La relation…
Peut-on penser que le cheval nous motive et nous mène vers une meilleure version de nous, proche de la rectitude ? Qu’il permet de nous motiver à marcher vers cet espace entre deux êtres ? Cet espace où la relation devient possible et nourrissante ? C’est du moins ce que je crois et que les participants aux activités d’Un Cheval pour Mieux Vivre rapportent!
L’expérience « Mieux Vivre » ou cet espace qui nous permet de se regarder via l’œil du cheval est nourrissante et vivifiante! Le cheval nous voit tel que nous sommes réellement, avec nos vulnérabilités et nos forces, avec bienveillance.
Est-ce comme ça que je me regarde quand je me vois dans un miroir?
Mais comment parler d’une relation ? Difficile de décrire ce qui est ressenti plutôt qu’observé. En exemple, voici un texte de l’été 2013 :
Jouer avec les chevaux nous apporte beaucoup plus que ce que l’on peut saisir avec notre rationnel.
Jouer avec les chevaux est une histoire de cœur, pas de raison car les chevaux sont au-delà de la technique.
Jouer avec un cheval, c’est avant tout communiquer, échanger avec lui.
Jouer avec un cheval c’est créer un langage avec lui où l’incohérence, le mensonge n’existent pas.
Jouer avec notre cheval, c’est devenir une meilleure personne.
J’ai demandé à Henry, mon cheval, de se poster près de la clôture de son paddock pour que je puisse monter sur son dos…. il s’est déplacé de quelques foulées… tout déçue, je suis descendue.
Il me regarde et semble m’inviter à le suivre, ce que je fais. Un peu plus loin, là où le sol est recouvert de foin, il se couche, se roule et me regarde encore.
Une petite voix me dit qu’il m’invite à monter à sa façon !
J’ose ? et si il arrivait quelque chose ? et? et? et?
Et si mon intuition qu’il m’invite était vrai ?
J’OSE ! Je m’assoie doucement sur son dos et lui dit que je suis prête! Alors mon beau Henry se lève, tout en douceur et m’amène sur son dos dans son univers…
Dans la communication, il n’y a nul besoin de contrôle, c’est sans selle, sans bride que j’ai profité de cet immense cadeau que Henry m’a offert.
Pour avoir une relation, la communication est essentielle. Pour ce faire, il faut se sensibiliser à comment passe un message : environ 7% passe par les mots, 38% dans le para-verbal (ton de voix et attitude) et 55% par le non-verbal.[1]
La relation avec le cheval et ce qu’elle nous enseigne…
« Un cheval nous guide à notre rythme, d’un chemin sur lequel on s’acharne…parfois, à FAIRE toujours plus…Vers le chemin de l’ÊTRE, celui du SOI authentique. »[2]. Certains définissent le soi authentique comme l’enfant en soi, d’autres comme la partie inviolable de soi, qui n’est pas conditionné par la société. J’observe que les chevaux sont sensibles à l’authenticité et y répondent avec entrain.
Faisons une expérience, imaginez-vous comme un observateur qui regarde une personne travailler avec ses chevaux. D’un point de vue strictement observable, vous pourriez décrire une interaction entre un cheval et un humain utilisant des outils tels qu’un licou et une longe pour maintenir un contact, un contrôle parfois. Imaginez que l’humain est au centre et le cheval, à sa demande, tourne à différentes allures autour de l’humain. Il peut aussi à la demande arrêter et changer de direction. Plutôt simple ?
Et si on observe ce que l’on perçoit à regarder cet échange ? Ça se corse n’est-ce pas ? On pourrait ressentir qu’il y a de la discorde ? De la fluidité ? Du respect ? Du plaisir ? De la frustration ? Peut-être de l’incompréhension ? Les chevaux comprennent peu les mots, les intonations sont plus significatives et le non-verbal est très claire pour eux. Longer un cheval peut paraitre un exercice simple mais pour le faire en communication et non dans le contrôle, il faut quelques b-a ba de langage non-verbal équin et ce langage passe par le corps, sa position dans l’espace et nos ressentis.
Les chevaux m’ont appris à observer avec mes yeux mais surtout, à observer avec mon ressentis…
Ils m’ont appris à considérer ces sensations corporelles comme des informations fiables et valables me permettant d’accéder à l’intelligence corporelle et émotionnelle.
Dans le rôle du cheval-modèle, il est souligné que le cheval est dans l’instant présent, en perpétuel écoute de lui et de son environnement. Être en relation avec un cheval nécessite que l’on suive son exemple. Le manque de présence est perçu comme une menace pour un cheval puisque relié à un comportement de prédation. Le cheval sollicitera donc notre présence via ses comportements pas toujours adéquats. En général, il demande à établir la communication, la relation qui est naturelle pour lui avec une communication sans parasitages. Souvent, nos attentes, celles de l’autre, notre image de nous-même… celle à maintenir, notre rôle social, notre éducation, etc., sont des interférences à une relation authentique.
Les bénéfices à être en relation avec un cheval sont nombreux et surtout rapportés depuis des millénaires. Par contre, le champ de pratique du mieux-être facilité par le cheval est récent, c’est pourquoi les études scientifiques demeurent peu nombreuses. Malgré le nombre restreint, elles en démontrent tout de même le bénéfice. En voici des exemples rapportés par les auteurs de « Cheval et pleine conscience »[3], voici : « certains bénéfices psychologiques dus à l’interaction entre l’homme et le cheval : réduction de l’anxiété (…), de la douleur (…), de la colère (…), de la dépression (…), facilitation de la communication sociale (…) et de la confiance en autrui (…), amélioration de l’humeur (…) amélioration de l’estime de soi (…) et de la qualité de vie (…)[4] ». Dans les ateliers offerts depuis 2011, j’ai reçus plusieurs témoignages spontanés des participants abondants dans le même sens. Une participante expliquait avoir repris goût à la vie, elle est passée d’un désir de mort à la reproduction d’expérience vécu d’abord avec les chevaux lui permettant de pouvoir mettre ses limites et d’être en charge et responsable de ses besoins. Une autre amenait aussi que depuis, elle est plus en mesure d’être dans l’acceptation ce qui lui amène à vivre moins de colère. Personnellement, j’ai appris à passer à l’action plutôt qu’anticiper des scénarios plus ou moins catastrophiques, me permettant ainsi de rebâtir une confiance en moi et de l’estime au passage. Les exemples sont nombreux et un élément est déterminant dans ce processus de réappropriation de son pouvoir personnel : savoir ressentir et poser ses frontières.
Les auteurs Gwénola Herbette et Patrick Guilmot, après avoir défini les rôles que les participants attribuent au cheval, ont également identifié les bénéfices que représente la rencontre avec le cheval. Pour ce faire, ils ont procédé par la passation d’un questionnaire structuré et ont fait l’étude des résultats (Herbette et al., 2010). L’apport du cheval se résume autour de trois axes :
- « Accès. Nombreux sont ceux qui témoignent d’un accès facilité à l’expérience du fait de la présence du cheval. C’est d’abord le cas au moment de la décision de s’inscrire au programme… »[5]
- « Soutiens. Par ailleurs, la présence du cheval dans le programme a pu soutenir les participants lors des moments de perte de sens ou de difficultés par rapport à la discipline de la pratique méditative. »[6]
- « Transposition. De manière très caractéristique, un avantage de la présence du cheval est apparu pour une large majorité des participants. Ils ont eu l’opportunité d’intégrer et de transposer l’expérience méditative dans une situation de vie réelle. De plus, ceci a pu se vivre dans un contexte bienveillant et soutenant assuré par le cadre de travail et la présence du groupe.[7]
Travailler avec les chevaux facilite les apprentissages car ceux-ci agissent tantôt pour faciliter l’accès, tantôt pour soutenir et tantôt comme partenaire pour expérimenter. Ainsi, les apprentissages peuvent être rapidement intégrés et appliqués.
Vous aimez? Venez vivre l’expérience!!
[1] A.Mehrabian and M.Wiener (1967), « Decoding of inconsistent communications », Journal of Personality and Social Psychology.
A.Mehrabian and S.R.Ferris (1967), « Inference of Attitudes from Nonverbal Communication in Two Channels », Journal of Consulting Psychology.
[2] http://www.unchevalpourmieuxvivre.com/untitled
[3] Pleine conscience et acceptation, les thérapies de troisième vague, sous la direction d’Illios KOTSOU et Alexandre HEEREN, Éd. De Boeck, 2011
[4] Idem , p. 158-159.
[5] Idem, p. 168-169
[6] Idem, p. 169
[7] Idem numéros 24-25-26-27, p.169
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