Comme beaucoup adolescentes de ma génération, je gardais des enfants.
Un soir, j’étais chez ma voisine et je lui contais les péripéties de ses garçons pendant la soirée et elle riait.
« Tanya, tu devrais écrire des livres toi, dans la vie. Tu as un don pour raconter les choses. »
Je me souviens qu’on parlait dans l’entrée…
C’était le soir, il faisait noir, et nous étions seulement éclairées par la lumière de la cuisine. Par contre, en entendant ses paroles, c’était comme une ampoule s’était illuminée au-dessus de ma tête : je savais soudainement ce que je voulais faire de ma vie.
Je me souviens, enfant, d’avoir voulu être coiffeuse, mais je n’ai aucune idée pourquoi. Inspirée par mes jeux de Barbie? Puis, j’ai voulu devenir vétérinaire parce que j’aimais les chiens. Suite à de nombreux cauchemars des chiens que je tuais en tant que leur docteur, j’ai changé d’idée. Puis, ça été l’amour des baleines qui a pris le dessus : j’allais devenir biologiste de la vie marine. J’avais même fait des recherches et avait trouvé un cour qui s’offrait en Floride pour la modique somme de 4000$. Je ne me souviens pas pourquoi j’ai abandonné ce projet, autre que ma peur de l’inconnu.
Je n’ai pas souvenir d’avoir voulu être autre chose. Je n’avais pas de passion, vraiment. Je me savais romantique. Je disais à mes amies du secondaire que j’avais rêvé à eux et de leur kick et j’inventais des façons que je les avais vu ensemble. J’adorais ça. Inventer ces rêves, et l’attention que je recevais.
Alors quand ma voisine m’a parlé d’être écrivaine, il a eu un réel déclique dans ma tête.
Et depuis 20 ans… je me dis écrivaine.
Avant, je le disais haut et fort. Maintenant… je le dis moins haut, moins fort. 20 ans à se dire écrivain, et j’ai quoi à montrer pour mes efforts? La peur? Oui. Énormément de peur. Peur d’avoir ‘misé’ sur cette carrière, pour rien. Peur de ne pas être aussi talentueuse que je le pense. Peur de m’enfler la tête. Mais, surtout, la peur de réussir.
Drôle à dire, hein? Mais dans les six derniers mois, j’ai beaucoup lu sur le sujet. J’avais même déjà dit à une amie que j’avais peur du succès et elle m’avait dit « voyons toi, peur du succès! » Et, fidèle à moi-même, je n’en ai jamais reparlé. Mais… C’est effectivement cette peur qui est la plus grosse. Le succès changerait ma vie. Je n’écrirais plus nécessairement que pour le plaisir; je le ferais parce que je dois. Je devrai décider un jour si je peux vivre de ma plume. Si je VEUX vivre de ma plume. Le succès… vient avec beaucoup de changements et de décisions, chose que je n’ai pas à gérer si je ne réussis pas.
Mais… c’est en écrivant que je me sens le mieux. C’est quand je couche mes idées, mes pensées sur papier que je me sens plus vivante. C’est en créant des histoires et des personnages auquel je m’identifie et mes lecteurs aussi, que je trouve ma raison d’être.
Alors, au final, je me dois de persévérer, de me rappeler pourquoi j’aime écrire, pourquoi je le fais, et d’arrêter d’avoir honte du temps qu’il a passé. J’ai appris pendant toutes ces années, et ces apprentissages transforme mon écriture.
Maintenant, je le dis haut et fort : je suis une écrivaine.
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