La méthode miroir
Au début de mon adolescence, j’ai vécu une période hormonale intense où je ne savais plus quoi faire de ma peau ou de mes pensées.
Je suis devenue sèche, négative, très directe et, au final donc, peu agréable à côtoyer. Je me souviens d’une fois où, au camp musical, un garçon était fier de son nouveau style vestimentaire et particulièrement de sa cravate. Je lui avais lancé un « c’est vraiment laid ton affaire » bien senti. Sans aucune culpabilité.
J’ai maintenant 34 ans. J’ai fait beaucoup de chemin depuis (heureusement).
J’ai appris à tourner la langue 7 fois dans ma bouche avant de parler, j’ai pris goût à la vie et aux échanges. Bref, je suis devenue une adulte assumée et épanouie. Faire partie des scouts et aller au camp musical chaque été ont été très bénéfiques. On m’a dit mes 4 vérités et on m’a remis les idées en place. Toujours plus efficace quand ça vient de quelqu’un d’autre que ta mère…
Lorsque j’ai fait ma formation pour devenir marraine d’allaitement, c’est là qu’on m’a enseigné la méthode du miroir.
Ça consiste à se mettre dans les souliers de l’autre, à réfléchir à ce qu’on aimerait comme réponse ou comme retour dans une conversation ou encore une relation.
Malgré que j’aie allaité mes 2 enfants (à l’époque j’en avais seulement 2), je devais également écouter des femmes qui choisissaient de ne pas allaiter et les accompagner dans leur sevrage. Les soutenir et les aider malgré mon propre cheminement différent, et parfois des valeurs différentes, a été difficile au début – un vrai combat intérieur. Ça m’a demandé de travailler sur mon ouverture, ma compassion, mes préjugés.
Au final, je suis devenue différente. Une meilleure personne avec de meilleures réponses et de meilleurs réflexes pendant n’importe quelle conversation qui implique des sentiments.
Le chemin vers l’empathie
J’ai par contre l’impression que tout le monde n’a pas fait ce même chemin vers le monde adulte, vers l’empathie.
Je l’entends au travail, dans ma famille, avec mes amis, sur les réseaux sociaux. Des réponses maladroites, irréfléchies, qui blessent ou qui font rager. De « Il était sûrement malade ton bébé, c’est mieux que tu l’aies perdu. » à « Mon oncle a eu le même cancer que ta mère et il est mort en 4 mois. » en passant par « Pauvre toi, j’aimerais pas ça être à ta place. »
On écoute pour répondre plutôt que pour écouter tout simplement. On renvoie la situation de notre interlocuteur à la nôtre et on ne peut s’empêcher de faire un parallèle et de parler de notre propre vision. À quand les cours d’écoute dans les écoles? D’empathie? De bonnes réponses dans les bonnes situations?
Mon conseil
Dire « Je suis là, qu’est-ce que je peux faire pour toi? », « Je sens ta détresse, ta tristesse, je la partage avec toi. » ou « C’est pas facile ce que tu vis. » Et parfois, tout simplement, écouter.
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