Récemment, je jasais à un ami de notre anxiété et de nos enfants…
Il disait avoir peur que ses enfants en héritent. Je me souviens de lui avoir dit que, parent anxieux ou non, les enfants peuvent l’être et qu’au moins nous, en connaissance de cause, on était les mieux placés pour les aider à cheminer. Il était d’accord mais n’avait pas l’air rassuré.
J’en connais des parents qui ont des enfants anxieux sans l’être eux-mêmes. Ils sont perdus là-dedans.
Ce qui fonctionnait pour eux, enfant, ne fonctionne pas pour leurs enfants. Naturellement, ils ne comprendront pas instinctivement que changer la routine de leurs enfants anxieux peut finir en crise pour tous. Que de leur couper leur «j’ai peur que…» par des «arrête de t’inquiéter, y’a rien là!» ne coupera pas leur peur; ça va couper leur envie de s’exprimer.
Des parents non-anxieux ne comprendront pas que c’est important d’apporter du linge de rechange pour leurs enfants plus vieux, même s’ils ne sont plus en âge de se souiller. Qu’ils ne sont pas nécessairement capable d’attendre d’être rendu à la maison pour se changer, que pour certains enfants, avoir des vêtements sales déclenchent leur anxiété.
Le père de mes enfants, lui, voulait endurcir notre fils.
Notre fils se cachait constamment lorsqu’une personne arrivait chez nous sans s’être annoncé et même son père s’entêtait à lui faire le coup. Mon fils se cachait derrière le divan et ne ressortait que lorsqu’il se sentait en sécurité. Il sortait doucement en regardant autour comme si son cerveau ressentait un danger mais ses yeux ne le voyaient pas. Il savait que son père était présent mais ne courrait pas à sa rencontre. Par contre, si Liam était averti que son père s’en venait, il courrait à sa rencontre. Étant camionneur longue-distance, son père partait plusieurs jours, des fois même quelques semaines et lorsqu’il savait que son père arrivait, Liam l’accueillait avec de l’amour en abondance.
L’envers de cette médaille est à quel point être père lui venait facilement, naturellement.
Il laissait nos enfants apprendre, les laissait s’amuser et gambader, tomber et se relever. Et moi, je courrais devant eux et j’imposais des barrières. J’aurais préféré les envelopper de papier bulle sans les laisser trébucher. C’était trop pour moi, les laisser aller, parce que je pouvais imaginer les 1001 façons qu’ils pourraient se blesser et je ne savais pas si j’étais assez forte pour encaisser. Avoir pu lâcher prise, on aurait fait une bonne équipe pour notre enfant anxieux parce qu’il aurait poussé nos limites tandis que je nous guidais.
Honnêtement, je crois que d’être un parent anxieux peut être un avantage, surtout avec des enfants anxieux.
Parce qu’on comprend plus facilement leurs crises, leur peine et leurs peurs. On comprend instinctivement (ou suite à beaucoup de thérapie!) comment les rassurer. Par contre, avoir un partenaire non-anxieux est vraiment l’idéal pour équilibrer le couple et les enfants.
Tanya
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