Pour cet article, et ce avec l’accord de l’auteure, j’ai décidé de rendre hommage à une de mes amies proches qui n’a pas eu les dernières années faciles mais qui, aujourd’hui, s’en sort très bien et marche la tête haute.
Je vous laisse la chance de lire un texte qu’elle a écrit avec toute sa vérité et où qu’elle se laisse complètement à vous.
<< Fière de moi!
Oui, je suis fière de moi. Après la fin du secondaire, ça n’a pas vraiment été facile… J’ai longtemps été triste: je quittais ma gang, mes profs, mes repères et beaucoup d’amis… Ces derniers s’en allaient dans leur technique et d’autres partaient à l’extérieur tandis que moi, je devais aller aux adultes… Par chance, ça n’a pas été long: deux mois pour que mes mathématiques et mes sciences soient terminées.
Rendue au mois de novembre, mes amis avaient de nouveaux amis, ils sortaient et s’amusaient… Puis, il y avait moi, moi qui se cherchait un nouveau travail en attendant de commencer le cégep au mois de janvier.
Après quelques mois, j’ai donc commencé l’école, c’était tout un saut! Dès la première journée, la première heure, je suis partie en pleurant dans mon cobalt pour aller à Curé-Hébert (mon repère) y trouver mon monde, pour qu’il me console… C’est après cet événement que j’ai commencé à comprendre que je rentrais dans la vie d’adulte. Pas toujours évident… Bref, j’ai surmonté et je prenais ça une journée à la fois, malgré que je n’aimais pas ça. Chaque matin, je me levais parce que je voulais un diplôme comme les autres…
Rendu au mois de mars, j’ai fait ma demande pour aller en ATM. Avec quelques hésitations, je me suis rendue compte que la star en moi s’était éteinte et que ce n’était plus fait pour moi.
Donc, en août, j’ai recommencée à faire mon tremplin-DEC. Encore là, j’étais découragée de ne pas aller en technique et de ne pas trouver mon chemin… J’allais à l’école de 8 h à 17 h 30/18 h et je travaillais, c’était comme ça 5 jours par semaine. Finalement, après cette grosse année, j’ai fait ma demande pour aller étudier en techniques d’intervention en loisir au Cégep de Rivière-Du-Loup. L’organisation ça me passionnait et la description de la technique m’interpellait!
Au mois de mai, j’ai terminé le cégep et j’ai eu ma réponse de Rivière-du-Loup: j’étais acceptée. Oui, enfin à moi la vie de techniques et de nouveaux amis! Une nouvelle vie et un nouveau départ, en fait, je devais m’avouer que partir loin de mes problèmes que j’avais chez moi me donnait de l’espoir. Nous sommes partis, mes beaux-parents, mon conjoint et moi, à Rivière-du-Loup et nous m’avons trouvé un appartement. À go, je signais en haut ainsi qu’en bas, après je verrais ce qui m’attend…
Au mois de juillet, je déménageais enfin! Le 25 août arrivait de plus en plus vite, j’étais stressée, j’avais hâte, j’avais de la peine, mais je devais avancer! Je n’avais pas trop le choix, parce que j’étais rendue à 18 ans et pour tous les autres, c’était vraiment rendu le temps que j’ai un diplôme et ce, au plus vite. C’était les normes de la société… Après avoir passé un bel été avec mes jeunes de la MDJ, j’étais << crinquée >> d’aller faire ma technique parce que les jeunes ça me passionnaient et je voulais aller les retrouver en allant travailler au secondaire en tant que technicienne en loisir.
Je suis partie, avec ce rêve en tête, le 25 août à 8h du matin. J’habitais chez mes beaux-parents, j’avais une belle sécurité et puis, plus rien. Cette journée-là, il n’y en avait plus de sécurité…. Mon père est parti avec moi et j’ai pleuré les 4 heures de route ainsi que les 4 jours de ma première semaine… J’avais le sentiment que mes proches et mon conjoint étaient capables de vivre sans moi et ça me rendait faible. Je n’avais plus mon père, sachant qu’il est l’une de mes plus grandes sécurités, j’ai alors commencé à m’imaginer des SI. Si ma voiture se brisait, si mon appartement avait un bri, si un de mes pneus crevaient, si, si et si. Je me suis mise à redescendre toutes les fins de semaines pour retrouver mon conjoint, mon Lac et me sentir chez nous… Finalement, je me suis brulée… Je n’avais plus de vie sociale et je n’étais plus la fille d’avant qui elle, n’avait peur de rien et fonçait. J’étais rendue celle qui vivait de peur, d’angoisses et d’anxiété. Je ne me sentais plus chez nous nul part. Je n’avais plus de stabilité.
Puis, l’hiver est arrivée et c’est aussi là que le début de la fin a débuté. Avec honte, je reviens ici, au Lac, plus d’avenir, plus d’études et plus de travail… Bref, je n’avais plus rien, tout était noir. J’étais gênée, triste et déçue de refaire travailler mon père et mon conjoint qui avaient tellement mis de temps pour que je sois bien là-bas. Bref, en attendant de me trouver un emploi et un appartement, je retournais vivre chez mes parents. Parfois, quand tu t’aides, la vie t’aide. Je me suis retrouvé un emploi, mon conjoint et moi avons trouvé un appartement et puis tout allait bien. En fait, on dirait que tout allait bien… Mais non, le pire arrivait: l’anxiété était toujours présente. Mes épaules étaient lourdes, je pleurais pour un rien, je faisais des crises et je ne voulais plus travailler.
La seule chose que je voulais faire c’était comprendre ce qui n’allait pas. Après avoir perdu mon travail, j’ai vraiment senti un vide en moi. C’est comme si j’avais l’impression d’être rien et je voyais seulement du négatif. Gênée? Oui, j’étais gênée, parce que j’avais tellement jugée les personnes qui souffraient comme je souffrais… Je me donne le droit de prendre le verbe » souffrir « , ceux qui sont victimes de l’anxiété comprendrons.
Après quelques mois à ne plus être capable de passer à travers, j’ai commencé à accepter qu’il fallait que je me fasse aider. J’ai partie dans mon cobalt en pleurant et je suis allée au CLSC. J’avais vraiment besoin d’aide… Une travailleuse sociale m’a rencontrée et m’a posé quelques questions… Après avoir sortie du bureau, je me suis sentie comme un numéro qui faisait seulement passer au triage. Après 3-4 semaines d’attente, je n’avais toujours pas de nouvelles pour un suivi. Je me suis donc dis qu’il fallait que je paye pour avoir un bon service, alors c’est ce que j’ai fait. J’ai trouvé une bonne et vieille âme qui me comprenait et qui voulait m’aider. Après 3-4 rendez-vous, je me suis dis que j’allais bien, donc j’ai arrêté les consultations. Mais malheureusement, ce n’était pas le cas.
Mon défaut c’était de me dire que je n’avais aucune maladie physique et que je me plaignais pour rien. Finalement, un rendez-vous chez le médecin et des explications qui me disait que peu importe le mal intérieur ou extérieur, j’avais ma place dans son bureau, m’a permis de comprendre. Jamais je n’aurais pensé qu’on m’aurait prescrit des antidépresseurs, mais j’étais rendu là. Par contre, je ne les ai jamais pris… Vous me demanderez sans doute pourquoi ? Je vous répondrai: par choix. Parce que je voulais me prouver à moi-même que j’étais capable de surmonter tout ça sans l’aide de médicaments.
Avec le temps d’arrêt que j’ai eu, ça m’a permis de relaxer et de me demander ce que je voulais vraiment et de me connaître davantage. Ça commencait à mieux aller: je venais de me trouver un nouvel emploi, l’été arrivait et j’avais décidé d’essayer la zoothérapie.
C’est avec cette idée de pensée que nous avons adopté un petit Boston Terrier, Jacks! Tellement fin et énervé, il est devenu mon BONHEUR. J’aime mon chien parce que dans un sens, il m’a sauvé la vie. Je n’étais plus seule, j’avais une présence et d’ailleurs, je le remercierai jamais assez. J’ai commencé à m’accrocher au positif: l’amour que j’avais de mon conjoint et de mes 2 grandes amies. Je l’ai déjà dit, mais quand tu t’aides, la vie t’aide.
1 mois plus tard, j’ai retrouvé un cours dans mon domaine des loisirs, ici, en région! Enfin, j’avais retrouvé la joie de vivre!
Depuis ce temps, 1 an s’est passé et ce, avec beaucoup de rechutes… Mais j’avais mon conjoint, Frank, mon autre bonheur… C’est la personne qui m’a donné tout l’amour dont j’avais besoin pour m’en sortir.
À ce moment-ci, je viens de finir mon cours et j’ai mon diplôme. L’anxiété est encore là, mais j’ai appris à vivre avec et à accepter qu’elle soit dans ma vie et qu’elle ne sortira pratiquement jamais.
Je crois que nous avons beaucoup trop de pressions entre le passage de l’adolescence et la vie adulte. L’école ne nous apprend pas à être et à devenir de bons adultes. Il faut développer ces compétences soi-même et ce n’est pas toujours facile. Personne n’est parfait et c’est normal! C’est une grosse étape et là, à 21 ans, elle est terminée. Enfin, je ne suis plus entre les deux. J’ai appris à devenir une adulte et je suis satisfaite de celle que je deviens.
Ça t’a pris environ 7-8 minutes lire mon texte tandis que moi, en tout et partout, ça duré 5 ans. Par contre, dans ma tête, ça duré une éternité… J’avais si hâte de me sortir de-là.
Je veux juste te dire à toi, l’adolescent qui est entrain de lire ceci, ne vois pas ça comme un échec de te tromper, de développer de l’anxiété, d’échouer ou même de faire des erreurs, ça arrive et ça va arriver encore. Surtout, écoute toi, ce n’est pas parce que tu ne te sens pas bien psychologiquement que tu n’as pas ta place dans le bureau du médecin. Tu as le droit d’y aller et de trouver ta limite. Les autres? Ne les écoute pas, parce qu’aussi non, tu vas être malheureux toute ta vie. Aussi, ne te sens pas faible, nul ou lâche, ce n’est pas ça, crois-moi! J’ai toujours été débrouillarde et je n’ai jamais vraiment eu peur d’être une adulte jusqu’au temps de l’être. L’important c’est d’y aller à ton rythme et tu sais quoi? Il n’y a pas d’âge pour retourner à l’école… Ça prendra le temps que ça prendra de rentrer dans la technique, l’AEC ou le DEP de tes rêves, mais tu l’auras ton diplôme. Je recommence encore l’école au mois de septembre et il y a juste du bon dans tout ça! Donc, fonce, crois en toi et ne laisse pas la maladie mentale s’emparer de toi! Fais-toi aider et la vie t’aidera. Promis, tu vas le trouver ton chemin. >>
Cette femme forte c’est Lara Bergeron, mon amie, une sœur de coeur.
Il ne faut pas passer sous silence la maladie mentale et il faut en parler. Je lève mon chapeau à cette femme dotée d’un courage extrême. Elle et moi espérons que son histoire aide d’autres personnes qui vivent les mêmes choses qu’elle.
L’important c’est de ne pas rester seul et d’en parler.
Nancy dit
Wowwww… Quel beau témoignage… J en ai même verser quelques larmes… Très touchant et en même temps tellement réel venant de plusieurs gens que je connais… Bravo à toi ma belle Lara… tu donnes beaucoup d espoirs à pleins de jeunes adultes… Je t aime xxxx
Pamela Lepage dit
Merci de votre commentaire !:) Oui, Lara a très bien réussi à mettre des mots sur ce que plusieurs personnes vivent.