sont atténuées et la gestion de ses émotions est devenue plus facile.
Mon garçon
Aujourd’hui, mon grand aura bientôt onze ans et il est pourvu d’une grande sensibilité. C’est un enfant généreux auprès des autres, sportif, affectueux et il excelle à l’école. Lorsqu’il vient me faire un câlin et qu’il me serre fort de ses bras de préadolescent, je me sens fière du chemin que nous avons parcouru. Cet amour maternel dont on parle souvent, je l’ai ressenti naturellement avec mes deux autres enfants : un attachement instantané et inconditionnel. Je possède un amour indescriptible pour mes trois enfants. Avec William, le lien est encore plus fort : j’aime mes loulous de façon égale, mais nous avons tellement travaillé nos liens qu’on dirait qu’il y a une certaine énergie indescriptible qui fait l’unicité de notre relation. Je suis fière d’être sa maman et heureuse qu’il soit mon garçon ! Merci William de m’avoir permis de devenir une meilleure maman.
Devenir maman, c’est donner inconditionnellement! Hé oui! Ça s’apprend! Je vous souhaite une fête des Mères pleine d’amour!
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