On s’imagine nos vies bien tracées, sans encombres, sans heurts. On s’imagine des vies, des avenirs faits de certitudes, ça nous rassure.
Ca commence dès l’enfance, avec des modèles que l’on cherche à reproduire. « Quand je serai grand(e), je serai ceci…» Et puis, cela se poursuit à l’adolescence, puis à l’âge adulte. « Quand j’aurai un bon job… », « Quand j’aurai trouvé le bon gars… », « Quand ma situation sera stable… »
On s’imagine tous une vie bien parfaite, mais que l’on n’atteint jamais. La perfection. Cet sorte d’état dans lequel nous sommes bercés depuis notre jeunesse, ce désir de toujours bien faire, d’obtenir toujours plus, d’avoir toujours plus, de consommer toujours plus. S’imaginer que le bonheur, c’est d’obtenir ce quelque chose que l’on ne possède pas encore, mais qui va changer notre vie. Ce bonheur, cet éternel insatisfait dans nos chaumières…
Et si le bonheur était maintenant?
Et si le bonheur, c’était ce que j’avais là, maintenant, aujourd’hui?
Quand ma fille a eu deux ans, elle a été hospitalisée plusieurs semaines. Les médecins ont diagnostiqué chez elle un diabète de type 1 insulino-dépendant, son état était très critique.
Jusque-là, notre vie était relativement simple, facile. Nous avancions sur notre chemin de vie sans savoir que nous allions nous retrouver face à ce ravin. Je suis d’un naturel très optimiste et plutôt enthousiaste. Mais soudain, là, je ne voyais pas comment franchir ce gouffre. Il était là, devant moi, si immense, si large que j’avais l’impression d’être aspirée vers le bas. J’ai passé les premiers jours à pleurer, effondrée, impuissante devant cette immense injustice de la Vie.
Et puis, passé ce temps (nécessaire) à juste réaliser, j’ai commencé à apercevoir autour de moi des outils pour m’aider à traverser cette épreuve.
« Parfois, lâcher prise est un acte plus puissant que se défendre ou s’accrocher. » Eckhart Tolle
Le lâcher prise
Le premier de ces outils a été de lâcher prise.
Cela peut sembler une marque de faiblesse dans notre société où l’on prône la force, le courage, la persévérance dans chaque situation. C’est d’ailleurs ce que l’on me dit encore parfois, que l’on est courageux. Non. Nous n’avons pas le choix, c’est tout. Le courage, c’est d’accepter et d’arrêter de se battre contre quelque chose de vain. L’image de la vague qu’il faut apprendre à surfer me revient toujours en tête à ce moment-là. Cette même vague sur laquelle j’ai surfé à chacun de mes accouchements.
Accepter que la vie n’est pas parfaite mais pleine d’épreuves. Je savais cela. J’avais déjà eu mon lot d’épreuves avant… Mais celle-ci… La possibilité de perdre un enfant… celle de vivre au quotidien avec la maladie. C’était comme une énorme gifle qui me confrontait à mes propres peurs.
La confiance
J’ai découvert un deuxième outil alors, qui est la confiance.
(ou la foi, appelez-la comme vous voulez).
Confiance en mon enfant, en la vie, confiance en moi et en mon instinct, confiance au temps qui ne guérit pas tout mais qui atténue la souffrance. Nous avons plus de ressources que ce que nous croyons. Soyez-en certains!
La nature
Enfin, mon dernier outil a été la nature.
Observer le vent qui joue dans les branches des arbres, les saisons qui passent, marcher en forêt, m’asseoir dans l’herbe, écouter mes pas sur le sol et respirer. Sentir que nous appartenons à un tout et qu’il est autour de nous m’a apporté une grande force intérieure. Cela m’a permis aussi d’accéder à ma part créative (mais c’est un autre sujet).
Cela fait plus de six ans maintenant. Notre quotidien est atypique, difficile parfois, contraignant souvent, mais heureux. Nous profitons du temps présent. Du moins, nous essayons. J’apprend à lâcher prise dans mon quotidien de maman en me disant que bon, oui, tout n’est pas parfait, et alors? J’apprend à lâcher prise sur un idéal de vie et c’est alors que je m’ouvre à des opportunités professionnelles auxquelles je ne m’attendais pas, c’est alors que je fais des rencontres surprenantes, que je vis des expériences enrichissantes…
La vie est courte
Elle est belle. Apprenons à définir nos priorités, à être à l’écoute, à ressentir davantage, à être plutôt qu’avoir et accueillir les opportunités qui se présentent à nous. Les épreuves sont là pour nous apprendre l’humilité, la sagesse. Elles sont là pour nous apprendre à mieux nous connaître et aimer davantage.
En ce qui me concerne, elle me poussent dans mes limites, elles me poussent à relever des défis, à me remettre en question constamment. Et c’est là où se trouve ma force.
Savoir lâcher prise sur les choses qu’on ne peut contrôler tout en continuant d’avancer.
(Crédit photos: sabrina lucas)
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