J’en ai tant rêvé de ce moment.
Prendre une douche tranquillement sans faire un spectacle de marionnettes à travers la glace pour animer bébé qui s’apprête à pleurer parce que le monstre à buée t’a emporté. Être seule deux minutes sur la toilette sans que mademoiselle tire sur ta jupe ou sois assied sur tes genoux. Une tétée qui ne cesse de s’étirer…épuisée. Apprécier ma gorgée de latté avant qu’il devienne insipide et froid. Conduire en toute liberté sans avoir des interventions à la mile à régler : «Mamaaannn, j’ai soif! Mamannnn, on arrive quand? Mamannnn, j’ai envie de pipi! Mamannnn, Xy m’a donné une pichenotte!» Enfin, faire l’amour avec mon mari sans devoir attendre le bon moment ou être cernée jusqu’au plancher parce numéro un a toussé toute la nuit, numéro deux a eu la peur de sa vie et le petit dernier, une dent a percé. Dur dur d’être une maman!
Le rêve
Jeunes mères, avouez que vous rêvez d’avoir du temps pour vous. Une ressource si rare, n’est-ce pas? Je ne veux pas vous écoeurer avec ça, mais, MOI, je dors, je mange, je baise et j’ai du temps. Je dirais même que je sais ce que ça veut dire avoir des passe-temps. Le rêve! Je ne pouvais même pas m’imaginer ou entrevoir l’idée qu’un jour ça reviendrait. Je rêve? Pincez-moi quelqu’un, mon imagination me joue des tours. Utopie? Le problème c’est qu’ironiquement je m’ennuie des chichis, du chignage et du n’importe quoi. Comme si mon rêve prenait soudainement des allures de gâteau qui ne lève pas. Qu’est-ce qui se passe avec moi?
Apprivoiser la solitude
L’autre jour, au volant de ma Jeep, c’était le calme parfait dans ma voiture. En route pour ma randonnée, j’observais les couleurs automnales, c’était magnifique! J’écoutais de la musique latine qui me rappelait l’Amérique Centrale tout en dégustant mes grains de cacao. Le parfait bonheur…ou presque. Je m’ennuyais des cris enfantins derrière, des chicanettes entre frères et soeurs et de ma cadence cardiaque en accord avec eux. La paix me semblait maintenant plus aussi idyllique. Au sommet de la montagne, je me sentais seule. Je me demandais bien ce que je faisais, ici, sans mes loulous. Pas besoin d’intervenir ou d’encourager pour chaque pas franchi. Je pouvais monter à mon propre rythme et humer l’odeur de la nature. Je me sentais alors perdue à la recherche mes repères. Comme si la femme en moi n’était qu’une simple parenthèse. Être seule, vraiment? La solitude de maman, ça s’apprend.
Mon nouveau rôle
Mes petits sont toujours là, je ne suis pas seule, mais mon rôle est différent. Je dois maintenant gérer les crises d’identité, les 1001 activités ou les liens d’amitié. Le besoin de liberté criant, les impulsions d’émotivité ou les discussions plus poussées. Je ne suis plus sollicité pour essuyer un petit nez crotté ou pour materner, mais je dois être là pour les guider tout en leur laissant l’espace qu’ils ont besoin. Ils revendiquent leurs droits tout en offrant généreusement leurs responsabilités de grands. Se coucher aux petites heures, mais avoir bien du mal à s’endormir quand nous ne sommes pas là. S’amuser avec les amis, mais avoir besoin d’un câlin tout simplement.
J’ai maintenant du temps pour moi, seule. Je peux courir le matin ou manger au resto en amoureux. J’ai redécouvert la joie de lire ou de relaxer paisiblement dans mon hamac. Je peux avoir des projets et l’envie folle de les réaliser. Après toutes ces années, j’hérite du temps passé avec eux, des liens significatifs créés et de l’autonomie développée.J’ai troqué mon rôle de maman-kangourou pour celui de chauffeuse de taxi, d’intervenante sociale, de psychologue ou de pom pom girl de l’adolescence 😉 La solitude de maman, tu connais?
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