Si ‘’on récolte ce que l’on sème’’ est une expression fort utilisée pour enseigner aux enfants à travailler fort pour avoir ce qu’ils veulent, elle est tout aussi pertinente pour leur apprendre à respecter les gens qui les entourent Malheureusement, les enfants sont peu influencés par nos paroles. Ils préfèrent prendre exemple sur nos gestes. Ils sont donc le reflet d’un amalgame des relations qu’ils ont avec les adultes qu’ils côtoient avec un net penchant pour leurs parents.
Pour récolter du respect, je dois en semé. Je dois planter des ‘’s’il-vous-plait’’, des ‘’mercis’’, des ‘’je m’excuse’’ et des ‘’on va trouver une solution ensemble’’. Le terreau qui l’accueille doit être composé de douceur, de patience et de compréhension.
Pour récolter de la confiance, je dois en semer. Je dois planter des promesses tenues, des réponses aux besoins exprimés et de la présence aux grands moments de leur vie. Je dois entretenir le terreau avec du soutien dans les moments tristes comme dans les moments heureux, des encouragements à respecter ce qu’ils sont et de la tendresse même quand nos enfants dérogent de nos attentes.
Pour récolter une relation harmonieuse, je dois en semer. Je dois planter des moments de jeux et d’activités, de longues discutions sur les amies de la maternelle ou le repas du midi et des temps coller/coller même quand la journée a été chargé en crises et en émotions fortes. Je dois engraisser le terreau par des souvenirs de mon enfance, des échanges sur mes journées de travail et des petits moments, chaque jour où je laisse tout le reste de côté pour faire ce qu’eux ont envie.
Pour récolter la tolérance et l’ouverture aux différences, je dois en semer. Je dois planter des rencontres avec des gens différents, des échanges avec des personnes de tous âges, des activités culturelles variées. Je dois choisir un terreau remplit de ‘’tu as le droit d’être toi’’, de ‘’prend le temps de te faire ta propre opinion’’ et de ‘’je t’aime comme tu es’’ même quand ses cheveux sont trop longs à mon goût ou qu’il ne choisit pas un domaine d’étude que je voudrais.
Nous voulons qu’ils nous respectent alors que nous oublions souvent les règles de bases de la politesse envers eux. Nous voulons qu’ils nous parlent, qu’ils se confient quand ils sont adolescents mais nous prenons peu de temps pour les écouter quand ils sont petits. Nous voulons qu’ils gèrent bien leurs émotions mais nous leur demandons d’arrêter de pleurer ou ridiculisons leurs peines d’enfant. Nous voulons qu’ils expriment leurs colères avec des mots mais nous jugeons qu’ils font des enfantillages. Nous voulons qu’ils soient tolérants et respectueux des différences de chacun mais nous critiquons leur coupe de cheveux ou leur goût vestimentaire. Nous voulons que la famille soit une de leurs grandes valeurs mais nous leur demandons plus souvent d’attendre pour répondre à un courriel que nous mettons notre téléphone de côté pour leur faire un câlin. Trop souvent nous manquons les spectacles scolaires pour faire des heures supplémentaires ou nous annulons fréquemment une sortie pour un souper avec des amis, aider un collègue ou dépanner un voisin alors que nous rouspétons quand nous devons prendre congé pour les soigner ou pour une journée pédagogique. Quels messages est-ce que nous leur envoyons par rapport à leur importance dans nos vies?
Pour récolter, nous devons semer… mais pas tout de suite!
Comme chaque graine prend un temps pour germer, grandir et porter des fruits, les enfants doivent atteindre un certain niveau de maturité. Nous demandons beaucoup à nos enfants alors qu’ils sont à l’aube de leur vie. Est-ce vraiment réaliste d’attendre une récolte instantanée? Leurs bagages de connaissances et d’expériences en ce monde sont encore très restreints. Il serait donc plus logique que nous leur donnions plus que ce que nous leur demandons. Donnons-leur du temps de câlins plutôt que d’exiger qu’ils arrêtent de pleurer. Montrons-leur à ranger avec nous plutôt que de demander une chambre toujours ordonnée. Enseignons-leur à cuisiner et à aimer la nourriture plutôt que de leur imposer une portion à manger. Offrons-leur un espace pour bouger et faire du bruit plutôt que d’attendre qu’ils soient assis, calmes et en silence au retour de l’école. Laissons-leur la possibilité d’expérimenter et de se tromper plutôt que de leurs imposer un moule et d’attendre qu’ils s’y conforment.
Tranquillement, nous aurons la joie de les voir s’épanouir et de nous réserver des surprises sur ce qu’ils deviendront. Certaines graines fleuriront plus que d’autres selon le tempérament de nos enfants, les événements qu’ils vivront, les relations qu’ils auront en dehors de celle qu’ils ont avec nous… Mais une chose est certaine, ils deviendront des adultes uniques.
Et oui! Ils deviendront des adultes et nous perdrons une partie de l’influence que nous avons sur leur vie. Mais il n’en tient qu’à nous de continuer à semer des graines pour récolter la relation que nous souhaitons avec eux. Nous sommes leurs parents, ça ne s’arrête pas à 18 ans. Nous pouvons continuer à être des modèles. Et maintenant que nous leurs avons montré à semer ce qu’ils souhaitent récolter, nous pouvons leur montrer qu’ils sont aussi responsables d’où ils plantent leurs graines. Nous devons leur dire qu’ils ont le droit d’arrêter de planter du soutien, de l’aide et de la compréhension quand ils ne récoltent que jugements, critiques, mépris et silences. Nous pouvons leur montrer que parfois, le terreau ne correspond pas à ce que nous cherchons d’une relation. Qu’ils ont le droit d’arrêter leurs efforts pour faire plaisir et passer à un autre appel même si c’est un ami, un membre de la famille ou un collègue. Qu’ils ont le droit de respecter sans aimer et qu’ils doivent se respecter eux avant de pouvoir respecter les autres.
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