Je n’ai pas choisi de travailler en périnatalité parce que je suis accro aux gigi-gagas et que j’aime les bébés. Oui, j’adore les bébés. Je vois en eux la pure bonté et le potentiel entier de l’humanité. Je leur souhaite un accueil tendre, patient et amoureux. Chaque naissance permet de raviver l’espoir en l’avenir; vous ne trouvez pas? …Mais, je vous l’avoue, ce qui me fascine aussi, c’est le grand passage que l’on franchit en devenant parent. Et le courage que ça prend pour s’y lancer et s’y abandonner.
Le courage. La constance. Le don de soi. La persévérance. L’adaptation sous TOUTES ses formes. L’acceptation du changement. La patience. Le doute. La responsabilisation. La construction du sentiment de compétence. L’intuition. L’amour. La croissance, quoi.
Voilà ce dont je suis témoin dans ma pratique de doula (accompagnante à la naissance)… oh bien sur, je vois aussi de belles bedaines pleines de vie, des nouveaux pères au regard tendre et des bébés qui sentent les biscuits… Je suis toujours, invariablement et sans exception, profondément touchée par le courage et la transformation des parents que j’accompagne durant toute la période qui entoure l’accouchement et au moment de la naissance, ou que je rencontre lors de rencontres prénatales, de séances d’aide aux relevailles ou de soin Rebozo…devenir un parent, c’est un grand passage, une belle poussée de croissance qui se fait suivant le rythme de chacun.
On ne le devine pas toujours à l’avance, ce chemin parsemé de petits trous, de grosses joies et de tournants sans avertissement. Même si presque tout et son contraire se lit et s’entend un peu partout. Moi la première, le choc que j’ai eu les trois fois où je suis devenue maman… et que je continue d’avoir, je vous raconte pas.
Dans toutes les poussées de croissance, il y a des moments durant lesquels on est déstabilisé. On doit, pour s’ajuster, laisser quelques valises derrière et emplir notre besace de nouvelles solutions. Et puis on n’est pas toujours solides sur nos pieds. Disons-le, c’est normal, et c’est beau. C’est parce qu’on change de peau.
Des moments pendant la grossesse
parce que c’est moins facile qu’on pensait
parce que… maintenant ?
parce qu’on se rend compte que c’est bien vrai
parce qu’on n’est pas certain de savoir y faire…
parce que l’accouchement , quand même, faut y penser!
parce qu’il faut bien continuer à travailler même quand tout notre corps nous demande de ralentir
parce qu’autour de nous mille histoires un peu inquiétantes réveillent nos peurs
parce que ce qu’on pensait savoir se retrouve dans le mélangeur avec mille autres idées préconçues
parce qu’on n’a aucune idée, mais aucune, de ce qui va se passer..
parce que, prendre des décisions de parents, vraiment…
parce que les autres enfants nous réclament
parce que ce bébé-là sera différent de ce qu’on avait imaginé
parce qu’on se sent très petite fille qui voudrait une doudou…
parce qu’on se sent très petit garçon qui prendrait ses jambes à son coup…
parce que l’hôpital, la maison de naissance, le domicile?
parce qu’on se positionne sur notre propre éducation
parce que « les changements du corps, je sais pas, pas toujours certain(e) d’aimer ça.. »
parce que ‘notre couple, il est qui, il est ou, il est quand ? »
Des moments pendant l’accouchement
parce qu’on plonge. Dans le vide. Toute pleine.
parce qu’on flirte, dans plus de 95 % des cas, avec le monde hospitalier qu’on ne connaît pas toujours
parce que «Ah, euh.. c’est vraiment ça, une contraction? »
parce qu’on a tellement hâte, tellement peur, tellement chaud, tellement froid, tellement soif, tellement envie de douceur et de paix…
parce que « Chéri, regarde dans mes notes, ça dure combien de jours, une phase de latence, déjà? »
parce que c’est trop long, ou trop rapide, ou trop intense, ou trop espacé, ou trop tôt, ou plus compliqué…
parce qu’on aurait jamais pensé avoir autant besoin de support
« Ça, c’est normal? »
parce qu’on devient si forte, et si vulnérable à la fois
parce que nos accouchements ne ressemblent ( presque) jamais à ce qu’on en a lu, entendu, vu, attendu…
parce que quand on devient papa :
voir son amoureuse comme ça, on ne peut pas dire que c’est de tout repos…
et puis comment aider?
« Ou je me mets?
Vraiment, ça passe par là? »
parce qu’on ne pensait jamais, mais JAMAIS se promener nue devant de parfaits inconnus et se précipiter à quatre pattes pour prendre cette belle grande contraction!
parce que « mais qu’est-ce que c’est que toutes ces machines, ces bip-bip et ces lumières? »
parce qu’on n’a pas toutes appris à comprendre et faire confiance à notre corps
parce qu’on prendrait bien un peu plus d’intimité, holà !
parce qu’on n’arrive plus à réfléchir; c’est normal, ça?
parce que « pourvu qu’il soit en santé… »
parce que « OH! Ça pousse! Hein? Déjà? »
parce qu’on apprend, tout au long, une contraction à la fois, une sensation à la fois…
parce que « …mon bébé… salut… wow! »
« Ah! Viens, tu veux tétér…. euh… on va apprendre. »
Et puis après :
parce que c’est moins facile qu’on pensait
parce que… maintenant ?
parce qu’on se rend compte que c’est bien vrai
parce qu’on n’est pas certain de savoir y faire…
parce que l’accouchement , quand même, on y repense tout le temps!
parce qu’il faut bien continuer à se lever, à trouver une solution, à répondre…même quand tout notre corps nous demande de ralentir
parce qu’autour de nous mille histoires un peu inquiétantes réveillent nos peurs
parce que ce qu’on pensait savoir se retrouve dans le mélangeur avec mille autres idées préconçues
parce qu’on n’a aucune idée, mais aucune, de ce qui va se passer..
parce que, prendre des décisions de parents, vraiment…
parce que les autres enfants nous réclament
parce que ce bébé-là est différent de ce qu’on avait imaginé
parce qu’on se sent très petite fille qui voudrait une doudou…
parce qu’on se sent très petit garçon qui prendrait ses jambes à son coup…
parce que le pédiatre, les vaccins, l’ostéo, les granules?
parce qu’on se positionne sur notre propre éducation et devant nos proches
parce que les « les changements du corps, je sais pas, pas toujours certain(e) d’aimer ça.. »
parce que « notre couple, il est qui, il est ou, il est quand ? »
… Entre autres!
Et on le fait, on s’adapte.
On s’adapte. Toujours. Promis.
Et on grandit. On croit. On fleurit! On le traverse, notre chemin aux tournants sans avertissement; et quand on se retourne pour le regarder, on sent notre tronc qui est plus solide. Plus droit et fier qu’avant. On y gagne quelques cheveux blancs, et beaucoup de bisoux baveux, de sommeil abandonné sur nous, de bajoues à mordiller, de (si) petits doigts à bécoter, de regards d’amour, d’émerveillement, de coquineries… de confidences, de confiance, de blagues et de projets…de fierté.
Le courage. La constance. Le don de soi. La persévérance. L’adaptation sous TOUTES ses formes. L’acceptation du changement. La patience. Le doute. La responsabilisation. La construction du sentiment de compétence. L’intuition. L’amour. La croissance, quoi.
On fleurit! Je vous (nous) rend hommage.
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