Dans cet article, j’ai envie de vous partager une expérience vécu le we passé.
Ceci n’est pas le texte de la professionnelle mais plutôt celui de la femme que je suis avec ses vulnérabilités. Celle qui a chuté de cheval et qui a guérit une partie de la peur. Celle qui est amoureuse des chevaux et des relations humaines. Celle qui a été confronté à nouveau à sa vulnérabilité! Celle qui a suivi son cœur!
Vous savez peut-être que je suis psychoéducatrice? Que j’ai une pratique professionnelle un peu particulière? Que je travaille avec les chevaux? Ça m’amène à avoir une double responsabilité vis-à-vis la formation continue : formation professionnelle en psychoéducation et formation d’éthologie équine à maintenir à jour. C’est comme les 2 côtés d’une même médaille et souvent, je réalise que les apprentissages faits d’un côté sont pertinents à l’autre. C’est donc dans cet esprit que j’avais envie de vous raconter une des aventures d’Un Cheval pour Mieux Vivre[1]!
Pour faire la formation, j’avais choisi d’y amener mon cheval Henry. Celui-ci avait quelques fois monter dans le van pour être transporté et je croyais que tout se déroulerait comme sur des roulettes puisque chaque fois, tout avait bien été…. Vous verrez sur les photos comment il a été génial et généreux! Mais ceci n’expliquer pas cela!
Parfois, sans raison observable ou logique, l’être vivant, qu’il ait 2 ou 4 pattes, a des réactions intenses et imprévisibles! C’est ce qui se passa avec Henry! Le vendredi, malgré toute la compétence du transporteur, il nous fallut 1h pour le convaincre d’embarquer… 1h de douceur et de patience je vous le précise! Malgré ça, quand il arriva à Les Écuries du Domaine Avalon[2] il était stressé! Pendant la formation, il a travaillé comme un champion avec moi, me donnant sa confiance et prenant plaisir au jeu partagé. Mais l’histoire du van n’était pas réglée! Le temps du retour arrivé, ce fut un refus catégorique d’y embarquer!
Nous sommes peut-être arrivés au moment où vous vous demandez où je m’en vais avec ça? Et bien! Voici quelques questions que je me suis posées :
- Que faire quand mon enfant ou des gens que j’accompagne sont face à une limite et s’opposent catégoriquement à la demande?
- Quelles sont les difficultés que je vis, en tant que parent, éducateur ou professionnel?
- À quoi je dois faire face? Quelles sont mes réactions? Face à la limite de l’enfant et face à ma propre difficulté?
Il est fort possible que nous ayons des réponses très différentes, chacune d’entre nous, mais le plus important est de s’arrêter et de se remettre en question!
Je vous propose donc de faire un petit bout de chemin avec moi. J’ai envie de vous partager mes observations personnelles et ma remise en question.
Voyons donc le premier point… Que faire quand mon enfant ou des gens que j’accompagne sont face à une limite et s’opposent catégoriquement à la demande?
Je vous raconte un peu comment ça se passe dans le monde équin. Bêtement, un cheval qui n’embarque pas sera brassé par beaucoup de transporteurs de chevaux. Ils croient qu’en mettant beaucoup de pression, il finira par céder. Ça marche pour certain mais pour d’autres c’est de la violence. Et certains individus deviendront agressif face à la limite afin de bien manifester leurs NON… ET leur vulnérabilité.
N’ayant pas de raison logique à son comportement, certains auraient cru qu’il cherchait à faire de l’attitude, à « bucker » pour rien et ainsi, ça les justifiera à prendre la manière forte pour le faire entrer. Sarah, celle qui donnait la formation, aurait pu se laisser convaincre d’aller dans cette direction mais elle y a résisté. Choisissant d’essayer différente façon mais toujours dans la douceur et le calme. Ainsi, elle a choisi de ne pas entrer dans « le cheval ne doit pas gagner ». Mais comme parent, on entre parfois là-dedans, et ce, pas par mauvaise foi mais peut-être plutôt par manque de ressources? Par contre, devant la nécessité du retour à la maison, elle a accompagné Henry dans sa crise. Il se cabrait, reculait, cherchait à fuir de différentes façons dont l’une d’elle était de tenter de l’impressionner pour qu’elle abandonne… ce qu’elle n’a jamais fait même quand l’émotion était à son paroxysme. Henry était trempé tellement il s’opposait avec vigueur et émotions! Devant son refus catégorique et l’état dans lequel il se mettait (anxiété très intense) nous avons décidé de prendre une pause… On s’est mis à la place du cheval et avec empathie pour lui, j’ai proposé qu’elle le garde avec elle, le temps de lui enseigner dans le calme qu’entrer dans le van n’était pas une mise à mort. L’image est à peine trop forte vu sa réaction et l’état dans lequel il s’est mis.
Il était environ 18h30. Il a eu droit à une douche et à une marche de 30 minutes avec moi pour l’aider à revenir au calme. Calme émotionnel mais également physiologique. Par la suite, il a eu droit à un massage de TTouch grâce à une autre grande âme…Humanimour et nous avons terminé la soirée (de 21h30 à 12h) en lui expliquant les étapes, en le rassurant et en récompensant chaque millimètre. À chaque instant, Henry était entouré d’amour, de patience et à l’occasion, Sarah le corrigeait avec justesse quand il glissait vers des comportements dangereux.
Ce qui m’amène à notre deuxième point…Quelles sont les difficultés que je vis, en tant que parent, éducateur ou professionnel?
De vivre cette expérience m’a fait remettre en question beaucoup de mes « à priori ». Souvent, face à de l’opposition, j’avais une grosse tendance à perdre patience et à entrer dans « il ne gagnera pas », et ce, bien humblement, je vous avoue que c’est avec mon cheval mais aussi avec des gens… mon côté professionnel le cachait tant bien que mal mais, je dois avouer que je ne suis pas la plus patiente en ville !!!
Une autre difficulté était de croire que l’enfant ou le cheval n’avait pas à avoir ce genre de comportement puisque je prenais pour acquis que c’était du connu, qu’il avait compris les explications, qu’il connaissait l’exercice ou le défi et qu’il n’avait pas à s’enflammer de la sorte…comme Henry qui était déjà monter en van! Je mettais ainsi de côté l’émotion vécu par l’être vivant devant moi. Pourtant, je suis formé pour ce genre de situation mais personnellement, les montés d’émotions me dérangent. Elles me dérangent car j’absorbe l’émotion de l’autre. Absorber l’émotion de l’autre, c’est de perdre une partie ou la totalité de notre capacité d’agir. Dans mon cas, c’est un peu comme si j’abandonnais l’autre… c’est très personnel mais c’est ce que ça m’a amené à réaliser… c’est aussi comme si je m’abandonnais moi-même car éviter de vivre l’émotion ne permet pas de traverser le défi!
Je vous ramène ici à celle qui écrit l’article, la femme, moi, avec ses vulnérabilités, ses peurs. Celle qui donnait la formation, Sarah, en accompagnant Henry m’a permis de grandes prises de conscience. Elle m’a permis de vivre l’expérience en direct d’accompagner mon cheval dans son émotion face au van sans être celle qui doit être en charge car l’exercice demandé dépassait mes capacités techniques.
Pendant 2h30, on a travaillé ensemble, sans jamais l’abandonner, sans jamais m’abandonner en entrant dans un sentiment d’incompétence, d’impuissance et de ne pas être à la hauteur. Est-ce que mes peurs sont toutes disparues? Bien sur que non, mais je me suis remise en question et j’ai choisi d’agir à partir de mon cœur, d’une position intérieure de bienveillance pour moi et pour mon cheval.
Pour les parents qui vivent de l’opposition, je vous invite à lire cet article publié par l’association des neuropsychologues, « Lutte de pouvoir, ou avoir raison à tout prix »[3] l’auteur, Benoit Hammarrenger[4], neuropsychologue, explique que l’opposition sert à quelque chose et qu’elle est une façon que l’enfant a de communiquer! Il donne quelques exemples :
« L’enfant n’est pas reconnu par ses parents dans ses besoins, dans son individualité et dans sa recherche d’autonomie. »
« L’enfant et ses parents n’ont pas réussi à établir un lien de confiance mutuelle. »
« L’enfant a appris que l’opposition est payante (exemple: il reçoit davantage d’attention lorsqu’il s’oppose que lorsqu’il se conforme, ou encore il sait que s’il s’oppose il a des chances d’avoir gain de cause). »
« Il y aurait aussi une composante génétique qui prédisposerait certains enfants à adopter des comportements d’opposition. »
Bref ceci une invitation à se remettre en question et à se positionner différemment face à l’autre mais aussi face à soi. Se demander ce qui me dérange tant dans ce comportement? Se demander à quoi ça sert, que cherche à nous dire l’autre sur ses émotions? Ses besoins? Vous voyez bien sur le lien avec le troisième point soumis en début d’article… À quoi je dois faire face? Quelles sont mes réactions? Face à la limite de l’enfant et face à ma propre difficulté?
Je vous invite à user de bienveillance à votre égard. La vie nous attend toujours au détour pour nous proposer des défis… on peut en faire des occasions de croissance ou des culs de sacs où on entre nous aussi dans de l’opposition!
J’aimerais vous poser la question suivante : quel est votre défi à vous et comment avez-vous envie de relever?
Vous avez aimé l’article? Ou peut-être pas? Dites-le-nous!
Et, si le cœur vous en dit de nous suivre, vous pouvez le faire par ici :
www.unchevalpourmieuxvivre.com
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Au plaisir d’échanger avec vous!!
Sandra Villeneuve,
Psychoéducatrice en mieux-être facilité par le cheval
[1] https://www.facebook.com/unchevalpourmieuxvivre/
[2] https://www.facebook.com/lesecuriesavalon/
[3] http://aqnp.ca/documentation/developpemental/le-trouble-dopposition-provocation/
[4] http://aqnp.ca/documentation/developpemental/le-trouble-dopposition-provocation/
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