Que ce soit initié par nous ou l’autre, une séparation demeure difficile
Il va sans dire que celui qui se fait imposer une telle décision vit énormément de souffrance. Toutefois, je crois que l’on minimise aussi la souffrance de celui qui prend la décision. La culpabilité est à son plus haut. (Et en tant que parent, on développe rapidement cette « habileté » à se sentir coupable.) Assumer une décision qui a autant d’impact dans notre vie et celle de nos enfants, ce n’est pas évident.
Il y a plusieurs raisons pour se séparer. On ne se cachera pas que l’on vit dans une société de consommation, il n’est pas rare que l’on jette lorsque ça ne fait plus, on n’essaie pas toujours de réparer. Au-delà, il y a des couples qui essaient fort, mais vient malheureusement un point de non retour. Un couple, ça se travaille à deux. On ne peut pas jeter tout le blâme sur celui qui initie la rupture. Peu importe les raisons, je crois qu’il ne faut pas juger les autres, car nous ne savons pas, nous ne connaissons pas leur réalité.
Faire le deuil de ne plus être une famille, de ne plus être un couple et de ne plus voir ses enfants 100 % du temps, c’est loin d’être une courte adaptation! Ça prend du temps, ça prend une vie. D’autant plus que nos enfants, pour la plupart, vont à l’école, donc ce n’est pas réellement un 100 %, c’est plutôt un 75 %. Donc, quand on divise en deux ce chiffre et que l’on enlève les heures de sommeil, il ne reste plus beaucoup de temps. (Quoiqu’ici la nuit se passe souvent en compagnie de mes petites tornades, mais ça c’est un autre sujet.)
Se séparer implique que tu ne verras peut-être pas le premier pipi sur le pot de ton petit, qu’il est fort possible que tu ne sois pas là lorsqu’il perdra sa première dent ou que tu n’auras aucun écho de sa première peine d’amour. Tu ne pourras pas lui imprégner un peu de tes valeurs à chaque jour, mais bien 3 à 4 jours par semaine. Ça implique un fort sentiment d’impuissance face à sa peine de se séparer de toi ou de l’autre parent. Ce moment où ton enfant s’agrippe à toi et que tu sais que tu ne le reverras pas avant 2-3 jours, ça te tue à petit feu par en-dedans.
Il y aura cette première fois, aussi, où ton ex t’écrit que ton enfant fait de la fièvre, et là, tu réalises que tu n’as pas pensé à ça. Tu n’as pas pensé qu’un jour, il serait malade, et que comme d’habitude, tu te sentirais impuissant. Mais cette fois c’est différent : tu n’es pas là pour prendre soin de lui, pour voir comme il va et faire tout en ton pouvoir pour qu’il ne manque de rien.
La séparation c’est aussi vivre avec un ex qui est toujours très présent dans ta vie et avec qui tu dois t’entendre en n’étant plus en couple. Si tu avais déjà des divergences d’opinions sur l’éducation des enfants, ça ne se règlera pas comme par magie. Tu auras à vivre avec des choix qui vont contre tes valeurs ou pédaler très fort pour faire accepter ton point de vue.
Il y a ceux qui voudront t’encourager. Ils vont te dire que tout le monde se sépare de nos jours, que c’est normal. Et que l’on s’habitue. Ça, c’est vraiment le pire de ce que j’ai pu entendre… Je m’excuse, mais ce n’est pas parce que plusieurs personnes se séparent que ça devient facile et surtout, on ne s’habitue pas à ne plus voir nos enfants chaque jour… Comment peut-on s’habituer à ne pas être présent pour eux à chaque étape importante de leur vie?
On ne s’habitue pas, point. On essaie du mieux qu’on peut de vivre avec cette réalité. Apprendre à s’aimer et à prendre du temps pour soi, se redécouvrir… Oui, une séparation peut amener cela, mais tu demeures toujours avec ce sentiment qui te déchire, cette espèce de contradiction. Tu connais le bonheur autrement, mais c’est comme s’il te manquait toujours un grand bout de toi.
Ensuite, viennent les conflits de valeurs intérieurs, les dilemmes. Comment réussir à être un parent proximal 50 % du temps? Pour ma part, il a fallu que je m’imprègne de bonne volonté, que je me dise que mes enfants allaient se former leur propre coffre à outils. Que le temps que je passais auprès d’eux, je me donnais à 100 % pour leur donner le plus d’amour et le plus d’outils possible.
Lâcher prise sur ce que l’on ne peut donner et focusser sur ce que l’on donne. Minimiser nos attentes envers nous-même. Accepter que nous n’ayons plus le contrôle en entier sur ce qui se passe dans la vie de nos enfants. L’ennui de les voir et les conflits qu’une séparation peut engendrer n’en est pas moins diminué. Il faut accepter et apprendre à vivre avec nos choix et ce nouveau mode de vie. Et que dire de la stabilité! Comment arriver à intégrer un cadre, une routine, alors que c’est toujours à recommencer. Cela demande beaucoup de persévérance, mais avec de la volonté tout est possible.
La séparation, souvent minimisée dans notre société, est une dure épreuve. Elle a été pour moi une des plus difficiles de ma vie. Peut-être aussi que le temps viendra à bout de ma résilience? La séparation ne pourra jamais enlever l’amour que j’ai pour mes enfants ni ma volonté de faire de mon mieux pour qu’ils ne manquent de rien. Il n’a même pas eu le dernier mot sur mon allaitement qui se poursuit malgré une garde partagée. 😉
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