En 2019, on fait comment pour rencontrer quelqu’un?
Les sites de rencontre ont la cote depuis plusieurs années déjà, et avec raison : c’est si facile de juger si la personne que l’on swipe est l’amour de notre vie…
Un soir lorsque j’étais fatiguée, ma fille dessinait sur moi et je regardais des photos de profil. Swipe. Swipe.
« C’est qui ça, Maman? »
« Je sais pas, je les connais pas…. »
« Tu les enlèves parce que tu les aimes pas? »
« Mmmh oui. »
« Mais…. » Regard songeur. « Pourquoi? Tu les connais pas. »
Ah que la vérité sort de la bouche des enfants . . .
C’est ça le hic avec les sites de rencontres. Les apparences. Une photo d’un angle peu flatteur : un swipe à gauche. Il y a de ceux qui lisent les profils, qui, soyons francs, sont bourrés de belles paroles car les gens veulent bien paraître. Moi non, faut croire, car j’ai tendance à jouer cartes sur table : j’ai des enfants, un horaire compliqué et un trouble de personnalité limite. Tout pour plaire, quoi!
Mon raisonnement est de m’assurer que les hommes savent dans quoi qu’ils s’embarquent avant de venir me jaser. Je n’avais pas réalisé combien d’hommes veulent « réparer » une p’tite fille ‘brisée’ comme moi . . .
Ensuite, il y a les rencontres d’hommes sur mon lieu de travail. Ok, oui, j’en rencontre beaucoup, mais mes patrons aiment moins l’idée. Entre le désir amoureux de leur secrétaire et leur désir de préserver leurs patients, ce sera toujours le second qui va primer.
Les bars et les partys ne sont pas mon style. Quoique rencontrer quelqu’un qui me voit en pleine crise d’anxiété et qui décide de rester auprès de moi serait bon à garder, non?
Il reste l’option d’une rencontre en personne.
Un beau jour de septembre, je me sens d’attaque. J’ai le goût de foncer, pour une fois que mon anxiété ne s’en mêle pas. Il fait beau, il fait chaud. Hommes, femmes et enfants abondent, j’ai le sourire aux lèvres, je me sens confiante. Je me dis, c’est simple : il suffit de croiser le regard d’un homme, d’engager la conversation, et le tour est joué!
Seulement . . . il aurait fallu que je sois déguisée en un type de Pokémon rare, avec leur nez dans leur téléphone, c’est la seule façon dont ils m’auraient remarqué!
Déçue du manque d’attention, je fais le tour de l’ile des moulins, traverse le pont et me rends à la pointe d’eau à ma gauche. Je descends la berge et pose mes pieds sur la grosse roche plate. Je respire si bien sur cette roche, entourée par la rivière. J’enlève mes souliers et mes bas, et je glisse mes pieds dans l’eau. Il y a beaucoup de personnes sur cette roche, mais elles sont muettes et discrètes, comme dans une église . . .
Je suis si bien.
Pourtant, à la fin de la journée, je reviens à mon point de départ : je suis seule, je n’arrive pas à rencontrer un homme, et je me demande : qui veut sortir avec moi?
Puis, je pense à cette scène du film Un baiser, enfin! Vous savez celle où le personnage de Drew Barrymore est au milieu d’un stade de baseball, entourée de centaines de personnes, le décompte est entamé, et elle attend l’homme qui viendra finalement lui donner son premier vrai baiser . . .
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