Je me présente, je suis Angela Chiarella : mère, entrepreneure, travailleuse sociale et professeure de yoga. Je suis la fondatrice du studio de yoga Anajali Mudra Yoga à Sainte-Dorothée.
Mon premier bébé a maintenant huit mois et est bonne santé. Elle est toujours (presque) de bonne humeur. Comme toute nouvelle maman, il y a des choses qui m’ont complètement déroutée dans l’accomplissement de mon nouveau rôle. Tout particulièrement en ce qui concerne la santé mentale postpartum.
Comme la plupart des gens, je connaissais l’existence de la dépression postpartum. Les symptômes sont les mêmes que la dépression : manque d’énergie, se sentir déconnectée, etc. En plus de la sensation d’être déconnectée de notre enfant. La dépression peut pousser la mère à ses extrêmes allant de la psychose postpartum jusqu’à même blesser le bébé. Au-delà de ces situations décrites, je n’avais jamais entendu parler d’autres problèmes de santé mentale postpartum.
Je souffre personnellement d’un trouble de l’anxiété depuis l’âge de sept ans. Je suis très familière avec tous les symptômes, incluant les pensées intrusives et les crises d’angoisse. Je savais qu’il y avait une forte possibilité que ces symptômes s’intensifient lors de l’accouchement, mais je n’avais aucune idée à quel point!
Durant ma grossesse, j’étais très relaxe en comparaison à ma vie normale. J’ai mise sur pied mon studio durant mon cinquième mois de grossesse. On dirait que je n’avais aucune difficulté à démarrer mon entreprise et aucun souci face à l’accouchement. J’étais orientée vers le succès et mon bien-être personnel. Les hormones agissaient puissamment et ne laissaient pas trop de place pour les peurs.
J’aurais dû être mieux préparée pour l’accouchement et toutes les possibilités d’interventions, tant pour mon propre bien-être physique que mental. J’ai été provoquée et cela a entraîné plusieurs interventions pénibles, et d’une certaine façon, non voulues. Mais ça, c’est une autre histoire. En étant au courant de mes prédispositions pour des problèmes de santé mentale, j’aurais pu me mieux préparer.
Après avoir vécu les premiers trois mois très difficilement, j’ai commencé à faire des recherches. J’ai appris qu’il y a beaucoup plus de problèmes de santé mentale méconnus en période postnatale. Ces troubles de comportement qui n’incluent pas que la dépression, mais aussi l’anxiété, les troubles obsessifs compulsifs, des rechutes en toxicomanie et j’en passe… J’ai aussi appris que les CSSS et à Mieux-Naître à Laval font des visites à domicile pour donner du répit aux mamans.
Voici quelques-uns des symptômes de l’anxiété postnatale : la maman peut être très connectée à son bébé et avoir des images et des pensées intrusives. Elle peut imaginer ou se voir faire du mal à son bébé. Elle peut imaginer une catastrophe : un feu, que le bébé tombe, qu’elle échappe le bébé, etc. Elle peut vérifier que le bébé respire à mille reprises. Comme dans mon cas, je ne dormais presque pas et je regardais le bébé presque toute la nuit. J’ajoute à tout cela que j’étais très isolée, non seulement de mes amis et de ma vie sociale, en partie à cause de tous ces symptômes. Et ça, c’est en plus d’être épuisée, de manquer de sommeil et d’avoir une moins bonne alimentation. C’est une recette parfaite pour une crise totale.
Dans ma vie comme travailleuse sociale, j’ai appris à évaluer la personne sur le plan des facteurs de protection et des facteurs de risque. Si je m’auto-évalue, on peut dire que mes facteurs de risque comportaient mon trouble d’anxiété, le fait que ma famille est très petite, que je n’avais pas de congé payé, et que je suis déménagée à Laval. Jusqu’à récemment, je n’avais pas de réseau de contacts. Mes facteurs de protection incluaient surtout mon mari qui m’a aidée énormément, le fait d’avoir une maison sécuritaire et saine, et mon accès à de la nourriture saine. On pourrait dire que les symptômes sont aussi une protection. La maman, du coup, ouvre ses yeux à tous les dangers du monde. Elle peut voir des dangers qu’elle n’a jamais aperçus. Ainsi, ces images et pensées intrusives sont une manière d’avertir le corps qu’il doit s’adapter pour protéger le bébé. Cette hyper vigilance, par contre, peut vite devenir une source d’épuisement.
Comment prévenir ces problèmes?
- Si vous avez déjà vécu des problèmes de santé mentale, parlez-en avec votre médecin.
- Consulter le CSSS ou Mieux-Naître (ou d’autres ressources qui pourront donner du répit et prévoir des visites).
- Parlez avec votre famille et vos amis et dites-leur ce dont vous auriez besoin (exemple : des visites, des appels ou des textos, de la nourriture, de l’aide avec le ménage etc.)
- Prenez tout le congé de maternité et paternité auquel vous avez droit. Prenez-en encore plus si vous sentez que vous en avez besoin.
- Ne vous inquiétez pas à faire le cododo, mais faites-le en sécurité. Ça pourrait améliorer votre sommeil et réduire votre anxiété.
- Restez hydratée, nourrissez-vous bien et dormez le plus possible, c’est extrêmement important.
- Ayez une amie ou une thérapeute avec qui vous pouvez parler de santé mentale : quelqu’un avec qui vous ne sentez aucun jugement.
- Envisagez la possibilité d’arrêter l’allaitement si des médicaments sont requis.
- Éliminez les recherches sur Internet concernant les maladies de bébé, les descriptions sont souvent extrêmes et pourraient augmenter vos inquiétudes. Utilisez le 811 à la place ou parlez-en avec votre médecin ou infirmière si bébé a des problèmes.
- Utilisez Internet pour parler avec d’autres parents qui ont vécu des problèmes de santé mentale.
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