Tu réponds quoi à la jeune fille de 11 ans qui te pose cette question?
Surtout, en sachant l’influence des paroles d’un adulte, que l’influence soit positive ou négative.
Je pourrais lui répondre que je trouve ça difficile d’être seule en période de COVID, que je n’ai aucun bras qui m’entoure quand la peur me saisis. Qu’à 35 ans, être seule c’est triste. Que de rencontrer des hommes de nos jours c’est difficile.
Je ne connais pas l’impact qu’aurais mes paroles. Je ne sais pas si cette jeune fille plus tard se dira, sans se souvenir pourquoi, que c’est triste être seule à 35 ans et qu’elle fera tout pour être en couple avant cet âge. De rester dans une relation malsaine, triste ou sans amour parce qu’un jour, un adulte lui a dit qu’à 35 ans, c’est triste être seule.
J’essaie le plus possible de mesurer mes mots, peu importe si je parle à un enfant ou un adulte. Parce que peu importe l’âge, les paroles peuvent blesser.
Alors qu’ai-je dit à la jeune fille en question? Ma vérité, tout simplement.
Je lui ai dit qu’il y a un an, je lui aurais sûrement dit que oui, je trouvais ça triste. Que j’avais l’impression à ce moment-là, que de trouver un homme, c’était de trouver mon équilibre. Mais depuis, je me suis trouvée moi-même et que je suis heureuse seule.
Fin de ma réponse.
Mais voici la version plus détaillée: pendant longtemps je me suis servie de mon corps pour attirer l’attention des hommes. J’ai toujours travaillée dans le service à la clientèle; les contacts étaient faciles et fréquents. À chaque fois, je m’emballais trop vite. J’en voulais trop, tout le temps, et j’évitais de regarder la situation de trop près pour ne pas avoir à me rendre compte que nous deux, ensemble ça ne fonctionnait pas du tout. Mais, je les ai aimés ces hommes, intensément. Ils comblaient une partie de moi, une partie que je croyais incomplète par moi-même. Je me disais que le prochain serait le bon et je passais au prochain.
Puis, j’ai été 10 ans avec le père de mes enfants et j’en ai appris beaucoup sur moi-même. C’est au travers son amour et nos enfants que j’ai planté mes deux pieds et j’ai commencé à creuser, à trouver des réponses. J’en ai fait des découvertes. Puis, je me suis séparée et retrouvée seule avec mes enfants et j’ai dû accumuler les découvertes parce que ces petits êtres méritaient une mère équilibrée. Une mère qui, avec le temps, a réalisé que son équilibre ne devait pas venir d’une autre personne.
Elle est son propre équilibre. Ça serait facile de vous dire que j’ai beaucoup de problèmes. Qu’à chaque jour, je dois me battre avec ma santé mentale. Que je ne l’aurai jamais facile et qu’avoir quelqu’un dans ma vie m’aiderait énormément. Mais il ne sera jamais la raison de mon équilibre. Car si je suis incapable de m’offrir cette stabilité mentale et physique, je ne pourrai jamais l’offrir à mes enfants ni à mon futur partenaire de vie.
Alors, Éliane, pour franchement répondre à ta question; non, je ne suis pas triste d’être seule. Je suis même, très heureuse.
Tanya
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